470 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e IV,
doit obferver de bonifier d’abord les terreins contigus au courant
, afin de paffer enfuite aux autres plus éloignés ; il eft auffi
avantageux de commencer les bonifications par les terreins les
plus élevés , c’eft-à-dire les plus éloignés de l’embouchure du
courant, & de ceux-ci paner immédiatement aux plus bas 5
par ce moyen les eaux clarifiées trouveront une iffue plus libre
& plus dégagée. Si le canal répondant au courant conduit une
quantité d’eau fuffifante , On peut entreprendre en même tems
des bonifications en plusieurs endroits, en lafaifantpaffer dans
d’autres petits canaux,
Lorfque le terrein qu’on veut améliorer eft fort bas, Sc demande
une hauteur coiifidérable de limon , il faudra au commencement
introduire l’eau trouble du fond du courant, parce
que comme elle entraîne du gros fable, l’attériffement fe formera
plus vite ; mais quand la bonification fera parvenue à une certaine
hauteur, il faudra exhauffer le feuil dé Eéclufe, pour couvrir
de limon le fable précédent, afin de mettre les terres en
état d’être cultivées, obfervant qu’il faut les élever plus qu’elles
ne devraient l’être naturellement, parce quelles s’affaifferont à
mefure quelles viendront à fécher.
Comme ces canaux s’attériffent, à caufe du peu de pente qu’on
leur donne, il faut dans le commencement les nettoyer fou-
vent , parce qu’ils reçoivent l’eau du fond du fleuve ; mais fur
la fin , lorfqu’il n’en faut plus que de limoneufe, on peut laiffer
le canal tel qu’il fera, parce que fon attériffement férvira à exclure
le gravier qui partirgit du fond de la riviere, & ne laiffera
de libreque l’eau de la fuperficie. Si les digues de la bonification
font auffi élevées à peu près que celles du courant, il eft indifférent
delaiffer l’éclufe ouverte ou fermée quand tout le terrein
fera rempli d’eau, pourvu qu’il ify ait point de rupture à craindre
; mais fi elle étoit plus balle, il faut abfolument la fermer,
afin que furyenant des crues elle ne dégorge pas au-deffus des
digues.
Quand il s’a g it, non pas tant de hauffer que d’améliorer Un
terrein, on doit avoir attention à la qualité de l’eau dérivée,
parce qu’il y en a quelquefois qu i, au lieu de fertilifer les fonds
où elle féjourné, les rend ftériles. Si l’on n’a pas d’endroit propre
à recevoir les eaux qui fe font clarifiées, il. faut.les rejétter
dans la partie inférieure du courant par une autre rigole, ayant
une éclufe à fon entrée; & lorfque la bonification fupérieure
fera faite, cette éclufe pourra fervir pour l’inférieure.
Au refte, quand même on ne trouverait pas d’endroit pour
écouler les eaux claires,ils n’en réfulteroit pas un grand inconvénient,
parce que tandis que les dépôts fe formeraient, l’évaporation
qui s’en fera journellement vers leur furface, en abaiffera
le niveau, & fera place à d’autres troubles quon y répandra de
nouveau, tant que le terrein qui la recevra ait acquis une élévation
fuffifante pour produire les écoulemens qui n auront pii
fe faire d’abord.
Il y a auffi des cas où l’on peut faire paner au travers des marais
& étangs, les rivières voifines, fi elles font fort limoneufes,
pour qu’elles comblentfans celle par des dépôts le terrein qu on
veut élever, tant qu’il foit parvenu à la hauteurpropre a le changer
en bonnes prairies ou terres labourables ; mais avant que
défaire un pareille entreprife, il faut bien examiner les dommages
que cette riviere pourra caufer pendant la duree du travail,
le comparer anx bénéfices qu’on en tirera enfuite , afin de voir
fi on n’y fera pas léle* Cette maniéré de defiecher les marais
eft ordinairement de longue durée ; cependant on pourra juger
à peu près de la quantité de toifes cubes de depots qu elle fournira,
année commune,en'faifant des expériences pour connoître
de combien elle fe chargé de limon. Par exemple , on prétend
que le Rhône porte à la mer en matière limoneufe; un dix-fept
centième du volume de fes eaux. ê
Quandune bonification eft parvenue à fort état de perfection,
on doit lui ménager les écoulemens neceffaires pour les eaux
de pluies; c’eft à quoi il faut penfer avant que d'entamer l’ouvrage
, parce que les premiers canaux pourront fervir fi 1 on a
eu foin de les bien fitüer. . . . . § , , .
1191, S’il étoit néceffaire de deffécherün terrein bas ou les
eaux ffieuffent point d’écoulement, & qu on fût privé d’avoir
dans le voifinage une riviere propre à former des attériffeniens,
il faudrait y faire aboutir les ravines de toutes les emmences a
portée de-là, afin que les eaux de pluies y entraînent toutes
fortes de matières terreufes, tant que les attériffemens fe foient
élevés à une hauteur convenable pour n’y plus faire paffer que
du limon ; car il faut fçavoir s’aider de tout ce qui fe préfente,
& ne pas croire que l’on trouvera toujours les chofes à fouhait.
Il peut encore arriver qu’on rencontre un terrein bas, fujet
aux inondations, comme ferait une prairie qui n’auroit pas
découlement, il faut la couper par des foffés qui aboutiffent à
des puifards, dont on élevera 1 eau dans des auges, pour la con-
Qucl cp le
parti qu'il
fa u t prendre
pour ilever le
même terrein,
lorsqu'on n’a
point de riviere
à portée
dé-là.