
L es JînuoJîtés
des rivières en
diminuent la
fente,par conséquent
la vî-
tejfe ; mais
comme i l ne
fau t pas non
plus qu'elle
fo it trop gran-
de pour la na~
vigation , le
chemin le plus
court n3efi pas
toujours le
plus avantageux.
Ufage desfas
à éclufe pour
modérer la trop
grande vitejfe
d'une riviere y
& la rendre navigable
, quoiqu'elle
ait des
chûtes*
C H A P I T R E I I I .
D e s éclufes propres à faciliter la navigation des rivières.
1047. Nous avons regardé jufqu’ici les trop fréquentes fi-
nuofités des rivières, comme un grand défaut, parce qu’allongeant
confidérablement le chemin d’un terme à l’autre , elles
diminuent la pente qui naît de la différence de leurs niveaux, en
la répandant fur une plus longue bafe. J’entends que fi ces deux
termes étoient éloignés de mille toiles , par le chemin le plus
cou rt, & que le terrein eût régulièrement dix pieds de pente
fur cette longueur, fi les finuofites de la riviere lui font par-
courir dix mille toifes, elle n’aura plus que la dixième partie^ de
la pente précédente, c’eft-à-dire, un pied par mille toifes ; d ou
il fuit que fa vîteffe étant beaucoup moindre, loin d’approfondir
fon lit dans le tems des crues, elle le comblera infenfiblement
& débordera par la fuite dans la campagne. D autre part, fi 1 on
eonfidere que les rivières qui ont beaucoup de pente n ont que
peu de profondeur d’e au , à caufe de fa grande vîteffe qui les
empêche d’être navigables, on verra que le chemin le plus court
n’eft pas toujours le plus avantageux, & qui faut beaucoup de
circonfpection pour redreffer les tortuofités d’une riviere, de
crainte qu’en voulant éviter un inconvénient, on nen ralle
naître un autre plus grand. On ne fauroit donc trop faire de ni-
vellemens, pour déterminer la vîteffe qui conviendra à une riviere
qu’on veut rendre navigable , relativement a la feâion
moyenne de lès eaux, afin de la modifier de façon qu elle pro-
duife une navigation commode: ce qui n’eft pas toujours aife,
fur-tout quand la riviere peche par trop de pente & q u il s y rencontre
des chûtes ou cafcades que les bateaux ne pourroient
defcendre fans danger , & encore moins remonter.
1048. Le feul parti â prendre en pareil cas eft d en foutemr les
eaux,par deséclufes accompagnées de fas,pour faciliter la montée
& la defcente des bateaux, fans qu’ils courent aucun nfque
c’eft à quoi l’on eft parvenu dans ces derniers tems d’une maniéré
fi fimple & fi heureufement imaginée , qu’il paroît qu’on
n’a plus rien à delirer fur ce fujet; on en va juger par la defcnp-
C h a p . I I I . d e s E c l u s e s p r o p r e s a u x r i v i è r e s , j i j
tion d’un de ces fas, que je rapporte a&uellement dans le feul
deffein de mettre le lefteur qui ne les connoît point, en état de
mieux entendre ce qui nous relie à dire fur l ’art de rendre les
rivières navigables, dans tous les cas où elles peuvent fe trouver
.O
n nomme fa s un. baffm LM (fig. 4 & j ) , placé fur la
longueur d’une riviere ou d’un canal bordé de quais, & terminé
par deux éclufes L , M , fituées à l’endroit d’une chûte Z ,
qu’on fuppofe naître de la pente du terrein, & appropriées de
maniéré à fe rendre maître de la dépenfe des eaux & de la hauteur
où l’on voudra les élever dans le fas, afin que les bateaux
que l’on y fera entrer, puiffent palier de la partie d’amont dans
celle d’aval, & réciproquement de celle-ci dans la première, par
le jeu alternatif des éclufes, comme on le va voir.
Je fuppofe que le plancher du fas eft d’environ un pied au-
deffus du lit BP de la riviere du côté d’aval, que par conféquent
danslestems ordinaires les eaux font de niveau dedans & dehors
le fas, pour ne point fatiguer mal-à-propos les portes de l’éclufe
M , qu’on peut alors laiffer ouvertes, au lieu que celle d’en haut
relie fermée pour foutenir la riviere du côté d’amont à une hau-
teurpropre à la navigation ; ce qui fe fait moyennant un déchar-
geoir de fuperficie, par où s’écoule l’eau que le courant fournit
continuellement , & qui vient fe j oindre par un contre-foffé avec
celle d’en bas, après avoir, fi l’on veut, fait tourner un moulin.
Cela pofé, voulant faire palier un bateau de la riviere baffe
dans la haute, on l’introduit dans le fas, après quoi l’on ferme
les portes de l’éclufe M , dont les vannes N font alors baillées.
Aulîi-tôt l’éclufier ouvre celle d’en-haut marquée Q , pour que
l’eau que fourniront les guichets rempliffe le fas jufqu’au niveau
de lariviere du côté d’amont.Comme cela ne peut arriver fans que
le bateau ne monte au-deffus de la chûte Z , on ouvre aulîi-tôt
les portes d’en haut pour le laiffer palier. S’il s’en rencontre un
autre tout prêt à defcendre, il profite de l’occafion pour palier
dans le fas : .alors on ferme les portes précédentes , ainfi que
les vannes Q , & on leve celle d’en bas N , pour faire defcendre
ce bateau jufqu’au niveau de la riviere d’en bas, en ouvrant
les portes qui lui répondent, & les chofes rentrent dans leur premier
état, pour recommencer l’une des deux manoeuvres précédentes
autant de fois qu’il y aura de bateaux à faire monter
ou defcendre, fi le fas tien peut contenir qu’un à la fois ; mais
PI. XLIV.