
Explication
de Véchaffaut
qui f u t fa it
pour lancer
les, caijfts g
Veau.
PI. XXVIII.
îo o A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
de tems , fans aucune efpérance de pouvoir mettre jamais à fec
l’efpace qu’ils renfermeroient, parce que le fond etsnt graveleux,
l’eau filtreroit toujours à travers par deffous le batardeau,
quelque bien entendu qu’il pût être, & enfi grande abondance
qu’il n’v avoit nulle apparence qu’on put parvenir a les epuiler;
à quoi il faut ajouter la difficulté d’entretenir les memes batardeaux
en bon é ta t, 8c de les foutemr contre 1 agitation de la
Tamife quand elle eft tourmentée ’par de grands vents qui en
élevent les eaux jufqu’à vingt-trois pieds de hauteur; mais
quand même elles auroient été bornées à 1 5 pieds & que tous
les interftices pris enfemble ne fe fuffent trouve équivalents
qu’à une feule ouverture de 6 pouces quarres, qui eft le moins
qu’on puiffe fuppofer, il fût arrive , félon le cakul de M La
b e ly e , qu’elles euffent donné par heure environ fept cens foi-
xante-dix muids d’eaü, par conféquent plus que nen poui-
roient vuider cent cinquante hommes travaillant jour & mut a
mouvoir les meilleures machines, fans etre exempt de lacramte
de voir le batardeau & peut-être l’ouvrage meme Subitement
détruit par une crue extraordinaire , comme il n y en a que
trop d’exemples. , „
8<S<. Ce font ces confidérations & un nombre d autres que
je paffe fous Silence , qui ont déterminé cet habile ingénieur a
travailler par encaiffement, en apportant toutesftes précautions
quipouvoientl’affurer d’un plein fuccès. En effet, M l
été conduit avec une fageffe qui marque bien fa grande expérience
& l’étendue de fa capacité, ayant prevu jufqu aux moindres
accidens pourfe mettre en état de n en point appréhender
les fuites; on eu va juger par les détails ou je vais entrer 1 dont
la plupart pourront avoir leur application dans les cas pareils a
celui dont il s’agit. Avant que d’en venir la , il convient de jetter
les yeux fur les figures 3 & 4 delapl.XXVIII,comppnantleplan
& le profil de la naiffance d’une pile renfermee aans 1a caille ,
dont le fond fert de grillage, & dont les cotes font conftruits
de façon à pouvoir les détacher 8c les enlever auffi-tot que la
maçonnerie fe trouve élevée au-deffus des plus hautes eaux.
Les caiffes devant avoir Seize pieds de hauteur, quatre-vingt
de longueur & trente de largeur , afin de ménager unefpace
de S pieds pour manoeuvrer librement autour de la pile , M.
Labelye prévit la difficulté de les lancer a leau fans les endommager,
& conçut qu’il n’y avoit point de meilleur expédient que
de les çonftrun-.e l’une après l’entre fur une efpece W m m
C h a p . X I. M a n ié r é d e f o n d e r p a r e n c a i s s e m e n t . 201
•dreffé dans la riviere même près du bord le plus commode ,
de manière que la plate-forme qui la porterait, pût, quand on
le voudrait, fléchir horifontalement 8c defcendre affez bas dans
l’eau pour que la caiffe fe mît d’elle même àflot, afin de pouvoir
la conduire comme un bateau jufqu’à l’endroit où il falloit la,
fixer; en fuivant cette idée il fit faire douze chaffis mobiles, tels
que A B C D , fig. 2 , pour tenir lieu de chevalet élevé de deux
pieds au-deffus des grandes crues ordinaires. Les femelles EF
de ces chaffis furent arrondies en-deffous pour en faciliter le mouvement,
8c chacune appuyée contre deux pilots G enfoncés exprès
pour cela, de forte que ces chaffis placés parallèlement les
uns aux autres à la diftance de fept pieds, pouvoient s’incliner
tous enfemble 8c enfuite être redreffés, fans que leurs femelles
fortifient de place. Pour les entretenir verticalement ils furent
liés par des poutrelles H , fig 1 & 2 , qu’on fupprimoit quand
on vouloit en les attirant avec des cordes.
Cet échafaudage pommuniqu'oit vraifemblablement par un
pont à l’attelier des charpentiers pour en tirer les bois en état
d’être affèmblés , ce que l’on fit en commençant par les pièces
du grillage qui furent pofées fur des taffeaux attachés au chapeau
des chaffis , afin d’avoir un relief qui facilitât la fuppref-
iion des poutrelles , Iorfque la caiffe fe trouvant achevée on
vouloit la mettre à flo t, ce qui fe faifoit à l’aide des cables attachés
à la tête des chevalets pour les incliner tous enfemble
comme ils le paroiffent dans la première figure ; où la caiffe eft
exprimée vue en partie en dehors 8c en partie en dedans , ce
qui eft aifé à imaginer.
866. Le grillage qui devôitfervirde bafeàlapile étantachevé,
ainfi que le montre-la figure 5 , qui en repréfente une moitié un
peu plus en grand que celles qui la précédent, on travailla à
■ conftruire fes faces compofées de longues pièces de bois de fa-
pin I de douze fur douze pouces d’équariffage, pofées horifontalement
les unes fur les autres, jointes 8c ferrées enfemble par
des chevilles ; les pièces encaftrées l’une dans l’autre à tous les
côtés étoient liées par des pièces de ferrure attachées avec des
vis qu’il fuffifoit d’ôter pour ouvrir la caiffe en féparant les deux
faces K L qui fèrmoient fès extrémités;
Tous les côtés forent revêtus par dehors 8c par dedans de
planches LM de trois pouces d’épaiffeur pofées verticalement
pour croifer les pièces précédentes, formant avec elles une épaif-
Partie I I . Tome I I . C C
Dcfcriptioa
détaillée des
caiffes qui ont
fervi à établir
la fondation
des piles,
ri. xxviii.