
Application
des épis , pour
rafer des attê-
rifle mens.
PI. XXXV,
fig.j.
198 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
il arrivera la même choie a toutes les autres lames qui rencontreront
les bafes telles que R S , X F , le triangle incliné N Q D ,
oblique à la rive A C , rejettera néceffairement le courant modifié
vers la droite, mais toujours de moins en moins depuis
le fond jufqu’à la furface, où il n’y aura que peu de différence
dans les vîteffes de fa largeur.
Il fuit de là que dans les grandes crues les eaux auront bien plus
de liberté des’écouler que fil’épi étoit de figure paralellipipede;
ainfice fera principalementvers le fond de leur lit quelles opéreront
fur l’attériffement qu’on voudra rafer dans le tems même
de leur hauteur ordinaire : tems qu’on ne fauroit trop mettre
à profit, puifque c’eft celui qui a le plus de durée. Au refte,
je paffe fous filence plufieurs remarques fur la preference^ que
méritent les épis triangulaires , parce quelles feront aifées à
appercevoir pour peu qu’on y reflechifle.
1015. Je crois avoir allez expliqué les effets que produi-
fent les épis, pour paffer à l’application qu on en peut faire a
réparer les rivières en mauvais état, en commençant par montrer
comment on peut contraindre le cours des eaux de rafer les
attériffemens qui s’y font formes,fans etre oblige demployer
les forces humaines, fur-tout lorfque les depots font au-def-
fous dèsplus baffes eaux, & qu’on ne peut travailler a fec. Nous
enfeignerons enfuite la maniéré de relever les endroits plus profonds
que le lit du fleuve, & ce que l’on peut pratiquer pour
travailler à peu de frais ; mais de quelque maniéré quon s y
prenne , le point effentiel eft d’attaquer la caufe des atterilie-
mens, de crainte qu’ils ne renaiffent quelque tems apres les avoir
détruits, autrement ce feroit toujours a recommencer.
Suppofons que dans un fleuve qui étoit régulièrement di-
figé il s’eft formé le long de la rive droite C D un atténué-
ment GH IK LM qu’on veut détruire ; il faut choifir le tems
des baffes eaux pour conftruire un épi EF dans l’endroit le plus
convenable , afin quefaifantun angle obtus avec la rive A E ,,
il renvoie les eaux de la maniéré la plus avantageuse fur 1 atte-
riffement dont il s’agit. Comme il convient d’en faciliter l'action,
il faut couper ce terrein par plufieurs tranchées 1U , J t r ,
& c paralelles entr’elles, dirigées de maniéré qu’une partie du
courant les enfile & s’échappe par une ou plufieurs autres trân-
chées HL qui croiferont les précédentes, obfervant que la plus
prochaine de la digue en foit allez éloignée pour que celle-ct
n’en reçoive point de dommage.
1016. Les chofes ainfi difpofées, il eft évident que le courant
forcé de fe gonfler dans la partie fupérieure, coulera avec
beaucoup de rapidité par le paffage N I , fur-tout dans les tranchées
qu’on aura faites, où il émouffera les angles des compar-
timens ou petites illes quelles formeront „dont la capacité ira
toujours en diminuant avec d’autant plus de célérité que ces
tranchées feront plus profondes ; c’eft pourquoi il faut, s’il eft
polïïble, les creufer jufqu’au niveau du lit uniforme des eaux.
On peut encore les aider en faifant des_fillons avec la charrue,
& conftruire dans leurs intervalles des files de clayonnages,
comme il eft dit article 540, afin que dans le tems des crues le
fleuve ronge aulfi la furface des mêmes compartimens ; en un
mot on doit féconder la nature en tout ce que l’art peut y mettre
du fien : c’eft de quoi nous donnerons des exemples dans le
chapitre fuivant.
1017. Comme il convient de ne laiffer fubfifter l’épi que jufqu’à
l’entiere fuppreflion de l’attériffement, de crainte que cet
épi n’en occafionne d’autres R , S , dans les angles qu’il formera ;
on peut fe contenter de le conftruire avec des gros gabions remplis
de pierres ,& le revêtir de claies du côte oppofe au courant,
ou bien l’on fe fervira de palplanches attachées à des ventrieres
étayées, & foutenues par des pilots. On peut auffi fe fervir de
cailles, comme celles dont il eft parle dans 1 article 8 5 1 , & les
lefter autant qu’il fera poflible, pour les conduire dans la place
qu’elles doivent occuper, qu’on aura eu foin de préparer pour
les recevoir ; voulant les fixer, 011 y fera entrer 1 eau afin d en
augmenter le poids (8 5 9) ; & fi le courant eft rapide, il fera bon
de les appuyer contre des pilots enfoncés par intervalles. Lorfque
cet épi aura rempli fon objet, on en epuiléra 1 eau, afin de
remettre les cailles à flot pour les conduire où l’on voudra; riais
ce qui vaut mieux que toutes ces pratiques, & ce qui eft d’une
expédition bien plus fimple, c’eft d’employer le radeau ou épi
ambulant exprimé fur la planche X I I , décrite dans l’article
768, que l’on feroit bien de relire. L ’ufage de cet épi fera d autant
meilleur, qu’ayant fa furface inclinée, elle renverra mieux
le courant fur la partie qu’on a deffein de détruire ; & quand
on voudra lui donner les propriétés d’un épi triangulaire , il
fuflira d’enterrer fa bafe dans une tranchée dont la profondeur
augmente à mefure qu’on approchera du milieu de la largeur
du fleuve, afin que la tête de cet épi n’ait de relief que celui
qu’on jugera convenable de lui laiffer pour ne point trop gêner
De quelle m<ù
niere un courant
opéré fur
les attériffemens
, lorf-
quon le fait
gonfler par un
épi.
Divers
moyens de for-
mer des épis
ambulant.