
qui défendaient
la tête
df.t jettées de
Dunkerque*
PI. VIII.
98 A rchitecture Hydrauliqu e , L ivre III.
on ne veut point les faire en maçonnerie, quoiqu’elle foit préférable
à tous égards. Tels furent les forts Yert & de Bonne-Efpé-
rance, qu’on éleva en 1680 au bout des jettées de Dunkerque,
dont ils étoient féparés par un intervalle de 8 à 9 toifes, afin de
n’être acceflibles du côté de la gorge que par un pont, comme’
on en peut juger en jettant les yeux fur le plan de cette place |
planche 2 du premier volume, relatif aux articles 42 & sa .
On aura une idée de ces fortes de forts , en confideranf le
plan de celui de Bonne-Efpérance, rapporté fur la planche 8 ,
où l’on remarquera que du côté de la mer, on lui a donné la
figure d’un fer-à-cheval, pour 'mieux découvrir la rade, qui fe
trouvoit balayée par 2 5 pièces de canon, dont 9 ou 1 o fervoient
à défendre l’entree du chenal, & la tête du fort V e r t , parce
que la jettée d’oueft répondant au courant de la M anche, étoit
plus avancée que l’autre ; c’eft pourquoi la branche droite de ce
premier fort avoit plus d’embrafures que la gauche , où étoit
unebatterie de deux gros mortiers,bienplus capables encore que
le canon , d’éloigner les vaiffeaux ennemis. A l’égard du fort
V e r t , on l’avoit fait plus long que large , afin qu’il pût mieux
flanquer le côté de l’e ft, qui étoit le plus critique. L’un & l’autre
de ces forts étoient retranchés par la gorge, afin que l’entrée fe
trouvât défendue par deux flancs, de crainte que l’ennemi venant
à fe rendre maître des jettées , il ne s’en prévalût contre des
pofles auffi avancés en mer; mais il n’y avoit de ce côté-là
qu’un fknple parapet crénelé avec quelques fabords,poury placer
du canon en cas de befoin ; au lieu que le parapet qui regardoit
la mer, étoitbeaucoup plus folide, ayant 6 pieds d’épaiffeur fur 7
de hauteur, & étant formé par des coffres de charpente compofés
de poteaux, entretoifes, chaperons & croix de S. A n d r é le tout
couvert de bordage; l’intérieur étoit rempli de bonne maçonnerie
â l’épreuve du canon. Les embrafures étoient pratiquées à 12.
pieds d’intervalle de milieu en milieu , & accompagnées d’une
plate-forme de madriers , comme on en peut juger par le plan ,
ainfi que du bâtiment comprenant un magafin à poudre A , un
autre B pour les uûenciles, un logement C pour le concierge, un
corps-de-garde D pour l’officier commandant le détachement,
un autre F pour les foldats , un logement G pour les cano-
niers , un entrepôt H pour les gargouges , un veftibule I , & le
palTage E de la porte du fort. Je pafle fous filence les guérites
L , les latrines. K ,. le pont-levis M & le dormant N qui com-
muniquoit avec celui de la jettée adjacente. Ces forts étoient
C hap.V . D es jettées de fascinage. 99
bien fraifés &paliffadés, pour les garantir des furprifes ou attaques
de vive forcq dans le tems de la baffe mer; ils avoient de
plus une risberme fort étendue, qui les préfervoit des dommages
que la mer aurait pu leur caufer ; c’eft de quoi l’on jugera
par la defcription que voici d’un autre fort à peu près dans le
même g o û t, exécuté au port de Calais, dont nous avons fait
mention ( art. 509 du volume précédent ) ; le détail que nous
allons donner de fa charpente, nous difpenfera de rapporter
celle qui regarde les deux précédera, dont il fera aifé de juger,
le méchanilme en étant à peu près le même.
726. Pour conftruire folidement un fort de charpente, il faut
d’abord donner toute fon attention à garantir le pied des pilots
des affouillemens que l’aftion des marées ne manquerait pas de
caufer, fi elles' avoient prife fur le fable qui les entoure. Pour
cela l’on commence, quand la mer eft baffe, par régaler le ter-
rein , que l’on approfondit d’un pied au deffous du niveau de
l’eftran, pour y pofer plufieurs lits de fafcines bien piquetées &
clayonnees, formant enfemble un relief de 3 ou 4 pieds d’épaiffeur
, terminé en glacisTôut autour de la bafe que doit comprendre
le fo r t , afin de l’envelopper d’une risberme d’environ 2 5
pieds de largeur, couverte d’un grillage garni de pierres, comme
il eft expliqué (art. 72 2 ). Cette précaution prife, on enfonce
à travers le fafcinage tous les pilots qui doivent foutenir la plateforme
ou le rez-de-chauffée du fo r t, en les difpofant comme
ils font marqués dans la figure 7 , enforte qu’ils ayent environ
10 pieds défiché, plus ou moins, félonie terrein ? lequel étant
connu, l’on jugera de leur longueur par la hauteur où montent
les vives eaux , en faifant attention que la tête de çes pilots foit
arrafée à 8 ou 10 pieds au-deflùs des plus grandes marées, pour
que dans une tempête , les vagues n’incommodent point la
garde. Quant à la groffeur de ces pilots, il eft naturel de la proportionner
à leur longeur, obfervant que s’ils avoient 24pieds,
on ne peut leur donner moins de 11 pouces d’équariflage, que.
l ’on augmentera (l’un pouce à mefuré que la longueur precedente
croîtra de 3 pieds ; ainfi çeux de 30 auront 13 fur 13
pouces , & ceux de 36 pieds 15 fur 15 pouces de groffeur.^
727. Comme le fort que nous rapportons ici fait face a la
mer du large, on remarquera que les files de pilots A , B ,
font alignées de maniéré que leurs prolongations aboutiffent
toutes au même point C , milieu dé la gorge , tel que feraient
les rayons ci un demi-cercle divifé en parties égales, afin
Maniéré de
préparer le ter»
rein fu r lequel
on veut élever
un fort de
charpente. DU
menfions qu’ il
fa u t donner
aux pilots.
PI. VI. fïg.
I j J * J & 7 *
On doit diriger
les files
de pilots . de
inanicre qu elles
n'offrent
que le moins,;