
Defcription
hiftorique du
port de Genes•
Fl, IL
54 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L iv r e III.
très - beaux arfenaux , eft réfervé pour les galeres.
650. Du tems que les Piomains achevaient de fe rendre entièrement
maîtres de l’Italie, Genes , une des plus anciennes
villes de la Ligurie étoit déjà belle & floriflante. C e fut dans fon
port qu’aborda Magon , général Carthaginois, l’an de Rome
548 , avec une flotte de 30 vaiffeaux de guerre, & un grand
nombre de bâtimens de traufport chargés de l’armée qui fe joignit
à celle des Gaulois contre leurs ennemis communs. Ce
port, aujourd’hui plus riche & plus florifîant que jamais, formé
par une anfe qui regarde le fu d , fe trouvoit avoir à fon extrémité
orientale une langue de terre qui a donné lieu aux premiers
habitans de Genes d’avoir une marine, parce qu’en çet endroit
les navires fe trouvoient abriés des vents traverfiers.
Comme cette anfraâuofité ne pouvoir contenir que de petits
bâtimens , à caufe du peu de fond qui s’y trouvait , on remédia
dans la fuite à cet inconvénient, en conftruifant un mole
de 400 toifes de longueur, qui a commencé à rendre ce port
beaucoup plus confidérable, parce que plus loin fa profondeur
va en croilîant, depuis 6 jufqu’à 15 braffes. Cependant comme
l’accès en étoit difficile & même dangereux, tant de la part des
écueils que de celle des courans qui venojent réfléchir contre
le promontoire ou eft actuellement le fanal ; que d’ailleurs dans
un gros tems , les vaiffeaux à l’ancre y elfuyoient des reflacs
violens, on a conftruit long-tejns après un autre mole, qui fait
que l’entrée du port fe trouve couverte aujourd’hui par la hauteur
de Carignan , & que les gros vaiffeaux font plus abriés ,
mais non pas auffi-bien qu’ils le feraient fi ce dernier mole étoit
prolongé davantage vers l’eft,
Quant à çe qui borde ce port, rien de plus impofant que les
.ouvrages qui en défendent l’accès, ni de plus beau que fon arfe-
nal de marine, que fes deux darces pour les galeres, que fes chantiers
de coiiftruffion, que fes cales & fes quais, fans parler de
la magnificence de la ville, bien fortifiée du côté de terre, bâtie
par amphithéâtre, extrêmement peuplée, la plus commerçante
de l’Italie après Venife, remplie de fuperfies palais , en
un mot une ville dont le courage des habitans s’eft manifefté
dans tous les fiecles, fiir-tout en dernier lieu , avec beaucoup
d’éclat, dar!s les circonftances }es plus critiques où; cette fage.
république fe foit jamais trouvé , malgré les fréquentes révolutions
qu’elle a fouffert depuis fon établiffement, & dont ellp
s’eft toujours relevé avec un nouvel acçroifièment de gloire.
651. Pour parler aufïï du port de Civita- Vecchio., dans le patrimoine
de S. Pierre, que l’on prétend avoir été bâti fur lés
ruines de Centumcelle, dont font mention Procope & Pline le
jeune, on voit qu’étant fitué fur une plage', il a fallu faire fes
deux moles A B , C D , qui ont en tête les forts B , D , & qu’on
en a couvert l’entrée par le troifieme mole E F , qui achevé de
mettre ce port à l’abri de la mer du large, & des vents traverfiers.
Il eft à remarquer que ce dernier mole, au milieu duquel
eft la tour G fervant de fanal, a une magnifique plate-forme ,
capable’de contenir une iiombreufe artillerie. Des deux paffages,
celui du N. O . B É , a 15 à 16 pieds d’eau, &celui du S. E. D F
en a 25, Il eft à obferver que les courans allant donner contré
la côte au S. Ë . , facilitent cette fécondé entrée par leur réflexion;
c’eft pourquoi les gros navires y paffent ordinairement.
O11 mouille dans le port près de la ville , à 12 & 15 pieds
d’eau , ainfi que fous le mole adjacent aü château, où il y en a
jufqu’à 18. On peut cpnfidérer ce port comme un des meilleurs,
n’ayant d’autre défaut que d’être trop petit. Il contient les
galeres du Pape, dans le baffin qui leur a été ménagé. Il eft
d’ailleurs devenu fort commerçant depuis qu'Innocent X I I l’a
, déclaré port franc, après y avoir fait conftruire des'ouvrages
dignes de la gloire de fort pontificat, marqué par tant de beaux
endroits, & aulfi par la réparation des ports d’Anzio & de Net-
tuno , que fes prédécelfeurs avoient laiffé combler.
On ne peut difconvenir quë la diftpofitiort qu’on a donné au
port de Civita-Vecchia , ne foit fort heureufement imaginée',
étant la feule qui paraît convenir, lorfqu’il s'agit d’en établir un
fur une plage battue de la mer. On aurait lieu d’être fürpris que
les ingénieurs PiedmontOis n’aient pas fuivi la même idée
pour la conftruftion de celui qu’ils font a&ielleffiêntà Nice, s’il
11’étoit à préfumer que ce n’a été qu’après un mur examen &
de férieufes réflexions fur la fituation des lieux, quils s’y font
pris autrement ; c’eft pourquoi, fans nous prévaloir de la con-
noilfance que nous avons du lo ca l, nous nous garderons bien
d’y trouver à redire. Cependant comme Ce n’eft que par la COffi-
paraifon des chofes de même efpece qu’on peut en apprécier là
vraie valeur, nous allons expliquer le projet dé ce dernier port,
en lailfant le jugement à l’examen des habiles marins,
6 5 2. Il eft fitué nOrd & fud , fa droite appuyée à l’efcarpé-
ment de la hauteur de l’ancieri château de N ic e , qui eft à
l ’oueft. & fa gauche au pied de la rampe du Mpntalban, direc-
Defcription.
du port de Ci-
vita-V ecchia
Parallele de
ce port avec
celui que l ’on
fa it à Nice.
PI. 111.
Defcription
du port de
Nice,
pi. a i