
Observation
fu r la manière
de creufer un
canal dans un
ter rein de tour*
be. Evènement
remarquable
arrivé à cette
eccajton. £
398 A r chitecture Hydraulique , L itr e IV,
cinq toifes d’épaiffeur au fommet ; on prendra les terres nécef-
faires â leur conftrucfion dans les contre-folles, en laiflant des.
bermes de dix toifes de largeur pour fuppléer à leur peu de fo-
lidité»
1123. Le terrein aquatique qui demande le plus d’attention
quand on veut le creuler, eft celui de tourbe, étant dangereux
de l’éventer, lorfque fes côtés font chargés du poids de quelques
édifices , comme on en va juger par cet exemple. En
1736» le magiftrat d’Amiens voulant faire curer la riviere de
Somme dans la partie qui traverfe cette ville, où elle eft renfermée
entre deux quais bordés de maifons, on en détourna les
eaux en les failànt paffer. par un autre bras : lorfqu’elle fut à fec,
on rangea dans fon milieu une file de pionniers, qui commencèrent
par creufer une tranchée de quatre ou cinq pieds de profondeur
fur fix de largeur. Comme le lit de cette riviere ell un
banc de tourbe d’environ dix pieds d’épaiffeur,, on fut bien fur-
pris de trouver le lendemain matin cette tranchée rétrécie de
moitié, & devoir que les deux quais , ainfi que les maifons ,
avoient fait en avant un petit mouvement, dont la continuation
en .«mut entraîné la ruine entière dans le courant de la
journée : mais heureufement une perfonne qui connoilfoit cette
nature de terrein, allura que le feul remede pour arrêter les
fuites de cet accident étoit de remettre au plutôt l’eau dans la
riviere , pour remplir les pores de la tourbe ; en effet, aufli-tôt
qu’elle y fut rentrée , l’équilibre fc rétablit, les édifices précédons
n’ayant pas bougé depuis.
O n peut déduire de cet exemple que, pour pratiquer un canal
dans un terrein tourbeux, il faut le creufer par parties ,laiffant
de huit en huit pieds des témoins en maniéré de cloifbn, d’environ
deux pieds d’épaiffeur fur toute falargeur, pour en foute-
nir les bords contre la poulfée du poids des digues, pendant
que l’on travaillera à fec. Pour cela, il faut divifer les intervalles
précédens par d’autres petites cloifons tranfverfales, afin d’avoir
la facilité d’épuifer l’eau de chaque compartiment à mefure
qu’on les approfondira, & la laiffer enfuite entrer quandon aura
déblayé jufqu’au fond, pour n’avoir plus à craindre la pouf-
fée latérale. A l’égard de toutes ces cloifons , dont les furfaces
doivent être à plomb parce que la tourbe n’eft point fufcepti-
ble d’éboulement, il fera aifé de les enlever moyennant l’ufage
d’une machine auffi fimple qu’ingénieufe, imaginée par M .
le duc de Chaulnes, pour tourber au fond de l’eau jufqu’à la
C haetV I I . d e s M a x im e s t o u r l e s c a n a u x . 399
■ profondeur de douze pieds, par une manoeuvre fort expédi-
'tive, & qui a eu tout le fuccès que ce feigneur avoit lieu d’en
attendre.
1124. L’ouvrage le plus pénible eft d’établir folidement un
bon chemin de tirage le long d’un canal qui pafferoit au travers
d’un étang ; il eft vrai que l’on en vient à bout à force de
tranfporter des terres, comme l’on fait pour former une chauffée.;
fur quoi il eft bon d’obferver que fi le fond étoit un banc
de tourbe, & que la profondeur de l’eau fut fuffifante pour la
navigation, il n’en foutiendrapas moins le poids de la digue ,
-parce que quand elle n’eft point éventée, & qu’elle fe trouve
couverte d’un lit de terre ou de gravier d’environ trois pieds
d’épaiffeur, comme cela eft affez ordinaire, on y bâtit hardiment
des maifons ; à plus forte raifon foutiendra-t-elle une di-
.gue fans fléchir.
Si l’eau n’avoit point affez de profondeur, & qu’il fallût creu-
fer le canal de deuxou trois pieds, on pourrait encore établir la
digue fans danger , en laiflant par précaution uneberme de dix
à douze pieds du côté du canal. Au refte, il faudrait, fi cela
devenoit néceflaire , foutenir cette berme par des pilots & des
palplanchés.., .enfoncés le plus avant que l’on pourra dans le
bon fond, leurs têtes récépées au niveau des plus baffes eaux ,
pour les garantir de la pourriture, le tout bien lié, fuivant ce
qui fe pratique en pareil cas. A l’égard de la maniéré d’approfondir
le canal dans un étang qu’on ne .pourrait mettre à fec ,,
on fera ufage des dragues & autres machines dans le goût , de
celles dont on fe fert pour curer les ports.
J’ajouterai qu’il faut bien.prendre garde de ne point enfoncer
fans précaution des pilots dans le voifinage d’un édifice établi
fur un banc de tourbe, de crainte de le trop ébranler & d’en
défunir les parties. Un bourgeois d’Amiens ayant fait reprendre
fous oeuvre le pignondefa maifon, bâtie fur le bord de la rivière
de Somme, le maître maçon voulut, pour en affurer le
■ pied , y planter une file de pilots dans le tems que les eaux
étoient les plus baffes ; mais à peine eut-011 commencé d’enfon-
■ cer le premier de quatre ou cinq pieds feulement, avec un mouto
n de troisxens livres, qu’un autre pignon qui faifoit l’équerre
■ avec le précédent, fe léfarda du haut en bas, ce qui .fit difeon-
-.tinuer le jeu de la fonnette, de crainte des fuites.
1125, Les digues qu’iljaut faire ..pour foutenir les eaux d’un
uéfervoir deftiné à la nourriture du point de partage , doivent
Difficultés
défaire pajfr-r
un .canal au
travers d'wn
étang,
Conjirufl ion
des digues fer-
■ H