
Inconvénient
des. forts de
charpente.
Remarques
Jur le projet
précédent, &
en général fu r
les forts bâtis
à la mer.
PL XVII.
799. Il réfulte du produit de ces grandeurs prifes de part &
d’autre, que le nouveau fort aurait eu une capacité triple de celle
de l’ancien, & par conféquent beaucoup plus avantageufe pour la
défenfe ; car il faut avouer que les forts de charpente font ex-
pofés à de terribles accidents dans le cas d’un bombardement,
par l’inconvénient de ne pouvoir mettre les poudres à couvert,
lur-tout quand ils ne font point à portée d’être promptement fe-
courus ; fans parler de leur peu de durée, ni des incendies auxquels
ils font expofés. C ’eft pourquoi le fouverain ne peut que
gagner en les faifant d’abord de maçonnerie, puifque fi l’on a
egard à l’entretien de ceux de charpente pendant vingt ans feulement
, on verra que la dépenfe eft à-peu-près la même ; c’eft
de quoi l’on s’eft convaincu dans ces derniers tems pour tous les
ouvrages qui fe font dans les ports de mer, où d’ailleurs les bois
font devenus hors de prix, ayant augmenté par-tout beaucoup
plus à proportion que les autres matériaux. Aulfi n’ea ai-je fait
mention à la fin du chapitre troifieme, que par le rapport qu’ils
avoient avec les jettées de Dunkerque, & pour mettre les jeunes
ingénieurs en état de raifonner fur ce qui pou voit; donner
de l’étendue à leurs connoiffauces , rencontrant toujours quelque
chofe à mettre à profit dans l’occafion.
800. Comme le fort projetté devoit occuper la place de l’ancien
, qui s’étoit parfaitement confolidée par le rapport des-fa-
bles que la mer avoit dépofés dans les vuides qui s’étoient trouvés
parmi le fafeinage & les pierres du grillage qu’on avoit
étendu fur toute la bafe, on a cru avec raifon qu’au pouvait
en toute fûreté affeoir cette piece fur un aulfi bon fon d , quoiqu’il
ne paroiffe pas tout-à-fait tel au bas des figures 1 <& 1 , où
l’on ne voit qu’un fimple fafeinage par la faute du delfinateur
qui n’a pas bien rendu la nature de ce fond ; mais fans y avoir
égard, il fuffit de dire que fi ce fort avoit eu fon éxécution,
on eût commencé par enfermer fa bafe dans un encaiffement
de palplanches battues tout autour de la fondation , garantie
d’ailleurs par une bonne risberme. Au relie, fans entrer dans le
détail de ce qu’on eût fuivi pour fa conftruâion, il fuffit de con-
fidérer fes profils pour voir que le bâtiment devoit avoir au-def-
fous un grand fouterrein à l’épreuve de la bombe & à l’abri des
plus grandes marées, au-deffiis defquelles il fefût trouvé élevé;
d’ailleurs qu’il devoit répondre d’une part à un magafin à poudre
ménagé derrière un des flancs, tandis que la citerne feroit adof-
fée contre l’autre.
Quant à ia diftribution des logeméns , on en fentira l’objet
en fe rappelant ce que nous avons dit à l’occafion de ceux des
forts précécfcns, c’elt pourquoi je ne m’y arrête point,non plus
qu’à ce qui eft aifé à imaginer.
Il fe rencontre quelquefois fur le bord du rivage, & même
dans la rade d’un port,des emplacemens merveilleux pour y bâtir
des' forts & des batteries fur des rochers ou petites ifles,
comme il y en a un grand nombre d’exemples fur les côtes de
France & ailleurs ; alors il eft bien avantageux d’en pouvoir profiter
& d’être difpenfé de grandes dépenfès qu’occafionnent
toujours les ouvrages fondés dans la mer. Comme il 11’y a
point d’autre réglé à fuivre en pareil cas que celle que l’on peut
tirer de la bonté de fon jugement pour difpofer les choies félon
les vues d’une défenfe relative à la fituation des lieux, & aux
confidérations que j’ai fait appercevoir dans le quatrième chapitre
, ( art. 707 ) j’y renvoie , n’ayant eu en vue dans celui-ci
que ce qui appartenoit à Dunkerque, afin de remplir mes en-
gagemens au fujet de cette place.
S E C T I O N I I I .
Defcription de la tour de Cordouan.
801. Depuis les fuperbes phares bâtis parles anciens, il n’en
a point paru de plus-augufte ni de plus important que la fameufe Pofitim &■
tour de Cordouan, fituée fur un rocher formant une ifle dans S g g g y ic
la mer à l’embouchure de là Garonne, pour faciliter l’entrée & 2 'olm *
la fortie des vaiffeaux dans les deux rivières de Garonne & de
Dordqgne. Sans cette tou r , la plupart des navires feraient naufrage
; elle fert de balife pendant le jour,, & de fanal.pendant
la nuit, pour guider les bâtimens & les empêcher de donner
fur les hancs de rochers qui s’y trouvent en quantité. Il n’y a
dans cette embouchure que deux paffes , l’une appellée le pas
des ânes , entre la Saintonge & la tour de Cordouan, &
l’autre entre la même tour & le Medoc, nommée le pas de
grane , toutes deux également dangereufes ; car quand les vaiffeaux
y font furpris par un gros tems de vent d’oueft , ils ne
peuvent éviter ae périr fur la côte , quelque manoeuvre qufils
puiffent faire pour échapper. Cette tour eft à 45 degrés 3 5 minutes
de latitude., & à 16 degrés 5 3 .minutes de longitude, à
deux lieues de Borde aux, fur un rocher qui peut avoir en baffe