
Maximes fur
la maniéré de
bien diriger les
jettées & les
çourans formés
par les
éclufes de
çhgffe.
8 3 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L iv r e U!.
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C H A P I T R E y .
D e la conjlruclion des jettées de Jafcinage & des forts de
charpente ferrant à les défendre.
. A - Y T dit en plufîeurs endroits de cet Ouvrage, que pour
faciliter 1 entree & la fortie de la plupart des ports de l’Océan ,
on y entretenoit un chenal dont les bords étoient formés par
des jettees , qui font des efpeces de levées que Ton porte en
ayant a la mer , on faura qu’elles ic conftruifènt quelquefois
d abord en fafcinage , pour donner lieu au jeu des éclufes qui
doivent approfondir le chenal, en attendant que l’on puiffe les
faire plus folides. Nous allons donc commencer ce chapitre par
les jettees de cette' forte ; après quoi nous parlerons dans les
fuivans de celles qui fe fabriquent avec des coffres de charpente
remplis de pierres , & nous dirons de quelle maniéré on
s y prend pour les faire en maçonnerie ; mais avant que d’en,
venir là , nous terminerons celui-ci par ce qui appartient aux
forts de charpente, elevés pouf la défenfè des mêmes jettées.
7 1 3‘ Pour bien fituer ces jettées, il faut les diriger de maniéré
quelles en rendent l’entrée commode aux vaiffeaux; le plus sûr
moyen d y parvenir , eft de commencer par avoir une carte
exafte de la rade & du p o r t, avec Ce qu’il y à de remarquable
dans fes environs, principalement le cours des marées & des
vents les plus ordinaires , avec tout ce qui méritera attention ;
on tracera les jettées affez longues pour que leurs têtes foient
portées au-dela de la laiffe de baffe mer, afin de ne pas laiffer
au courant, caufe par le jeu des éclufes, la liberté de ferpenter
dans la greve, & d’y creufer un chenal tortueux qui expoferoit
les navires, obligés de le fuivre, à échouer ou à périr dans un
gros tems.Onfoppofequeles éclufes feront placées relativement
aux jettees, de maniéré que leurs courans, venant à fe rencon-
trer, n en forment plus qu’un feul qui enfile le chenal for toute
fon étendue , fans que l’un l’emporte fur l’autre ; autrement il
en réfolteroit des fouilles préjudiciables aux jettées, comme on
1 a vu enquelqu’endroit. J’ajouterai que s’il arrivoit que le chenal
dût avoir beaucoup de longueur, & que la force du courant, qui
partirait du fond du port,fut trop altérée pour pouffer affez au loin
les fables qu’il aura détaché, dont l’amas pourrait, à la longue,
former une barre fort nuifible, il faudrait de toute nécefïité pla-
C h a p .V . D es j e t t é e s d é f a s c in a g e . 89
cer à droite & à gauche, à la naiffance des jettées, d’autres éclufes
dont le jeu fourniffe un nouveau courant capable de fop-
pléer à ce qui manquerait au précédent ( art. 52, î < & r d ) ■
c’eft à quoi il importe fort d’avoir égard en formant le projet
general , ann que toutes fes parties foient difpofées de ma-
niere à concourir le plus avantageufement qu’il eft poffible à
remplir 1 objet qu’on fepropofe, fins que l’une nuife à l’autre.
7} 4- <«iyand on eft obligé de donner aux jettées la même di-
rection qu aux marées, on peut les borner â égale hauteur, c’eft-
a-dire ne pas avancer une tête plus que l’autre ; mais fi la fitua-
tion des lieux exigeoit que les jettées foffent, par exemple, dans
ladiredtion dufud au nord, tandis que les marées courraient
, u - & L. il faudrait en ce cas faire la jettée de l’eft plus
ongue que celle d oueft , afin que le courant qui frappera la
partie excedente, réfléchiffant vers le large , mette cet endroit
de la mer dam une efpece d’équilibre, ce qui donnera aux vaif-
ieaux la facilite d’enfiler le chenal pour gagner le port.
S il arrivoit cjue le cours des marées eût une direâion contraire
a la precedente, on fent bien qu’alors il faudrait prolonger
la jettee d O . plus que fon oppofëe, obfervant dans l’un &
1 autre cas d evafer l’entrée du chenal en rejettant en dehors
une partie de la branche de la jettée prolongée , pour faciliter
d autant mieuxl entree des navires. Onprendra garde cependant
de ne pas faire cet évafement trop grand, de crainte que les
James n étant point affez repouffées à l’entrée du chenal, ne
produifent, en fe réfléchiffant, un mouvement circulaire autour
de la tête des jettees. On donne ordinairement aux mêmes
tetes une forme arrondie qu’on rend plus ou moins fenfible,
leion la neceflîte, ce qui demande beaucoup d’attention, pour
empecher que dans les tempêtes l’effort de la vague 11’entraîne,
derrière les jettees les vaiffeaux qui voudraient gagner le
à prolonger une jettée plus que l’autre ; la nature du rivage &
fa difpofition y engagent aufli quelquefois, pour garantir l’en-
tree du chenal des dépôts de g a le t, comme à Dieppe & au
Havre ; mais l’on a vu dans l’article 5 3 4 ,, avec quelle circonf-
pettion devoit fe faire cette prolongation, de crainte de tomber
dans un inconvénient plus grand que celui que l’on veut évi-
ter; d y a.meme des cas ou Ion ne peut fe garantir des accidens
I l Partie. Tome I I . M
I l faut que
la tête de la
jettée qui reçoit
intérieurement
le cours
des marées s
foit portée
plus en avant
que Vautre ,
pour faciliter
l'entrée du
chenal.
yAutres motifs
qui peuvent
encore engager
à proion,
ger une jettée
plus que Vautre,