
0Ifervation
fu r la'mankre
d ’inonder les
environs des
places maritimes
»
D e s coupures
oufojfés
nommes criques
que P on
fa it dans les
endroits qu’une
inondation
ne peut f'immerger.
248 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
choient de gagner le fommet des trois éminences, fans que nos
cinq mille braves encouragés par leur chef, en panifient étonnés
, malgré la faim & le froid infupportables qu’ils effuyoient,
ayant réiolu de périr plutôt que de fe rendre ; lorfque par un
événement qui tient du merveilleux, il furvint une forte gelée
qui changea tout à coup le fort des deux.partis. Hollac 1e vit
contraint°de retirer à force de rames fa flotte dans la Meufe,
de crainte d’être retenu lui-même dans la campagne par les
glaces, & que les Efpagnoles ne lui fiffent payer chèrement
l’état où il les avoit réduits ; en effet il n’étoit point encore entièrement
dégagé, que les glaces permirent à ces derniers de
pourfuivre leurs ennemis qui trouvèrent beaucoup de difficulté
à repafier par les coupures qu ils avoient faites.
Bobadille &c les fiens, heureufement délivrés, furent enfuite
accueillis par Mansfeld , fuivi des habitans de Bois-le-Duc,
qui vinrent au-dçvant d’eux chargés de vivres, pour les conduire
dans lej.tr ville, laquelle s attira par çe bon procédé la
faveur du duc de Parme. _
937. Quand une place eft afiife dans un pays plat fur les
côtes de f Océan, on rencontre bien des facilités de former des,
inondations pour éloigner les approches d’un ou plufieurs fronts;
alors on peut donner toute fon attention à bien fortifier les
autres qui n’auront pas le même avantage, parce que les édufes
de chaffe, qui ferviront à curer le p o r t, fourniront despaffages
aux eaux de la mer qu’on refendra dans la campagne, en fermant
les portes des mêmes édufes. On pourra d’autant plus
compter fur ces inondations , que quand l’ennemi viendrait a
les faigner, il n’en feroit guereplus avancé, puifqu’on fera toujours
à même de remplacer les eaux, â la marée montante; d’ailleurs
quand on n’auroit pas cette reffource, il eft bon d’obferver
qu’un terrein naturellement aquatique qui a ete inonde devient
fi fangeux qu’on ne peut y creufer des tranchées pratiquables
que long-tems après qu’on en a fait eçouler les eaux ; ainfi dès
qu’une place gagne du tems, il n’importe par quel moyen,
pourvu qu’il en prolonge la eonfervation, . •
938. Lorfqu’il fe rencontre des endroits où le terrein qu’on
veut inonder fe trouve fepfiblemem plus élevé que le niveau,
des eaux , pn le coupe de tous les fens par des foffes nommes
criques, qui communiquenf à l’eclufe la plus a portée de les
remplir d’eau. Si malgré cette précaution il reftoit encore fur le
même terrein des efpaces dont l’ennemi pût profiter en tems de fiege
C h a p.X I I I.d e l ’c s a Gë de s e a u x a l a g u e r r e . 249
fiege pour l’établiffement de fes batteries, on les occupe par
quelques redoutes qui donneront heu à prendre des revers fur
le travail qu’il voudroit conduire vers la place, comme on l’a
dit ( article 73 ) , en parlant des criques de Dunkerque.
939. Si les éclufes des mêmes ports répondent à des rivières
, on pourra en faire gonfler les eaux & même les groflir
par celles de la mer, à deffein d’inonder des cantons éloignés,
pour couper à l’ennemi des communications importantes.
Comme il peut arriver que ces éclufes fe trouvent trop éloignées,
on en conftruira d’autres plus propres â remplir le deffein que
l’on a,-& on les foutiendra par des forts dont l’ennemi ne puiflè
s’emparer fans former autant de fieges , qui auront également
leurs difficultés de la part des eaux qui les environneront.
Comme il n’y aguere que les circonftances relatives au local
qui puiffent déterminer le parti qu’il faudra prendre pour conf-
tater des projets de cette importance , il eft affez difficile de
prefcrire des réglés à cet égard ; je dirai cependant que l’on
ne fauroit trop combiner les avantages & les défàvantages qui
pourront réfulter de la pofition des éclufes, lorfqu’on voudra
les tourner à la défenfe du p a ys, en même tems qu’elles rempliront
desobjets particuliers, foit pour la navigation ouïe deffé-
chement journalier des cantons aquatiques. Il faut faire enforte
qu’elles concourent mutuellement à la même fin , e’eft-à-dire,
qu’au befoin les unes puiffent fuppléer au défaut des autres, &
que quand les chofes feront rentrées- dans l’ordre ordinaire,
elles facilitent un prompt écoulement , fans qu’il refte des
moëres ou petits lacs,comme on en voit entreBergues & F um es ,
qui cauferoient, indépendamment de la-perte du terrein, des vapeurs
contraires â la fanté des habitans vüiftns. On ne fauroit
donc faire trop denivellemenspourcünnoître au jufte les pentes
& contrepentes-, de crainte de commettre des fautes qu’on ne
ferait, plus en état de corriger.
Les rivières dont on tire le meilleur parti pour la défenfe des
places font celles qui les traverfent, parce qu’indépendamment
des inondations qu’elles occafionnent, elles fourniffent plus
de chicane que les autres pour difputer le paffage des foffés ,
comme peuvent faire la Lis;à A ir e , l’Efcaut à Cambray & à
Valenciennes, la Deuille â Lille, la Scarpe â Douay, la Haine
à Condé, la Colme à Bergue, la Sambre à Maubeuge, la Meufe
à Verdun , la Selle à M e tz , l’Ill à Strasbourg, la Queviche à
Landau, & c . qui font toutes des places remarquables par la
Partie I I . Tome I I , I i
Maxime fu r
la pofition des
éclufes defti-
nées à former,
de grandes
inondations.