
Defcription
& ufage dis
pontons fervant
à tranf •
porter Us blocs
de pierres pour
former un enrochement.
PI. X X iV .
%• HHGU
jôcC.
170 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
exa&ement le tracé que F on doit fuivre, fur-tout aux ports de la
Méditerranée, où le flux n’eft pasfenfible. On plante auffi un ou
deux pilots à chaque angle, auxquels on attache des perches,
ayant au bout de petites banderoles , afin de rendre les aligne-
mens fenfibles & de fe conduire avec plus de certitude; après
quoi l’on fait travailler de front trois ou quatre machines à curer
les ports, fuivies d’autant d’autres, pour creufer les fondemens
de la jettée jufques au ferme, & afin d’enlever la vafe, principalement
s’il étoit queftion de bâtir fur la jettée quelqu’ouvrage de
conféquence : autrement il feroit dangereux qu’un trop grand
affaiffement n’en causât la ruine.
820. Ces précautions prifes , on a , indépendamment dun
grand nombre de batteaux propres à porter la pierre & le gravier
, d’autres bâtimens de mer appelles pontons, conftruits a
varangue plate, & faits exprès pour aller chercher le long de la
côte & dans les endroits les plus à portée,des blocs de rocher;
les plus gros font les meilleurs, fur-tout pour les contre-jettees,
parce qu’ils préfentent d’autant moins de furface a 1 action de la
mer agitée qu’ils ont plus de malfe à proportion ; on obferve
feulement qu’ils foient de pierre dure & non point feuilletee ,
comme eft celle qui tient du roc ardoifin. Quelquefois on les
trouve tout difpofés à être chargés ,o u bien 011 les détaché par
le pétard. Pour plus d’intelligence, la planche X X IV comprend
les devéloppemens d’un ponton avècfes agrès, dontvoici
la manoeuvre.
Ce bâtiment étant proche de terre , on abaiffe le^ pont-levis
A B , moyennant deux mouffles C , D , l’une attachée au pont
& l’autre au chaffis fervant à cet ufage, pour en tirer un nombre
de traîneaux F & les charger chacun d’un ou plufieurs blocs
à l’aide des pinces ou leviers, après quoi on les attache 1 un
après l’autre à deux cordes entortillées fur l’effieu d’une roue à
tympan , avec laquelle on fait marcher le,traîneau jufques fur
le ponton,en foulageant le frottement par plufieurs rouleaux K;
& iorfqu’il y eft parvenu,on le range de cote pour faire place a
un autre. Indépendamment du fecours de la roue, Ion a encore
celui de quelques poulies de retour I, reprefentees par la
figure 5, que l’on frappe aux mâts, aux montans E , ou aux ar-
ganaux G pour détourner de la direction naturelle les cordes
des traîneaux félon l’exigence du cas. Au furplus, on fuppofe
qu’il y a deux pompes placées en H pour épuifer l’eau du
fond.
Le ponton étant chargé, on le conduit à l’endroit où doivent
être jettées les pierres, moyennantun petit bateau à rame,
fervant auflï à manoeuvrer autour. Le tranfport des pierres fe
payant à la toife cube, on a foin de marquer fur l’avant & l’ar-
riere du ponton, d’après des expériences, la quantité d’eau qu’il
tire félon fa charge, afin d’en pouvoir juger tout d’un coup; &
comme la friponnerie fe gliffe par-tout, on obferve fi le patron
n’a pas introduit de l’eau dans le fond de fon bâtiment,
pour lui tenir lieu d’une partie de fa charge, que l’onfçait pourtant
devoir monter environ à trois toifes cubes par voyage ; c’eft-
à-dire; qu’alors le ponton doit occuper la place de trois toifes
cubes d’eau de plus qu’il ne faifoit auparavant. Au refte, comme
a 1 aide des figures 2, '3 & 4 dè cette planche, il eft aifé de juger'
de tout ce qui appartient à ces fortes de bâtimens , je ne m’y
arrêterai pas davantage.
821. Lorfqu’il s’agira d’établir un mole, il faut en le traçant
obferver de lui donner beaucoup d’empattement; la meilleure
réglé pour avoir la largeur de fa bafe, eft de déterminer d’abord
l’épailfeur LM qu’il faudra lui donner au fommet félon la defti-
Uation, y ajouter le quadruple de la profondeur LN de l’eau ,
afin que le talud d’une de fes deux faces foit environ double de
fâ hauteur LN. Par exemple, fi Fon vouloit faire une batterie en
avant dans un endroit où la profondeur de la mer feroit de vingt
pieds, & que cette batterie dût occuper une plate-forme de
trente pieds d’épailfeur, il faudroit que le mole en eût cent dix
fur fa bafe, afin que fes taluds fuflent chacun de quarante pieds ;
on peut même en donner jufqu’à cinquante, c’eft-à-dire, deux
fois & demie la hauteur,au talud de la face qui fera la plus ex-
pofee aux reflacs de la mer, afin que rencontrant un plan plus
incliné , elle y trouve moins de prife. S’il étoit feulement quefi
tion d’une contre-jettée A LM B , dans un endroit où le fond de
la mer ne fût pas trop vafeux, on pourrait fe difpenfer de lui
creufer une fondation & fe contenter de l’établir tout naturellement
, comme eft ici la bafe AB ; mais quand il s’agira , ainfi
que nous l’avons dit précédemment, d’un ouvrage qui demandera
d’être travaillé avec plus de foin , il faudra alors , en fup-
pofant le fond à la hauteur C D , y creufer l’encaiffement E FH G ,
que l’on remplira de la maniéré fuivante.
822. Pour faire un bon emploi des pierres , nous les divife-
rons en trois efpeces , fans compter les recoupes, cailloux &
gros gravier, fervant à garnir les vuides quelles lailferont entre Y 1
Réglé fur la
maniéré de déterminer
la largeur
de la bafe
d'iui mole relativement
à 14
profondeur do
Veau.
Pi. XXIV;
fig.i.
Dans la Méditer
tance la
mer n éfl point
agitée , mitnt.