
A t t e n t i o n
qürïl convient
d ’avoir quand
les Canaux
a’ écovlement
vont Je décharger
dans
la mer,
468 ARCHITECTURE HYDRAULIQUE , LIVRE IV'.
fituation des lieux, il n’y a point de doute qu’ayant de la pente'
le deiîéchement général ne-s’enfuive peu après.
Il faut avoir attention d’éloigner des bords des canaux & r i'
goles les terres provenant de leur excavation, en y ménageant
une berme, afin que les pluies ne les rapportent point ; de même
, s’il eft néceffaire d’y élever des digues, il faudra en régler
le talud du côté des conduits de maniéré qu’elles ne puiffent
j-amais s’y ébouler, & avoir pareille attention lorfqu’on les né-
toyera. Cela eft fi naturel que je me ferois difpenfé d’en parler,
fi je ne m etois apperçu qu’on n’y avoit point eu égard aux canaux
d’écoulement qu’on a fait pour deffécher les territoires de
Tarafcon & d’Arles en Provence.
Comme les marais font ordinairement remplis de rofeaux &
leurgafon de mauvaifes racines , il convient, après le defleche-
ment, de peler tout ce terrein fur la profondeur d’un fer de lou-
chet, c’eft-à-dire jufqu’à la bonne terre, de faire fécher & brûler
énfuketout ce tiffu, & d’en ramaflèr la cendre qu’on répandra
fur la fuperficie du terrein defféché, après l’avoir bien labouré $
ces cendres échauffent la terre de façon à la faire changer de
nature, & la rendent d’un excellent produit, tant pour le hibou-
rage que pour en faire de bonnes prairies.
1189. Les canaux d’écoulement qui ont leur embouchure à
la mer, demandent encore plus de fujettion que ceux qui vont
fe décharger dans un fleuve , pour les préferver des dommages
que le flux & reflux peuvent leur caufer, aufti-bien que les bou-
rafques qui furviennent. Nous avons parlé ( article 2 ) des dunes
qui lui fervent de digues en bien des endroits, indépendamment
de celles qu’on éleve pour-empêcher qu’elle ne-fe répande
dans le pays. Comme il faut y faire -des coupures pour la
décharge des eaux douces, on fentla néceffité d’y avoir de bonnes
éclufes qui feferment d’elles-mêmes dans le tems de labaute
mer, & s’ouvrent quand elle eft baffe, afin dé donner lieu aux
éooulemens; e’eft pourquoi on fera bien de relire les articles
574 & 575, oit nous avons expliqué Ces fortes d’éclufes ;
on en a fait un fi bon ufage en Hollande, qu’on eft parvenu
à deffécher des pays tout entiers, qui font aujourd’hui les
plus riches provinces de cette laborieufe république. Comme
ce n’eft guere que par l’imitation de ce qui a été exécuté de mieux
qu’on opéré fûrement, je confeille à ceux qui feront de grandes
entreprifes de la nature de celles dont nous parlons, d’aller
s’inftruire fur les lieux même, où ils apprendront une infinité
C hAP.XUI» DU DESSECHEMENT DES MARAIS. 469
de circonftarices que je rapporterais à peine dans un amplevo-
îume. En effet , que de chofes à dire fur le choix des endroits
propres aux embouchures des canaux d’écoulement, pour 11’être
point enfablés par la mer, & pour éviter que les éclufes ne
l’oient détruites par fon impétuofité ! Il faut, autant qu’il eftpof.
fible, que l’embouchure de ces canaux réponde à des ports ou
â de fimples havres qui les mettent à l’abri d un gros tems; alors
on pourra peut-être tourner les eaux douces al avantage de ces
ports, pour les curer par le moyen des éclufes de chaffe ; mais
à quelques endroits que foient ces embouchures , il faut faire
enforte qu’elles ayent le plus de profondeur d’eau qu il eft pofli-
ble, afin que s’échappant avec violence, elles entraînent ^tout
ce que la mer y apportera, & qu’elles fe creufent elles-memes
une lortie ; c’eft pourquoi on fera peut-etre oblige den foutenlr
,1a hauteur avec des.jettées» ’ ;
-Quand on entreprend de deffécher une grande étendue de
•pays, il faut voir fi le canal principal qui recevra les eaux de
toutes les rigoles qui viendront y aboutir, ne pourra point être
-tourné à l’ufage de la navigation , & agir en conféquence pour
fon exécution» C’eft la propriété qu ont prefque tous les canaux
•d’éGoulement qu’onvoit en Hollande, quifont autant débranchés
pour le-commerce de l ’intérieur du pays, lelquelles fe.reunif-
-l’ent enfuite à celui que les villes maritimes font avec le dehors
» Comme ces grands objets appartiennent plutôt aux gou-
vernemens qu’à des particuliers qui voudraient bonifier^ leurs
•Cantons,, il eft jufte de,leur fournir aufli de quoi les fatisfaire.
1190. Quandon veut améliorer des-fituations,qui fontfi baffes
qu’elles ne peuvent avoir d’écoulement par aucun endroit,
il fautfe fervir de lanature.même pour lps elever, en faifant en-
forte que les eaux troubles des rivières^ ou autres courans a portée
de-là, y dépofent des attériffemens. Pour empêcher que ces
eaux ne s’étendent trop, il faut les retenir par desdigues dont on
bordera le marais auX endroits où elles pourraient s épancher.
On leur ménage des rigoles accompagnées de petites éclufes
pour la décharge de fuperficie de celles qui fe feront clarifiées ;
de même, on pratique d’autres éclufes fur les bords du courant
, aux endroits où 1 on aura fait des canaux pour en derivei
les eaux, afin d’être 1e maître de îl’en tirer que la quantité qu’on
voudra. Quoique'ces digues doivent renfermer le plus d’efpace
que l’on pourra, il faut cependant en proportionner 1 eten-
due à la quantité d’eau trouble que l’éclufe pourra fournir. On
t)e quelle
maniéré on
peut faire
ufage des ac-
coulins ou at-
térijfemens ,
pour élever les
lieux bas auf-
quels on ne
peut donner
d’écoulement.