
Z,’auteur eft
ehoïfi pour arbitre
des intérêts
rcfpeêtifs
de la compagnie
du canal
de Picardie ,
& des entrepreneurs,
qui l'ont
exécuté,
Expofé des
avantages que
Von tireroit
du canal de
Picardie , s'il
étoït entière-
-nient achevé.
3 6 6 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
il n’y en a point dont j’aye été à portée de prendre une
connoiffance plus exacte que de celui qu’on a fait en Picardie
pour joindre les -rivières de Somme & d’Oife ; l’ouvrage
s’étant fait fous mes yeux pendant que j’étois réfident à laFere,
où demeuraient auffi les ingénieurs qui ont eu la conduite de
ce canal. Il eft même arrivé après fon exécution, que la compagnie
qui en a fait la dépenfe, & les entrepreneurs des'travaux
ayant eu enfemble de grandes conteftations au fujet de leurs intérêts
réciproques, m’ont choifi pour arbitre d’un commun con-
fentement, par un compromis paffé entr’eux le 3 oâobre 1735,
où ils s’engagent de fe foumettre àlà fentence arbitrale queje rendrai
à cette occafion, laquelle a été enfuite homologuée au parlement
de Paris , pour la rendre irrévocable. Comme la compagnie
avoit évalué à 200000 liv. les réparations auxfquelles elle
vouloit obliger les entrepreneurs, & que ceux-ci de leur côté
répétoient 600000 liv. d’indemnités au fujet des dépenfes occa-
fionnées par des cas imprévus, dont ils ne prétendoient point
être tenus parleur marché, il a fallu, pour me mettre en état de'
faire droit avec connoiffance de caufe, entrer dans le détail le
plus fcrupuleux de la conftruction des digues, éclufes, aqueducs
, déversoirs & ponts, en un mot de tous les travaux de ce
canal, relativement au devis & marché ; ce qui m’a donné occafion
de m’inftruire à fond, non-feulement de ce qui avoit été
bien ou mal exécuté, mais auflide ce qu’on aurait dû faire pour
une plus grande perfection. Comme c’eft d’après ce travail, qui'
m’a occupé fortlong-tems, que j ai compofe les chapitres qui fui-
vent celui-ci, fur la conftruâion des canaux de navigation en général,
où je cite fouvent celui de Picardie, il m’a paru néceffaire de
faire mention de ces particularités que j’aurai quelquefois lieu
de rappeller. ‘ . (
JOQI. Si le projet du canal de Picardie etoit execute en fon
entier, que ne devrait- on point attendre du grand commerce
qu’il occafionneroit, au moyen du paffe-debout pour Paris, fans
payer aucun droit, qu’il a plû au roi d accorder par le quinziéme
a«icle de fon édit du mois de feptembre 1714,- portant
permiffion de faire ce canal ? Il eft aifé d’en juger par les rivières
& canaux qui s’y joindraient, & le dénombrement des
provinces qui en font voifines.
La riviere de Somme prend fa fource au-deffus de Saint-
Quentin , paffe par cette ville, enfuite à Hatn, Peronne, Brai,
C o rb ie , Amiens, Pequigni, Abbeville & S. Valéry, où eft fou
C h a p . V . d e s C a n a u x e x é c u t é s p a r l e s m o d e r n e s . 3 67
embouchure à la mer. Les provinces voifines de cette riviere
font le Ponthieu, le Vtmeux, le Boulonois, le pays conquis,la.
Flandres l’Artois, le Cambrefs, & le Hainault. Tout le commerce
de ces provinces fe fait par les différens canaux qui répondent
aux rivières de la Marque, de la Scarpe, de la L y s , de
la Deuille & de VEfcaut qui paffe à Cambray, diftant feulement
de fept lieues de Saint-Quentin.
La riviere d’O i f e , dont la fource eft enThierache, paffe par
Guife, la Fere, Chauny ,Noyon, Compiegne (où elle reçoit la
riviere d’A i f n e ) , Creil, Beaumont, P onto ife, & fe décharge
dans la Seine au-deffus de Conflans-Saint-Honorine. Ces rivières
arrofent la Picardie, le Thierache, le Soiffonnois, une partie de la
Champagne & de lîfle de France.
La riviere de Seine, en la prenant au-deffus de l’endroit où
l’Oife fe joint à elle (à cinq lieues de Paris ) reçoit au-deffous
de Charenton la riviere de Marne, & en la remontant encore,
on trouve à Moret le canal de Loing, qui en fait la communication
avec la riviere de Loire , par les canaux de Briare &
d’Orléans ; & à Montereau elle reçoit auffi la riviere d’Yonne.
' Ce font ces rivières & ces canaux qui abreuvent le Soiffon-
4iois ,\’LJle de France , le Parifis, la Champagne, la B r ie , la Bourgogne,
Wrléanois, l’Anjou, la Bretagne, le Berry, le Nivernois,
le Bourbonnois, l’Auvergne, le Lyonnais, le Fore-q, la Provence,
le Dauphiné, & généralement toutes les provinces qui font à portée
de la Seine, de l’Allier & du Rhône, n’y ayant que douze
lieues de L yon à Roanne où fe font les embarquemens fur la
riviere de Loire, des marchandifes qui viennent des provinces
ci-deffus & de la Méditerranée, pour être tranfportées à Paris.
O n voit donc que la jonüion de la Somme & de l’Oife fait la
communication de ces rivières, facilite le commerce de toutes
les villes & provinces au-deffus & au-deffous, & qu’au
moyen de la navigation qui peut s’établir depuis l’embouchure
de la Somme dans la mer, à S. Vallery, jufqu’à Paris & Rouen,
il y aura une communication très-commode delaManche avec
laMéditerrannée.
1093. Tout le projet a été divifé en deux parties ; la première,
qui eft entièrement achevée, regarde la communication de
la riviere d’O ife , prife à Chauny, avec celle de Somme, en
la remontant jufqu’à S. Quentin ; la fécondé, qui refte à faire
& dont la dépenfe eft eftiméeà 2500000 livres, a pour objet de
rendre cette même riviere navigable par un canal qui la cô-
Ce projet efl
divifé en deux
parties, dont
la première ,
qui eft achevée
y regarde
lajonElion des
rivières de
Somme 6*