
Autre
exemple arrivé
en 1673,
au Jîége de
Çoewerden ,
par l 'évêque
4? Munjlfr,
146 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III,
parce que les cit ux ne pouvoient s ecoulet ptir les cotes , étant
barrées jufqu’aux éminences prochaines par les deux chauffées
dont nous avons parlé : ainfi l'inondation allant toujours en
croiffant, les affiégés fe virent dans la néoelîitéindifpenfable de
fe rendre. Si l’on eùtpenfé plutôt à faire cette digue , qui fub-
fifte encore aujourd’hui prefque dans fon entier, la prife de
la Fere eût été l’ouvrage de peu de jours, malgré la longue ré-
îiftance dont elle étoit capable d’ailleurs.
On conviendra qu’il y a un grand nombre de places dans la
pofition que je viens de décrire, que l’on peut réduire par le
même moyen ; j’en connois une entre autres des plus fortes de
l’Europe, quife trouveroit dans une fituation bien fâcheufe, fi
en cas de fiege on lui coupoit fa communication avec fes dehors
, en faifant refluer la riviere qui coule entre-deux.
93 5. En l’année 1673, l’évêque de Munfter,alliédelaFrance
contre la Hollande, paffa dans l’O ve r-Iffe l pour afliéger
Çoewerden; ne pouvant douter que les habitans qui avoient
éprouvé toute la cruauté de fes troupes quelque tems auparavant
, ne pouffaffent la défenfe de leur villeauffi loin qu’elle
pouvoit aller, il eut recours à l’expédient précédent, efpérant
par-là s’en rendre maître à peu de frais, Il-fit a travers la riviere
de Vecht une forte digue qui alloit s appuyer contre les éminences
les plus prochaines, afin de contraindre les eaux de déborder
dans la ville : cependant comme il avoit lieu de craindre
que les ennemis ne vinffent en force interrompre ce travail, il le
fit foutenir par plufieurs forts où il plaça une partie de fes
troupes. Ce terrible prélat s’applaùdiffoit déjà du fuccès. prochain
de fon expédient, lorfqu’àla fuite d'un orage , il furvint
fubitement une crue d’eau qui renverfa la digue avec les -forts,
noya les troupes qui les gardoient, & contraignit leur chef de
fe retirer dans un grand défordre & d’abandonner fon entre-
prife, laquelle n’échoua apparemment que parce que la digue
h’avoit pas été travaillée avec allez de tuât,1
Une armée qui n’a point la luperiorie du nombre & qui le
trouve pourtant en état d’entreprendre un fiege, ne peut-elle
pas aufli, dans certain cas, faire gonfler les eaux d’une ou plufieurs
rivières, pour former des inondations capables par l-eur
étendue de diminuer confidérablement la circonvallation de la
place a u’elle veut afliéger, & par-là fe tenir plus en force contre
les entreprifes de l’ennemi ? Combien de fois cet expédient n’a-
t-il pas été négligé dans des occafions où il pouvoit avoir lieu ?
C h a p . x m . DE l ’u s a g e d e s e a u x a l a g u e r r e . 247
Je crois qu’il n eft pas befoin de dire qu’il faut que les digues
que l’on fera foient à l’abri de tout accident, & foutenues par
de bons forts de campagne. . . . . ,
936. Quand on fait la guerredansun pays aquatique, ilexige g f l B a lK
bien de la circonfpe&ion pour l’emplacement des quartiers d ni “ des troupes
ver de crainte d’expofer les troupes à une perte inévitable, par ">
les inondations que les ennemis peuvent former fubitement,
foit en coupant les digues qui retiennent les rivières dans leur fa n dis inon-
lit, ou en arrêtant leur cours pour les faire déborder. Faute de
défiance, de grands capitaines y ont été furpris ; 011 en jugera ,ffuya.
par cet exemple qui ne fera point déplacé , puifque c’eit prin-‘
cipalement pour le militaire que j’écris ce chapitre. j E
Après la reddition d’Anvers, le duc de Parme ayant diftrtbue «
fon armée dans fes quartiers d’h iver, cinq mille hommes com- ÿ à mus
mandés par Bobadille , officier de grande réputation , eurent M B É **
pour le leur l’ifle de Somme!, formée par la Meufe & le Vahaî
qui l’environnent. Ces cinq mille hommes, l’élite des troupes
Efpagnoles, commençoient à fe repofer des fatigues d’un fiége
auffii long & auffi pénible , lorfqu’ils furent inopinément réduits
à la plus grande extrémité.
Hollac, un des généraux Hollandois, homme entreprenant,,
qui cherchoit à fe fignaler pat dès coups d éclat, ayant âffem-
bié une flotte d’environ cent vaiffeaux, fe rendit par la-Meufe'
près de Bommel, coupa' lès digues qui garantiffoient cette ifle,
& la fumergea- tout à coup,. de forte que Bobadille eut à peine'
le tems de faire paffer la Meufe à fes troupes pour fe réfugier
dans le village d’Em p le& les lieux d’alentour, mais elle n’y
furent guere'plus en fûreté ; Comme'le pays depuis Bommel
jufqu’à Bois-le-Duc eft fort bas , l’inondation devint bientôt
générale ; de forte que les Efpagnoles ne purent s’en garantir
qu’en fe retirant fur trois monticules féparées qui formoient
comme autant d’ifies.
Hollac qui avoit fait paffer fa flotte fur cette nouvelle mer',
enflé du fuccès de fon entreprife , fit fommer Bobadille de fe'
rendre à diferétion, eh lui repréfentant que dans la fituation
fâcheufe où il fe trouvoit, la bravoure lui étoit déformais inutile.
Le général Efpagnol rejetta cette propofition comme indigne
de lui, efpérant échapperpar quelque heureux événements
mais d’où pouvoit-il L’attendre ? Car Mansfeld & Aquila, chacun
de leur côté, avoient tenté vainement de le fecourir.
, Cependant les eaux qui alioient toujours en croiffant appro