Maxime fur
la pofitïctl des
bàffins -3 eu
égard à l ’en—
trie du port,
Inconvénient
des ports ou
rades qui ont
un trop grand
flux.
Quelles doivent
être les
qualités principales
d’une
bonne rade ,
gu égard, à fon
entrée,
78 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
convenable, & que ce feroit une entreprife d’une dépenfe
énorme que de vouloir creufer un baffin allez vafte pour contenir
une armée navale, un port n’eft pas moins eftimable
lorfqu il a une bonne rade qui fupplée à la grandeur de fon
baffin, parce qu alors ils peuvent ne fe rendre dans ce dernier
qu a mefure quais ont befoin d’être radoubés. Ainfi quoique le
plus fouvent ces deux objets foient différens, nous les confondrons
dans la fuite de nos maximes, puifque de la bonté de la
rade s’enfuit nécelfairement celle du port.
693. Lorfque l'es marées portent direâement dans l ’ouver-'
ture d’un port, on ne doit point placerl’entrée du baffin felon
cette même direction, parce que leur rapidité occafionneroit de
grands defordres ; c’eft pourquoi il faut que ces baffins foient
places de cô té , & les creufer auffi avant que l’on pourra, afin
daffeoir la furface du radièr relativement à la profondeur que
le chenal pourra acquérir par le jeu des éclufes ( art. 229.)
694. Si le manque d’eau eft un défaut pour une rade , le
trop grand fond n’efl: pas moins préjudiciable, parce que pour
lors l’ancre tient mal quand la levée eft confidérable. Ce n’efl:
donc pas la grande quantité d’eau qui monte dans une rade
qui la rend meilleure, il fuffit de 5 ou 6 braffes à marée baffe.
Le point effentiel eft que le fond foit de bonne tenue, c’eft-à-
dire, ferme, compofe d’argile, de fable, & de vafe folide, de
forte que l’ancre ne puiffe chaffer dans les tempêtes. Le goémon &
le varech font de mauvais préfage , en ce que les rochers leur
donnent ordinairement naiffance ; alors fi quelques pieds de
fable ne les couvrent, le mouillage n’eft pas fûr ; il l’eft davantage
dans la plupart des bayes dé la Méditerranée, où le fond,
quoique vafeux, eft affermi par d’autres efpeces d’herbes qui y
croiflent.
69 5.Pour s’affurer d’une rade,il fautlafonder dans toutefon
étendue, & en bien examiner les défauts, afin de juger de ceux
auxquels on pourra remédier, fansfe laiffer effrayer par quelques
rochers qui peuvent devenir très-avantageux felon les circonftan-
ces, fi l’on peut y élever deffus des forts & des batteries propres
à la défenfe, ou bien y placer des balifes. Son entrée doit avoir
une certaine largeur, fur-tout dans les endroits où le flux eft çon-
fiderable, & 1 2-à 15 braffes de profondeur au plus, avec un bon
fond, afin d’y mouiller quand les vents manquent, & d’y touer
en cas de calme. Il ne faut pas non plus que l’entrée d’une rade
foit trop la rge, de çrainte qu’un ennemi fayprjfé du vent ne
C h a p . IV. M a x im e s p o u r b o n i f ie r l e s p o r t s . 79
ia franchiffe, malgré les forts & les batteries qui feroient fur
les rivages oppofés ( art. 6 7 7 ) ; principalement fi cette rade
avoit le défaut d’être extrêmement vafte, & qu’il pût y venir
mouiller hors de la portée du canon placé fur le pourtour ; ce
qui n’eft point à appréhender dans celle de Toulon , que nous
avons rapportée pour exemple ( p l . I V ) , & que nous invitons
d’examiner relativement aux maximes précédentes.
696. Lorfque le courant des marées fe porte naturellement
dans le milieù d’une rade, il en facilite beaucoup l’entrée , au
lieu qu’on a bien de la peine à furmonter ceux qui viennent de
côté ( art. 639 & 650 ). Il n’y a prefque point de rade qui
n’ait quelques défauts, fouvent difficiles à corriger; c’eft à l’Habileté
d’un ingénieur d’y remédier, en étudiant les mouvemens
de la mer dans l’endroit critique. Quelques digues placées à
propos , peuvent faciliter une entrée qu’on avoit regardée
comme impraticable ; mais il faut bien prendre garde qu’en voulant
éviter un inconvénient, l’on n’en faffe naître un autre encore
plus grand; fi ce que l’on médite ne donnera point lieu
à un remoux dangereux, ou s’il n’empêchera pas le débouché
des fables apportés par la mer, afin de fe conduire en confé-
quence.
697. Une rade qui a une pente douce,, en partant du fond
jufqu’à fon entrée ( art. 648 ), jouit d’un grand avantage, parce
que les vaiffeauxne font point fujets à dégrader d’un vent de
terre.
Il ne fuffit pas qu’une rade ait affez d’étendue pour que les
navires puiffent y louvoyer & fe placer commodément, il faut
encore qu’elle foit entourée d’un terrein é le v é , pour n’être
pas incommodée des vents du large, ni des autres venant de
terre ( art. 621, 639 & 662)’. Il feroit àfouhaiterencorequ’aux-
environs d’une bonne rade, il fe rencontrât des éminences que
l’on reconnût de fort loin pendant le jour ( art. 6 5 4 ) , & où
il y eût un fanal pendant la nuit; que pour comble d’avantage,.
il y eût auffi quelques fources ou ruiffeaux d’eau douce pour la
commodité des vaiffeaux qui relâchent dans le cours d’une
campagne;
698. Lorfque l’on a un port tout formé, répondant à une:
ville également propre pour le commerce & pour les avantages
qu’on en peut tirer en tems de guerre, où cependant les gros
Vaiffeaux n’ont point affez d’eau à marée baffe pour s’y réfugier,
ni de rades dans fon voifinage abriées comme on le .four
Remarque fur
les cour ans
qui fe portent
vers l'entrée:
d’une rade»
Avantage des
rades qui vont
en pente de-*
puis le- fond
jufqu’à leur
entrée , d* qui
font accompagnées
d’éminences
qu’on
apperçQit de-
hoin. à la -mery
0'n peut', d
. i imitation des'
. anciens, a brier
.les, rades qui
ne le fo,nt
qu’en partie*