
 
		X)bferv ations  
 fa ite s   dans  
 pliifieursports  
 de France, par  
 ■ ordre de M. le  
 ' comte dePonc-  
 cfaartrain, minière  
 de  la.  
 marine  ,  d'où  
 Ai.  Caffini  a  
 déduit que  la  
 lune  eft  la  
 principale  
 caufe du  flu x   
 & refluai 
 z A   A r c h i t e c t u r e   H y d r a u l i q u e ,  L i v r e   III.  
 d’yelever des  ouvrages  de conféquence, puifque ce nfeft qu’en  
 fe précautionnant contre  fes  fâcheux  effets, &   par  une attention  
 continuelle  à  profiter  des  tems  favorables  pour  y  bâtir,  
 qu’on  parvient  à  le  faire  folidement.  Les  travaux maritimes  
 demandent une grande  attention pour  fe garantir &  furmonter  
 les divers  obftacles  qui furviennent,  tant  en les  fondant  qu’en  
 les  élevant  au-deffus  des  eaux. Il ne fuffit  pas de fe fervir avan-  
 tageufement des emplacemens  deftinés à la fûreté desvaiffeaux,  
 d’en  diriger les  entrées fuivant les cours  des marées  ,  de  façon  
 qu’ils  puiffent y  manoeuvrer  librement ;  il  faut  encore,'àutant  
 qu’il eft poffible,  fe précautionner  contre  les  fureurs  d’tm élément  
 qui renverfe quelquefois  en peu d’heures  les  édifias  les  
 plus  folides  ;  autrement  il  eft  dangereux  de  commettre*  des  
 fautes  qui font  regretter  les  dépenfes qu’on  a faites. C ’eft donc  
 par  la  fiaifon  que  l’architeâure  hydraulique  peut  avoir  avec  
 cq phénomène,, que nous  avons  cru ne pouvoir nous difpenfer  
 d’en, donner des  idées  plus  juftes  que'  n’en  ont  ceux  q u i, ne  
 connoiffant  que  peu  la marine  auraient  eu  peine  à  entendre  
 plufieurs endroits  de cet ouvrage, o ù  il  a fallu fe  fervir du  langage  
 propre aux chofes  qu’on y   traite. 
 58*. Avant que d’entrer  en  matière,, if convient d’êfre  prévenu  
 qu’en  1701  l’académie royale  des  feiènees, voulant  ma-  
 nifefter  de plus  en  plus  fon  zele pour tout ce  qui pouvoit  être  
 utile  à la fociété  en général, profita des bonnes  difpofitions que  
 lui- marquoit  M.  le  comte  die  Pont-Ghartrain  de  contribuer'  
 à  fes  progrès-,  pour  engager  ce  miniftre  d’envoyer  aux  plus  
 habiles  gens  qui  fe  trouvoient  dans  les  ports  de  France  fur  
 l’Dcéan , un mémoire qu’elle  avoit  dreffé  fur  la maniéré  d’ob-  
 fervèr le  tems précis-des marées &-leur hauteur dans  les  nouvelles  
 &  pleines lunes,  afin  de voir le rapport qu’elles auroient  
 avec  les  obfervations  aftronomiques,  &   fi  le  flux  &   reflux  
 étoient  auffi  liés  au  cours  journalier  de  cette  planète  qu’on  
 l’avoit remarqué depuis long-tems, mais  non  point avec  affez  
 d exactitude  pour  favoir  au  jufte à  qitoi  s’en  tenir.  Les  obfer-r  
 vations faites pendant plus  d’une  année par MM. Baerte &   du  
 Bocage ,.profeffeurs en hydrographie, le premier à Duhkerque,  
 &   le fécond  au Havre  de Grâce,  furent  remifes  à  M.  Caffini.  
