
Origine- de
Marfeille,
Dejcription
de la rade &
du port de
Marfeille..
Elle eft d’ailleurs défendue, comme nous venons de le dire, par-:
quatre forts , qui font la greffe Tour & le fort de S. Louis àï
l’eft ; celui de l’Eguillette & la To ur de Balaguer à l’oueft ,
fans parler des autres batteries répandues fur la côte.. Au fur-
plus la montagne de Condon & celle de Notre -Dame de la;
Garde , défignent de fort loin l’entrée de cette rade,. ce qui eft
un grand avantage pour les bâtimens étrangers qui ne connoif--
fent point particulièrement la côte..
65 5. L ’on prétend que Marfeille', aujourd’hui une des plus;
belles & des plus opulentes villes de France, dont le floriffanti
commerce s’étend dans toutes les parties de la terre , doit
fon origine à une colonie de Photiens en Béotie ,. province;
de Grece, qui vint s’établir en Provence l’an 164 de Rom e , &
590 ans avant l’ere chrétienne.; Les Marfeillois paffent pour
être les premiers qui ont apporté de la Grece dans la Gaule le
goût des arts & des belles-lettres, ayant établi, dès lanaiffance
dé leur ville des. écoles où la jeuneffe venoit de toute part
s’inftruire, même celle de Rome. Nés aufli valeureux qu’ils;
étoient civilifés, ils foutinrent-, avec avantage, diverfes guerres-
contre les Carthaginois,les Liguriens & les Gaulois, fans avoir.'
jamais rien eu de fâcheux à démêler avec les Romains, & dont
ils ont toujours été les plus fideles alliés. La puiffance & les-
forces des Marfeillois devinrent fi confîdérables, qu’ils fie virent
dans la fuite en état de bâtir plufieurs villes, entr’autres Nice „
Antibe & Agd e , qu’ils peuplèrent du nombre prodigieux d’ha--
bitans dont s’étoit accrue leur capitale..
656. Pour me borner à ce qui regarde fon port ,• il eft
fitué à l’eft au fond d’une baye qui lui fert. de rade, félon la;
judicieufe maxime des anciens ; mais cette rade ne vaut pas, à
beaucoup près, celle de T o u lo n , parce que les vaiffeaux y font
battus des vents du fud & fud-eft , n’étant à l’abri que de:
ceux d’oueft & fud-oueft. Elle comprend vers fon milieu, vis--
à-vis la ville , trois petites ifles occupées par le château D i f ,
le fort de Rotoneau & celui de Pomegue, qui défendent parfaitement
cette rade /conjointement avec une quantité de batteries
placées à la ronde fur la cô te , qui croifent de toute part,
avec celles des forts précédens. L ’on mouille dans cette rade,
par 4 , 5, <5, 7 à 8 braffes d’eau, plus ou moins, fûivant qu’on;
eft-éloigné de terre ; car à certaine diftance, ily en ajufqu’à 45 .
Le port, qui eft renfermé dans la ville , & qui a été en partie
creufé avec des machines à cuillère a fon entrée de 45
C h a p . IR. D es Po r t s é t a b l i s p a r l e s m o d e r n e s . 59
toifes de largeur fermée par des chaînes foutenues fur des piliers
de pierre qui ne laiffent de libre qu’un paffage de 17 toifes,
qu’on ferme à clef pendant la nuit. Cette entrée eft bornée au
fud par uiie bonne citadelle, & au nord par le fort S. Jean,
qui la rendent abfolument impraticable aux navires mal intentionnés
; c’eft pourquoi je la cite comme un exemple digne
d’attention. Elle a , au furplus , un avantage unique, qui eft
d’être entièrement couverte de la greffe mer & des vents ,par
un petit promontoire qui s’avance du fud au nord , ne laiffant
aux vaiffeaux qu’autant de paffage qu’il en faut pour entrer aifé-
ment dans le port ; de forte qu’on peut dire qu’il n’y en a point
dont l’accès foit plus heureufement difpofé, comme l’on en
pourra juger par le plan gravé de Marfeille que l ’on vend dans
cette place, y en ayant peu qui le valent pour la jufteffe.
* Ce port, avantagé par Louis X I V du droit de franchife, en
ï66c) , a été long-tems l’afyle des galeres de France, qui ont
donné lieu à ce monarque d’y faire de magnifiques formes pour
leur conftrutlion, & un arcenal où l’on voit une des plus belles
fales d’armes qu’il y ait en Europe; mais les galeres & le corps
qui leur étoit affefté ayant été réunis à la marine de Toulon ,
le port de Marfeille eft devenu entièrement marchand depuis
1748.
657. A l’égard d’Antibes, je dirai en paffant que cette ville . .
fut unie au domaine du comté de Provence en 1608 , par iufn'i'An-
i’acquifition qu’en fit Henri 1e Grand ; qu’elle fut enfuite fortifiée ,ihcspar
Louis X I I I & Louis X IV , qui l’ont mile en l’état où elle eft P1, ln‘
aujourd’hui. L’on voit par le plan que nous en rapportons, que
l’on a profité anciennement du havre que la nature avoit formé
en cet êndroit-lâ, pour y établir un petit port marchand,
e u Amplement de refuge. Comme il s’eft rencontré à l’eft un
brifan ou banc de rocher CD E , en continuation de l’efcar-
pement A B C , on l’a approprié pour y élever un rempart qui
.couvre la plus grande partie du por t, dont l’accès eft défendu
par le baftion F & par le fort quarré fitué fur une éminence ,
d’où il tient en refpeft tout ce qui pourroit porter ombrage,
tant de la part de la mer que de celle du pays. Ce port n ayant
rien de particulier , je ne m’y arrêterai pas davantage, & vais
terminer par ceux de Gibraltar & dé Malte, ce qui me relie à
dire fur la Méditerranée.
658. Laconféquence du port de Gibraltar, à l’embouchure
'orientale du fameux détroit de ce nom, fur la côte d’Andalou-
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Dejcription
de la rade &