Attention
q u ’il faut a-
-voir pour garantir
des houles
de la mer ,
is pied de l’enceinte
élevé fur
un enrochement.
Avantage
que l ’on
peut tirer des
contreforts
pour mettre les
batteries à té-
preuve dç la
bombe,
De quelle maniéré
on doit
terminer les ex*
prémices de*
moles pour for*
mer l'entrée du
port qu’ils rsn-
fo fW V b
176 A rchitecture Hyd raul iq u e , Livre III.
pieds de largeur de plus que la bafe du mur n’aura d’épaiffeur,
afin de pouvoir ménager de deux côtés une retraite de dix ou
douze pouces. 30. De les charger de toutes les greffes pierres
que l’on aura amaffées pour former l’enceinte, & de les laiffer en
cet état pendant plufieurs mois, afin de donner lieu à l'enrochement
de s’affaiffer tout de nouveau, autant que le premier arrangement
des pierres & la nature du fond pourront le permettre
; encore ne doit-on pas tellement y compter que l’on ne
prenne d’ailleurs fes mefures pour s’élever de trois ou quatre
pieds plus qu’il ne fembleroit qu’on devroit le faire , afin d’être
préparé à tout événement. Faute d’avoir eu cette attention en
conftruifant l’enceinte de la nouvelle darce de T o u lo n , il eft
arrivé quelle a baiffé pendant quelques années- au point que
les emhrafures des batteries fe font trouvées noyées dans les vives
eaux ; au furplus, il faut conduire l’ovrage par arrafe reglee
fur toute fou étendue, pour que les affàiffemens, s ils ont encore
lieu ,'puiffent fe faire par-tout également.
829. Ayant élevé le corps de l’enceinte en toute bonne façon
félon les réglés de l'a r t, à quoi je ne m’arrête pas , on-
peut encore en garantir le pied contre les reffacs de la mer, en
pofant fur la berme extérieure une continuation de gros blocs
de- rocher, qu’on nomme alors brifants , afin de mettre le revêtement
entièrement hors d’atteinte dans un gros tems. J’ajouterai
que les contreforts qui en affurent la folidité fe font d une
longueur fuffifante pour fervir de piédroit aux voûtes dont
leurs fommetS font fiés , afin de former des arcades qui mettent
le canon répondant aux embrafures, à l’abri des bombes j
qu’au-deffus de ces arcades 011 ménage un chemin de rondes,
couvert d’un parapet ayant fa banquette, & qu’enfin on donne
quelquefois affez de largeur à la plate-forme •& d élévation au-
dêffus des vives eaux, pour pouvoir adoffer à ce cours d arcades
des bâtimens propres à la marine, comme on l’a fait à T o u lon
; c’eft de quoi l’on pourra juger en confiderant la figure 3 ,
pl. X X I I , qui eft un profil de fa nouvelle darce, relatif à une
partie de ce qu’on vient de dire.
830. Il eft important de faire attention , lorfque les extrémités
de deux moles viennent aboutir vis-a-vis 1 une de 1 autre
pour former l’entrée d’un port, que ne devant donner a cette
entrée qu’environ feize toifes de largeur , afin de pouvoir la
fermer commodément la nuit avec une ou plufieurs chaînes ,
il faut qu’elle foit terminée de droite & de gauche par deux
C hap. X. des Fondations a pierres perdues. 177
gros murs fervant de profils à l’enrochement pour enfoutenir
les bouts , parce que s’il avoit de ce côté là le talud que nous
avons dit qu’il falloit lui donner, cette entrée ferait trop large
& mettroit l’intérieur du port trop à découvert ; c’eft à quoi
l’on a réduit celle de la vieille & de la nouvelle darce de T o u -
lo n , quoiqu elles fuffent couvertes par les éminences qui font
en avant fur les bords de la rade. Ces deux murs doivent être
établis d avance, afin d’y appuyer l’enrochement à mefore
qu on 1 elevera. Comme il s agit de la Méditerranée, où nous
fuppofons qu on ne veut point faire de batardeaux ni d’épuife-
mens , on jugera de la méthode qu’il faut fuivre pour fonder
ces murs , par ce que nous allons enfeigner fur la maçonnerie
de béton & fur celle qui fe fait par eneaiffement.
831. Les Hollandois ont entrepris depuis quelques années
de faire dans la baie du cap de Bonne-Efpérance , un mole à
pierres perdues, dont l’exécution eft digne de la confiance &
du courage des Romains. Il doit avoir quatre mille toifes de
longueur fur cent de largeur au fommet, dans un endroit où
la mer a plus de cinquante pieds de profondeur, d’où l’on peut
juger de l’extrême largeur de la bafe de ce mole ; il a pour objet
.de joindre le pied de la montagne du Lion, fituée au fud de la
b aye, avec 1 ifle Robben , qui eft au milieu de fon entrée, afin
de former fous la ville & le fort de Bonne-Efpérance un port,
ou plutôt une rade , qui aura environ quatre lieues de longueur
fur deux & demie de largeur, & où les vaiffeaux feront
parfaitement a couvert des vents, qui fout extrêmement dangereux
fur cette cote. Cette rade fera d’autant plus commode
que le fond en eft bon , & qu’on y a depuis foixante jufqu’à
quatre-vingt-dix pieds de profondeur d’eau. La conftruftion de
ce grand ouvrage fè trouve-facilitée le plus heureufement du
monde par l’abondance des pierres que fournit la montagne
^a. T a b le , adjacente à celle du L io n , & par une quantité
prodigieufe d’huîtres que l’on ramaffe le long de la cô te , pour
remplir les vuides que les pierres que l’on jette peuvent laiffer
entre elles. Tous les criminels qui ont mérité la mort, excepté
les meurtriers, font condamnés pour le refte de leur vie à
travailler au progrès de ce fameux mole, dont il y a déjà un
bout affez avancé pour mettre à l’abri un nombre de petits bâtimens.,
Grande en-
treprife des
Hollandois
pour conftruire
par enroche- __
ment un mole
dans la baye
du cap de
Bonne- JE.fpitance.
Sage
conduite de la
république à
■ cet égard•
Partie I I , Tome I I, Z