de prife qu'il
eft poffible au
courant des
marées.
Pour ajourer
& garantir le
pied, des pilots
contre les af-
fouillemens,
i l fa u t les
lier enfemble
par des ventrieres
& des
clefs, pofées
fu r le fafcina*
ge y afin de
donner Heu à
un grillage ,
dont les. com-
parümcns Je
templijfent de
pierres.
Suite de
V ajfemblage’
de la•: charpente
pour lacon-
firutüion d'un
fort.
PI. VI.
io o A rchitecture Hyd r au l iq u e , L ivr e III.
de n’offrir à la ronde que le moins de furface qu’il eft poffible k
une mer irritée ; c’eft à quoi il importe fort d’avoir égard félon la
fttuation des lieux, pour difpofer les bois en conféquence,afin
que s’arcboutant réciproquement, ils foient en état de faire
tête du côté où ils auront le plus de fatigue à effuyer. L ’affem-
blage dune pareille charpente demande beaucoup d’art pour
n y employer que la quantité de pièces néceffaires , & jamais
aucune d inutile, ou au préjudice de la chofe , comme cela
arrive quelquefois, lorfqu’on agit fans être guidé par de bons
principes de méchanique.
728. Pour affurer le pied des pilots , on lie chaque rangée de
pourtour, comme E E , d’un cours de ventrieres de 10 & 12.
pouces d equariffage, pofées fur le fafcinage qu’elles retiennent
en place contre tout ce qui pourroit le détruire; ces ventrieres
font enfuite croifées par des clefs AB de même groffeur , en-
caftrees & chevillées enfemble, formant un grillage dont les;
compartimens fe rempliffent de gros quartiers de pierres , afin
d’affermir le plus qu’il eft poffible la bafe du fo r t , qui feroit
bientôt détruit fans ce préfervatif.
729. A 4 pieds au-deffus du niveau des vives eaux, les mêmes
rangées de pilots font encore entretenues par une fécondé
ventriere G H , fervant à foutenir d’autres clefs ou moifes K ,
dont chaque file AB eft embraffée de part & d’autre ; enfuite
tous ces pilots fe coëffent avec des chapeaux I de 12 à 14 pouces
d équariffage, fur lefquels font attachées des poutrelles L de
8 à 10 pouces de groffeur, fervant à-porter la plate forme M
de 3 pouces. Au furplus, pour affurer davantage la folidité de
cette charpente contre les reffacs de la m er, les pilots , clefs
& moifes font encore liés à la ronde par des contre-fiches N
de 10 fur 12 pouces d’équariffage , encaftrées avec renfort &
embrevement.. Autour de la plate-forme eft un parapet O com-
pofe dun nombre de montans entretenus par un chaperon, des
croix de S. André, des entretoifes & arcboutans, toutes ces
pièces ajrant 8 fur 10 pouces, couvertes d’un bordage de 4 pouces
perce de fabords qui ne doivent point avoir moins de 10
pieds d’intervalle pour manoeuvrer facilement le canon monté
fur des affûts marins..
Comme la feule infpeftion des figures 1 , 3 , 5 & 7 fuffit
pour juger du refte, ainfi que de la compofition du corps-de-
garde,qui n’a rien de particulier, je ne m’y arrêterai pas : je ferai
feulement remarquer que la première figure de la planche qui
C hap- V . D es jettées de fascinage. to i
nous fixe préfentement, eft un profil d’une des batteries A B ,
élevées fur les jettées CD E F de Calais, faites avec des coffres
de charpente remplis de pierres , tels qu’on en verra dans le
chapitrefuivant, obfervant que chacune de ces batteries occupe
en longueur fix travées des mêmes jettées, qui donnent lieu
à trois fabords de chaque cô té , tandis qu’on n’en voit ici que
deux marqués G , fe préfentant en face dans la direftion même
de la jettee : ainfi une de ces batteries peut contenir 8 pièces
de canon.
730. Pour préfenter encore un exemple de la difpofition qu’on
peut donner à la charpente d’un fo r t , confidérez, fur les planches
VII & VIII, les développemens de celui qu’on nommoit le
Château-Gaillard, fitué autrefois à la droite de la jettée d’eft à
Dunkerque, fervant à la défendre & à balayer l’eftran du côté
de Nieuport ( art. 5 8 ), Comme la defcription que nous allons
faire de ce château ne peut être bien entendue qu’en confidé-
rant en même tems les deux profils relatifs au plan , on fera
attention que les mêmes pièces repréfentéès en différens fens,
font défignées par des lettres femblables , d’où il fera aifé de
juger de ce qui a été fuivi dans la conllruftion. Le corps de
fafcinage ayant été établi comme il eft dit (art. 721 ) , on commença
par enfoncer cinq files de pilots E , difpofés parallèlement
à la jettée, afin que les pièces qu’il devoit foutenir, fe
trouvant alignées à peu près du nord au fu d , e’eft-â-dire , félon
la direction du cours des marées, elles y fuffent moins ex-
pofées.
Tous ces pilots furent recepés de niveau à 6 pouces au-deffus
du fafcinage , afin de n’avoir que le reliefnéceffaire aux tenons
qu’on y fit pour coëffer chaque file d’un chapeau F ,. fervant
de femelle aux poteaux H qui dévoient foutenir les poutres G
de la plate-forme L du fort élevé feulement de 16 pieds au-
deffus de fa bafe ,q u e les marées ne couvraient jamais que
d’environ 8 pieds d’eau dans les grandes malines, parce que
l’eftran fe trouvoit avoir beaucoup de pente entre les laiffes de
baffe & de haute mer. Toutes ces fermes furent enfuite liées
enfemble par des clefs K & I encaftrées de maniéré qu’elles fe
trouvaffent arràfées avec les folives M. Comme l’angle SPR étoit
le plus expofé à la tourmente de la m er, on l’a arcbouté en appuyant
toutes les pièces O contre le coyer P Q , afin que les
reffacs qu’effuieroient les côtés PS , P R , du nord & de l’eft ,
fuffent réduits à n’agir que fur la diagonale PQ- Au furplus,
Defcription
du Chateau-
Gaillard, qui
défendo it la
jettée d'efi a
Dunkerque 3
avec ce qu'on
a obfervé en le'
confiruifant.
PI. VII 8c
VIII.