
î)efcriplion
du port d’ O f-
t i e , formé par
Vempereur
Claude, pour
procurer I ntendance
à
Rome.
Idée du port
dJln.c6ne s
conflruit par
l ’ empereur
Trajan.
p A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
blanc, offrait le plus magnique fpe&acle qu’on eût encore vü ;
fans parler de ce qu’il fervoit à l’ornement de la ville, où il y
avoit un bel amphithéâtre , un fuperbe pont fur la Marechia,
& un arc de triomphe confirait auffi en marbre»
646. L ’empereur Claude voulant attirer l’abondance à Rome,
entreprit le grand projet conçu par Jules Cefar, de conftruire
unq nouvelle ville & un port â la droite de l’entrée du T ib re,
vis-a-vis O ftie , dont elle portât auffi le nom , comme fi les
deux n en avoient fait qu’une feule, traverfée par le Tibre»
Quoique ce deffein fut d’une dépenfe énorme & d’une très-
difficile execution, nul obftacle ne put l’empêcher de le conduire
à fa perfe&ion ; il fe réduifoit principalement à creufer en terre
ferme un vafte baffin pour recevoir les eaux de la mer ; & afin
de le garantir des affablemens, il fit élever à fon entrée deux
jettées, difpofées parallèlement, formant un chenal qui alloit
en ferpentant, pour empêcher que les vagues ne fe portaffent
®n droiture dans le port. On bâtit en avant de ces jettées un
môle en forme d’ifle, fur lequel fut élevé un très-beau phare.
Autour du p o r t , on avoit ménagé toutes les commodités
propres à la marine & au commerce, principalement des quais
accompagnés de galeries en arcades foutenues de colonnes de
marbre , répondant aux magafins pour les marchandifes. Quelque
tems après, Trajan augmenta la capacité de ce p o r t, en
lui donnant plus d’enfoncement, & le porta à un point de magnificence
qui furpaffoit tout ce qui a jamais été exécuté'par les
Romains. Ce port ferait peut-être encore aujourd’hui l’objet de
notre admiration, fi le Pape Grégoire X ns l’avoit détruit, de
crainte que les Sarrafins ne s’en prévaluflent contre le repos de
Rome. *
i 647. Trajan, non content des augmentations qu’il avoit faites
a la nouvelle Oftie, voulut encore fe fignaler par la conftruftion.
d un autre port près d’Ancône. Il prit toutes les mefures poffi-
bles pour le rendre le plus commode qui fut jamais; & afin de
le garantir de la rapidité des courans, il le forma en coude, &
1 embellit de tous les ornemens dont il pouvoit être fufceptihle,
principalement d’un arc de triomphe , dont on voit encore de
forts beaux reftes.
C H A P I T R E I I I .
Defcnptiori des ports tes plus confidérables établis par les
modernes , avec des obfervations injlrudives fur ce qu’ils ont
de particulier.
S I la plupart des anciens ports d’Italie font aujourd’hui hors
d’état de fervir, en récompenfe les fouverains à qui ce beau
pays eft tombé en partage , y en ont fait ou bonifié nombre
de nouveaux qui ne le cedent gueres aux précédens : tels font
entr’autres ceux de Naples, de Ligoume, de Gênes, & de
Civita-Vecchia.
648. Le port de Naples paffe, avec raifon, pour le plus con-
fidérable des côtes d’Italie, par fa pofition & les avantages de fa
figure. Il eft dans une baye fort fpacieufe , parfaitement abriée
depuis l’oueft jufqu’au nordnord-oueft, parles ifles d’Ifele & de
Procyla, & par le promontoire Mifene ; & au fud fud-eft, par
le cap Campanelle & l’ifle Cabrita; de forte que fa rade ne peut
être battue que dès vents du fud-oueft. Son entrée la plus ordinaire
eft entre les M e s d’Ifele & Cabrita. On y peut louvoyer
en toute sûreté , jetter l’ancre autour dans nombre de petites
anfes , & choifir les plus favorables à fe garantir du vent tra-
verfier.
Au fond de cette baye eft la ville de Naples , belle & magnifique
, fituée fur un terrein qui s’avance à la mer & forme
un coude ou eft renfermé le p o r t, couvert par un très-beau
m o le , d environ deux cens toifes, avec un crochet de cent
v ing t, pour empêcher les navires d’être incommodés du re-
moux ; 011 mouille dans ce port à quatre & cinq braffes d’eau.
Comme il eft beaucoup plus élevé que le fond de la baye , qui
en a au milieu jufqu’à cent vingt de profondeur, cette grande
pente fait que le mouvement de la mer le nettoie aifément.
Ô49. Le port de Ligoume, un des plus commerçans d’Italie,
n’eft pas moins fameux que le précédent. Il eft établi au fond
du golfe de même nom , vers les embouchures de l’Arno en
Tofcane ; on 1 a divife en grand & en petit port. Le premier
rendu fort commode par le moyen d’un magnifique mole, eft
deftine aux vaiffeaux marchands ; & le fécond, accompagné de
Defcription
de la rade &
du port de N a ples.
Defcription
du port de L i '
gourne.