
I t faut avoir
grande attention
à ta qualité
des eaux
dTfpofer § &
voir fe elles ne
font pas contraires
aux.
productions, de
la terre, divinement
remarquable
à ce fu*
je t .
476 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e IV.
paffer relativement à fa vîteffe & au trajet quelle fera obligés-
de faire. Il y a plus d’art qu’on ne penfe à faire équitablement
cette diltribution, pour qu’un héritage ne foit point favorifé:
au préjudice d’un autre; cependant on en vient aifément à.bout
dès qu’on eft prévenu des réglés fondamentales de l’hydraulique.
Gomme j’ai enfeigné dans la première partie de cet ouvrage
( livre I , chap. III. ) ce que l’on pouvoit dire de plus ef-
fentiel fur la mefure des eaux courantes, j’y renvoie pour abré--
ger. J’ajouterai feulement que s’il arrivoit qu’il n’y eût point de;
riviere dans le pays que l’on veut arrofer, mais qu’il fe recontrât
dans le voifinage une quantité de fources que l’on pût raf-
fembler dans un réfervoir, comme on a fait.à celui de Saint-
Fariol ( article 1088 ) , il faudrait de même en foutenit les-
eaux par une digue , & faire un canal pour les conduire dans les-
tems de féchereffe aux termes de leurs défoliations.-
Il eft effentiel d’établir un bonne police pour la diftribütioii
des eaux, afin de régler le tems où il faudra les donner,& celui-
qu’on pourra les garder. Cette police eft déjà allez bien ob--
fervée dans la plupart des lieux où il fe fait des arrofemens publics
; ainfi on pourra s’y conformer, en ajoutant ou retranchant
ce que l’on jugera convenable aux circonftances des lieux; c’eflf
pourquoi je ne m’y arrête point,
119 5. Il ne fuffit pas d’avoir des eaux que l’on puiffe conduire'
pour l’arrofage des terres, il faut fur toute chofe favoir auparavant
fi elles y font propres, & fi elles ne deviendront pas plus
nuifibles qu’avantageufes ; c’eft de quoi l’on pourra juger en
examinant l’effet qu’elles produifent dans les cantons où elles fe
répandent. Comme il pourroit arriver quelles foient bonnes en
remontant vers leur fource , & qu’elles deviennent roauvaifes
en coulant dans des terreins qui les gâtent, le plus fûr moyen
de favoir à quoi s’en tenir, eft d’éprouver l’effet que produiront
celles qu’on prendra au-deffus du point de dérivation, en
les répandant fur des plantes du lieu que l’on veut arrofer. L’expérience
que voici fera voir combien il faut être circonfpeÊt avant
que d’entamer l’exécution d’un projet d’arrofage,
M. Gautier rapporte dans fon traité de la conjlniclion des
chemins, qu’ayant été chargé par M. Arnou, intendant général
de la marine, d’examiner s’il n’y aurait pas un moyen de dériver
des eaux du Rhône,ou Re quelques autres rivières,pour les conduire
dans une de fes terres,fituée dans le comté d’Avignon ,
il reconnut après plufieurs nivellemens , qu’on n’en pouvoit
C h a r . XIV . d e s C a n a u x d ’a r r o s a g e . 4 7 -y
avoir que de la riviere d’Aigues qui paffe proche d’Orange. En
conféquence, il fit un état de dépenfe pour un petit canal qui
ferviroit d’abord d’effai, afin de voir fi les eaux arriveraient à
leur deftination,, & qu’on élargirait enfuite après en avoir reconnu
l’utilité. Ce projet ayant été remis à M. A rn o u , il le fit
exécuter, & les eaux de la riviere d'Aigues arrivèrent en effet
fur les terres de Rochegarde , pour y arrofer un canton aride,
où il ne croilïbit que peu de pâturage : mais quel fut l’étonnement
de'M. Arnou, lorfqu’un an après on s’appercut que les
eaux de cette riviere, répandues fur le terrein qu’on arrofoit,
empêchoient que l’herbe n’y crût, &faifoient mourir les plantes
quelles humeaoient ! On rechercha la caufe d’un événement
auflx fatal, & l’on reconnut qu’elle provenoit d’une terre blanche
comme de la craie, dont ces eaux étoient imprégnées, qui
portoit la ftérilité par-tout où elle féjournoit.
1 19 6. Le vice le plus ordinaire des eaux que l’ôn rire immédiatement
des montagnes, vient de leur trop grande crudité ,
capable de porter plus de préjudice que d’avantage aux terres
qu’elles arrofent. Quand il s’en rencontre de la fo r te , il faut,
à la naiffance de chaque rigole de diftributidn, faire un bafiin
où elles puiffent féjourner avant que de s’en fervir, afin qu’elles
s’y adouciffent. Si on n’a pas de lieu propre pour ces baflins,
ou que l’on ne veuille point fe priver de la culture du terrein
qu’ils occuperaient, chaque particulier pourra faire paffer au
travers d’un amas de fumier l’eau qui lui appartiendra, pour lui
faire changer de qualité, & en contra&er une excellente, provenant
des fels nourriciers qu’elles emporteront avec elles.
D ’autre part, les parties du fumier feront auffi entraînées &
répandues fur tout le terrein qu’on arrofera ; c’eft pourquoi il
faut de tems en tems en renouveller les amas. Si dans les cantons
que doit parcourir le canal principal, il fe-rencontroit des
terres marnéufes, propres à engraiffer les champs, il faudrait, fi
cela fe pouvoit fans lui faire faire un trop grand écart, le conduire
par ces endroits-là, afin d’en bonifier les eaux; parla raifon
contraire on prendra bien garde de ne pas faire paffer le même
canal dans un terrein qui aurait une qualité pernicieufe ; en un
mot, il faut en étudier la nature, & fe conduire en conféquence.
1197. Il y a peu de pays qui n’aientbefoin d’être arrofés,quelle
qu’en foit la fituation, parce que les pluies viennent quelquefois
trop tôt & quelquefois trop tard, & le plus fouvent mal-à-pro-
pos : d’où il réfulte beaucoup de dommage aux biens de la cam-
L a trop graff.
de crudité des
eaux peut être
corrigée en la
faifant filtrer
au travers du
fumier.
Moyennant
les arrofemens,
on peut changer
une terre
labourée en