 Après  les  avoir bien  examinées ,  il en  donna  en  1710  à  l’academie  
 le  réfultat,  accompagné de favantes  réflexions  qui  ont  
 répandu fur ce  fujet beaucoup  plus  de lumière qu’on n’en avoit  
 encore  apperçu,   faifant  voir  d’une  maniéré  évidente  toutes" 
 CHAE. I.  Du  FLUX  ET  REFLUX  DE  LA  MER.  3  
 les  raifons  qui  pouvoient  fonder l’opinion que  la  lune  étoit  la  
 principale  caufe  du  flux &   reflux.  Cependant  comme  en  matière  
 de  phyfique  on  ne  fauroit  trop  s’affurer  des  faits,  M.  
 Caffini  a  continué  de  donner en  1 7 1 1 ,   1713  ,  17 14  &   1720  
 une  fuite d’autres mémoires, toujours fondés  fer  de nouvelles  
 obfervations fort  exaCtes, faites  à Breft, à Bayonne  &   au  port  
 de l’Orient,  qui confirment  les  conféquences  qu’il avoit  tirées  
 des premières,  &   qui  laiffent aujourd’hui  moins  de doute  que  
 jamais,  que  c’eft:  à  l’aôion  combinée  de  la  lune  &   du  foleil  
 qu’on  doit rapporter  le  flux &  reflux  de  la mer. 
 C ’eft en profitant de  ces mémoires, &  des judicieufes remarques  
 que nous  ont communiqué  MM. Bouguer  &   de  Caux  ,  
 que nous nous femmes  mis  en état d’écrire ce chapitré, où nous  
 avons auffi fait mention  de ce qu’a dit de plus  raifonnable  Cefar  
 d’Arçons des  effets  des marées  dans fon traité du f lu x  & reflux  
 de  la mer,  fans  avoir égard  au  fentiment  de  cet  auteur  fur  la  
 caufe  qu’il  attribue  à un balancement  régulier  de  la  terre  fer  
 fon  axe,  du fed au  nord &   du nord  au  fù d ,  deux  fois  en  24  
 heures,  parce que les philofophes  de  fon tems étoient plus occupés  
 à  faire des  hypothefes  qu’à  étudier  &   feivre de près'la  
 conduite que tient la nature. Au relie, nous- exhortons  ceux qui  
 voudront  être  encore plus inftruits  des  connoiffances dont on  
 eft redevable à M.  Caffini,  de lire ce  qu’il  a écrit  dans  les  mémoires  
 de  tacadémie  des  années  que  nous  venons  de  citer  ,  
 n’ayant  rapporté  ce  qui fuit  que  relativement  à  notre  objet. 
 '  583. Peu  de  perfonnes  ignorent  que  la mer,  venant  de  la 
 zone torride, allant vers  les pôles, monte deux fois chaque jour  
 fer  les  côtes de l’Océan ;  qu’elle met  un peu plus  de fix heures  
 à  parvenir à fa plus grande hauteur, où elle relie pendant quelques  
 minutes  dans  le même  état,  qui eft  ce  que  l'on  appelle  
 pleine mer; puis elle fe retire en defeendant pendant un peu plus  
 de  fix autres heures  jufqu’à fon  plus bas,  où  elle  relie  encore  
 quelque tems ftationnaire;  après quoi elle remonte comme  auparavant  
 ;  &  que ce font ces alternatives qu’on nomme f lu x   &  
 reflux. On obfervera que le f lu x  ou is flo t s’entend de fon mouvement  
 lorfqu’elle  monte  &   qu’elle n’eft  point  encore  parvenue  
 à fa plus  grande  hauteur,  &  que  le  reflux,  Vebe  ,  ou le  
 jouffiant,  s’entend  de  fon  aûion  lorfqu’elle  defeend  en  approchant  
 du  terme le plus  bas,  qui fait  la baffie mer. 
 Comme chacun de  ces mouvemens  dure un peu plus  de fix  
 heures,  il y  a auffi un peu plus de  12 heures  entre  deux pleines 
 A   ij 
 Définition du  
 f lu x  &   reflux  
 de  la  mer, 6»  
 félon  quel ordre  
 ils  arrU  
 vent  chaque  
 jour.