
. Louis x i r
acheté, le ter-
rein par oit de-
voit pajfer le
canal de Languedoc,
l* érige
en fie f &
en donne la
propriété à M.
Riquet & à fes
defcendans ,
pour le récorn-
penfer.
.que les contradiÛions ne manqueraient pas de s’accroître lorf-
qu’on en viendrait à l’execution, il penfa que le feul moyen de
les éluder étoit d’engager le roi de prendre fur fon compté
d’indemuifer tous ceux qui appréhendoient d’être léfés, à- quoi
fa majefté confentit volontiers ; & voulant mamfefter de la maniéré
la plus authentique quelle prenoit le canal fous fa protection
, elle s’eft expliquée en ces termes, en, parlant de M. Riquet
, dans l’édit quelle rendit à cette occafion au mois d’octobre
1666* .
108 3. ce Pour que l’entrepreneur puiffe prendre toutes les ter-
« res & héritages néceffaires à la conftruction dudit canal, en-
» femble toutes les rigoles de dérivation, magafms de réferve ,
» bords , chauffées, éelufes, lefquelles terres & héritages fe-
>> ront par nous payés aux particuliers propietaires, fuivant 1 el-
» timation qui en fera faite par experts, qui feront nommes
v par les commiffaires par nous députés. Seront pareillement
.53 les feigneurs particuliers des fiefs & jufiices -, dans le renort
„ defquels lefdites terres & héritages feront fitués, par nous
h indemnifés des droits de juftice & mouvance,& autres droits
» feigneuriaux qui leur appartiendront fur lefdites terres & he-
» ritages,comme auffi de toute autre redevance : quoi fallant lel-
» dites terres & héritages feront à perpétuité diftraits de leur net
» & jurifdiûion pour en compofer un fief ; & à cet effet nous
» avons créé & érigé par les préfentes, créons & érigeons en
» plein fief, avec toutes juftices, hautes, moyennes, balles K
» mixtes, ledit canal de communication, fans en rien réferver
» ni excepter ; relevant ledit fief & fes dépendances immediate-
» ment de notre couronne, fous la foi & hommage d un louis
93 d’o r , qui fera payé à chaque mutation., es mains du treforier
>3 de notre domaine, en la fénéçhauffée de Carcaffone ” . , :
On voit par çette marque finguliere de la bonté de ce grand
jroi, qu’il crutne pouvoir trop récompenferles peines & les dé-
penfes qu’ayoit caufé à M. Riquet un projet auffi favamment
dirigeai fentit que c’étoit agir pour fa propre gloire,que de donner
un exemple mémorable du cas qu il faifoit des talens de ceux
qui concouraient au bien de fon é ta t, en contribuant à i ac-
çroiffement du commerce. En effet, il ne faut pas croire que
les entreprifes de lanature de celle-pi,puiffent jamais avoir une
heureufe fin, à moins que le fouverain ne fe les rende propres,
en fe chargeant de la totalités ou de la plus grande partie de la
jdépenfe. :
Sa majefté donna à M. le chevalier de Clairville, le plus célébré
ingénieur qu’il y eût alors en France, la direâion des travaux
qu’il falloit faire pour conduire le canal à fa perfection,
& à M. Riquet la qualité d’entrepreneur général. Après que
ces meilleurs eurent fait de concert le devis d’un projet auffi vafte,
tout fe mit en mouvement pour fon exécution, & la première
pierre fut pofée le 29 juillet 1666, avec beaucoup de folem-
nité, au port de Cette, qui devoit faire la tête de ce fuperbe canal,
ou fon débouché dans la Méditerranée, & dans le mois de mai
1 681 , la communication des deux mers fut entièrement achevée,
au bout de quinze ans de travail; mais par unefatalité affez
ordinaire aux auteurs des grandes entreprifes, qui eft de n’avoir
pas la fatisfaâion de jouir de leur fuccès, M. Riquet fut privé
de celle de voir faire le premier effai de fon canal, étant mort
en 1680. Cet avantage étoit réfervé à meilleurs de Bonrepaus ,
& le comte de Caraman, fés dignes fils;le premier, préfident à
mortier au Parlement de Touloufe; & le fécond, lieutenant
général des armées du ro i, grande-croix de l’ordre de faint
Louis.
Ce feroit trop embraffer que de vouloir donner une delcription
détaillée du canal de Languedoc, nommé auffi canal ro y a l,
vu l’immenfité des merveilleux travaux qu’on y trouve, & qui
exigerait une étendue de difcours que la brièveté où je fuis contraint
de renfermer ce chapitre, ne me permet point d’entreprendre.
Cependant je ferai en forte d’en aire affez pour en faire
concevoir la magnificence , fur-tout fi l’on a fous les yeux la
grande carte de ce canal, qui a été mife au jour par le fieur
Nolin, géographe.
1084. Gn divife ce Canal en deux parties principales , en
partant du point de partage, qui eft le lieu le plus élevé, dans le
voifinage de Caftelnaudari; l’une,'qui defcend du côté de la Méditerranée,
fur l’étendue de quatre-vingt-feizemille trois cens-quinze
toifes , a fon embouchure dans l’étang de Thau auprès d’À gde,
pour de-là paffer au port de Cette ; l’autre , qui comprend
vingt-neuf mille trois cens foixante-fix toifes de longueur , defcend
depuis le même point départagé, du côté de l’O céan , ju f
qu’à fon embouchure dans laGaronne, au deffous de Touloufe ;
ainfi, entre fes deux embouchures ce canal comprend cent vingt-
cinq mille fix cent quatre-vingt une toifes, qui font cinquante
lieues & demie, chacune de deux mille cinq cens toifes.
Après un nivellement fort exacl du terrein compris entrs le*.
Partie I I . Tome I I . Z z
Etendue dei
deux parties
■ du canal,i’une
du côte de lu
Méditerranée,
& l'autre du
côté de r O-
céan. Elévation
du point
départagé au-
dcjjus des de-
bouchés du canal
pris près
d'Agde 6- djp
Touloufe*