
»Admirable
'difpojition de
■ Venceinte de
»Carthage. Sa
deftruïïion par
;les dioMiains,
' description
■ du golfe de
fCarthage la
, neuve , au-
j tu r d ’huiÇar-
tfhagene. ' M.;L
38 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
pouvoir découvrir de chez lui tout ce qui fe paffoit dans les
deux ports & dans la rade. La même magnificence fe faifoit
remarquer dans le port marchand, par où il falloit paffer pour
.arriver dans celui des vaiffeaux de guerre ; fon entrée étoit
fermée par deux grands moles qui ne laiffpieut qu’une ouverture
de 20 toifes, défendue d’un rempart flanqué de tours à quatre
étages., au fommet defquelles on allumoit desrfanaux.
610. Si tant de magnifiques difpofitions pour la marine de
Carthage étoient dignes de la plus haute, admiration, l’on conviendra
que les remparts qui renfermoierit la v ille , n’en méri-
toient pas ..moins, Sans parler du grand nonfbre de tours de
quarante coudées de hauteur qui défendoientl’enceinte, & dont
. la plupart étoient autant d’entrepôts remplis d’armes & de machines
propres à la guerre , que penfer de la diftribution faite
dans l’épaiffeur des murs qui fofmoient les courtines, où l’on
avoit ménagé des étables pour trois cens éléphans, & des écu-
,-ries pour quatre mille ...chevaux, avec les magafins contenant ce
qu’il falloit ..pour les, nourrir ? Au-delfus étoient. des cazérnes
pour loger 2.0,000 hommes d’infanteriej & 4000 maîtres.
Comme une mer hériffée de pointes de rochers bordoit
prefque tout le pourtour extérieur de la ville , elle ne pouvoir
être accelfible à l’ennemi que ,du côté de l’ifthme, où elle étoit
fortifiée d’une triple enceinte , dont l’intérieure , faifoit .partie de
la cité , protégée vers l’eft par la citadelle nommée Byrfa,
pi çmiere habitation des fondateurs de Carthage. Tel étoit l’état
d cette fuperbe ville, peuplée de fept cens-mille habitans bien
aguerris, lorfque les Romains, qui en avoient depuis long-tems
juré la perte , vinrent en former le fiége, qui fut fùivi de fon
entière deftruction, l’an 603 de R om e .,u 45 ans avant Jefus-
Chrift,après avoir fubfifté plus de 700 ans , >& régné fur la mer
avec, un éclat qui n’eut jamais d’égal.
-621. Ce fut environ 78 ans avant la deftfuâipn de Carthage,’
Tan de Rome 525 , qu’Afdruhçil, général Carthaginois, frere
•du grand Annibal, fonda Carthage la neuve, aujourd’hui Car-
thagene , .fur la côté la plus méridionale d’Efpagne , dans le
royaume de Murcie. Il y avoit déjà long-tems que cette.fiere
/république avoit formé des établiffemens en Efpagne , dont
les mines d’or & d’argent excitoient fon avarice, lorfquAfd n t-
rbal entama cette grande entreprise dans un golfe merVeiiieufe-
rtnent difpôfé pour remplir fon objet.
* /De tcras les endroits que lanature a pu offrir pourl’étahliffemsat
eHAî>. & D e s p o r t s é t a b l i s p a r l e s a n c ie n s . 3^
d’un bon por t, jamais il ne s’en eft rencontré qui ait eu moins
befoin des fecours de l’art. Ce golfe bordé de montagnes renferme
un grand efpace de mer, où les.vaiffeaux-peuventêtre
toujours à flo t, malgré le décroiffement de fes eaux , fufçepti-
bles du Aux & reflux , à caufe de fon voifinage de l’O c é an , ,
par le détroit de Gibraltar. Il fe trouvoit naturellement fermé
par l’ille Scombraria-, qui ne laiffoit à droite & à gauche que
deux goulets pour le libre paffage des. navires qui pouvoient y
entrer facilement à la faveur du vent fud-oueft. Pour comble
d’avantages, ce golfe çomprenoit dans le font une prefqu’ifle ,
qui ne tenoit à.la terre ferme que par un ifthme fort étroit,
qu’on pouvoir regarder comme une levée qui auroit été faite.-
exprès pour fervir de communication. -
. 622. C ’eft dans cette prefqu’ifle qu^4/2rafe/bâtitCarthagela
neuve, qui en occupoit toute la capacité convenable à une grande
ville ; ainfile pied de fon rempart fe trouvoit prefque par-tout
baigné-des eaux de la mer.- Cependant il eftbon-de remarquer
que du côté d’ouefl:, dans la partie, qü’on nommoit l’E tan g ,,
elles n’avoient qu’environ deux pieds de profondeur pendant
les baffes .marées , fans qu’on eût fongé à fortifier ce côté-là .
de la place plus que-les autres où la mer avoit jufqu’à trente ■
pieds, fur-tout vers le portfitué à l’eft de la ville : toute l’attention
&Afdrubal s’étant tournée principalement fur la partie,
de l’enceinte qui regardoit- Tiftlime, •
Ô23. Les Carthaginois jouiffoient de tous les avantagés qu’ils
avoient efpéré de l’établiffement de ce nouveau p o r t, qui devint
le lieu principal-de leur domination en Efpagne , le refuge
de leurs flottes, le magafin de leur armée, l’entrepôt des
riches dépouilles des contrées Efpagnoles, en un mot le centre
de leur commerce fur la Méditerranée & fur l’Océan ; lorf-
q if environ 18 ans après fa fondation-, Scipion vint fijbitement .-
s’en rendre maître en un feul jour. •
Ce général, prévenu de l’heure où la marée devoit fë reti- -
rer & rendre la ville allez abordable du; côté de l’étang pour
la prendre d’affaut, profita de l’ignorance où étoient fes foldats -
du flux & reflux de la mer, pour exciter leur valeur, en don- -
nant à fon entreprife un air de miracle, Il leur, dit que Neptune-
lui avoit promis d’abaiffer les eaux qui défendoient- l’accès de -
Carthage la neuve, dès qu’il-les conduiroit à l’efcalade; qu’avant -
que d’en venir là, ils jugeroient par eux-mêmes de la proteftion >
que ce Dieu s’étoit engagé de leur accorder. Son armée, tem-.-
Situation de
,Carthage : la.
neuve , b âtie.
/wAfdrubai,
.B rife de Carpar
Scipion a -•
qui f e prévaut ■
du f lu x & re- -•
flu x de la ruer„
inconnus alors
aux S&WuitiîS'