
'Maximes déduites
des
principaux
Articles de
fette feftion.
278 A rchitecture Hyd r au l iq u e , Livr e IV.
fera grande , puifqu’elle dépendra uniquement de la hauteur
de l’eau.
984. On peut conclure de tout ce qui précédé : i° . qu’il y
a deux caufes immédiates de la vîteffe des fleuves , l’une la
pente du lit, & l’autre la hauteur vive de l’eau, c’eft-à-dire, de
la feftion prife depuis fa furface jufqu’à la partie baffe qui con-
ferve fa vîteffe propre au-deffus des obftacles,
a°. Que ces deux caufes n’operent point enfemble, mais à
raifon de la plus grande force ; de forte que fi l'accélération
l’emporte fur la hauteur vive de l’eau, c’eft à la première, & non
point à la fécondé, que doit s’attribuer la vîteffe, & au contraire.
30. Que dans la même feftion l’une & l’autre de ces caufes
peuvent avoir lieu en même tems ; de forte qu’une partie
tiendra fa vîteffe de la hauteur, de l’eau, & l’autre de la pente
du lit.
4°. Que dans les fleuves qui ont peu de pente , la vîteffe
provient prefque toujours de la hauteur vive de l’eau, & qu’au
contraire dans ceux qui ont beaucoup de chûte, elle peut
donner lieu plus que la hauteur de l’eau à la rendre rapide ,
comme cela arrive aux torrens.
50. Q ’on ne doit point toujours juger de la pente du lit
d’un fleuve par fa vîteffe, puifqu’entre les montagnes elle eft
ordinairement précipitée, au lieu que dans les plaines il n’y a
que peu de pente ; d’ailleurs on fait qu’aux endroits où il y
a le moins de largeur , c’efl; précifément ceux où les eaux ont
le plus de vîteffe, quoique fouvent le fond n’ait guere de pente ;
il efl d’autant plus naturel de ne point s’y méprendre, que l’on
voit que la vîteffe d’un fleuve augmente à proportion des
crues, quoique le fond refte le même.
6°. Q u ’un fleuve qui fournit par-tout une égale quantité
d’eau, a néceffairement fes vîteffes en raifon réciproque des
feffions correfpondantes, ce qui fait que dans les endroits les
plus étroits ils ont plus de rapidité que dans les autres plus
larges.
70. Que les fleuves qui n’ont point de pente fenfible feront
d’autant plus rapides que la hauteur vive de l’eau fera grande.
8°. Enfin que dans la mefure des eaux courantes , on doit
faire enforte que toute la vîteffe de celle qui fera renfermée
dans la feftion dont on fe fervira, dépende de la feule hauteur
de l’eau, & non pas de fa pente; ce qui peut fe faire en fe fer-
C hAP.P DE LA MATURE DES FLEUVES. 279
vant des permis ou cataraftes fitués fous fa furface, pour l’obliger
de fe maintenir de niveau & d’augmenter fa vîteffe intérieure
relativement au terme où elle reftera conftamment ele-
vée afin d’en pouvoir faire le calcul en multipliant fa vîteffe
moyenne par la capacité du permis , comme nous l’avons en-
feigné dans l’article 537 de la première partie de cet ou-
vrage.
S E C T I O N I I .
Oà to n examine l ’action du cours des fleuves fu r leur fo n d &
fu r leur berge ou. rive.
985. L ’expérience nous apprend que les fleuves approfon-
dilfent & élargiffent leur lit à proportion de la force que 1 eau a | | » fcjgj
pour les corroder; c’eft-à-dire que ft fon action eft lupeneure a miné u lit des
la réfiftance du terrein, elle en détachera des parties qu’elle en- J î« »
traînera avec d’autant plus de véhémence quelle aura p to de
hauteur ; fi au contraire la ténacké fe trouve fupeneure a la
force de l’eau , elle coulera fimplement fur fon 1« j ansJ fairer
de progrès marqués. O n peut donc croire que quand les fleuves
fe font formés, ils ont creufé leur lit en profondeur & largeur
aulfi fong-tems qu’ils ont trouvé un fond fur lequelleur force
a pu s’exercer ; mais que la ténacité devenue plus grande tandis
que la hauteur de l’eau a diminué en détendant en largeur, il
eft furvenu une forte d’équilibre entre les forces agiffantes & les
réfiftantes , qui a déterminé la largeur & la profondeur de leur
lit en fùivant les feules loix- de la nature.
- On peut dont regarder comme un principe certain , que
tant que la vîteffe de l’eau ne trouvera point de refiftance de
la part du fond & des rives , qui égale fa force, elle ira toujours
en approfondiffant & en élargiffant fon lit, jufqu au terme
o ù , par la combinaifon des caufes opérantes & refiftantes,.
l’a&ivité des premières diminue, ou la force des fécondés augmente
, tant qu’enfin ces dernieres fe trouvent égalés aux autres
ou les furpaffent. Car fi cela rfétoit point & qu’un fleuve continuât
toujours à s’approfondir , ceux qui depuis le commen
cernent du monde fe font formé un lit en rongeant le terrem,
auroient par laps de tems creufe jufqu aux plus piofondes entrailles
de la terre. Comme cela n’eft point arrivé, on ne peut
î