
Remarque
fu r les ports
f tu é s à l'embouchure
des
rivières. D é fa
u t de la Lo ire
t eu égard a
la ville de
Nantes.
86 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
fuivant à peu près les vues du projet de M . le maréchal de Vau-
ban ; feul capable d’interrompre le cours des défordres caufés
par le canal de Lône , d’affurer la navigation contre tout accident
, & de donner au commerce autant d’étendue qu’il en peut
jamais acquérir de cette part.
Je me fuis un peu étendu fur l’irruption du Rhône, afin de
faire fentir combien il faut être circonfpecl quand on fait quelques
travaux dans le voifinage d’un port qui fembleroit n’avoir
rien de commun avec le projet qu’on veut exécuter, n’y ayant
point de doute que fi l’on avoit prévu, comme on aurait dû le
faire, que les digues dont on a bordé le canal de Lône, duffent
caufer la ruine du port de Bouc , quoiqu’éloigné de 5 lieues,
on eût employé les mêmes dépenfes à forcer le Rhône de fui-
vre fon ancien cours.
7 1 1 . Les ports fitués â l’embouchure des grandes rivières
navigables , font d’une extrême utilité pour animer le commerce
intérieur d’un état. Tel eft celui de Bordeaux fur la Garonne,
répondant au fameux canal de Languedoc, & celui de
Seville fur le Guadalquivir. Les villes de Londres 8c de Mid-
delbourg ne doivent-elles pas de même leur état floriffant, la
première à fa fituation fur la Tamife, & la fécondé à la fienne
fur la Meufe ? Le fâcheux eft que le plus grand nombre des
ports de cette efpece n’ont pas le même avantage que ces derniers
, lorfque les rivières font limonneufes , 8c que leur embouchure
n’eft pas encaiffée par de folides berges que le courant
ne puiffe détacher. Il s’y forme des attériffemens qui rendent
la navigation très-difficile 8c quelquefois impraticable ,
par le peu d’eau qu’on y trouve à marée baffe ; la Lo ire, en-
tr’autres, en fournit un trifte exemple. Cette riviere, qui portoit
autrefois de gros navires jufqu’à Nantes , fe trouve aujourd’hui
tellement encombrée 8c diviféë en plufieurs courans caufés par
les différentes petites ifles qui s’y font formées , que pendant
l’été de 1746, il ne reftoit à marée baffe, dans le principal courant
, qu’un pied & demi d’eau en plufieurs endroits, depuis
Nantes jufqu’à Painboeuf, par le peu d’attention que l’on a eu
à diguer fes bords pour la contenir. Cependant comme il y a
encore 7 4 8 pieds d’eau à marée baffe , depuis la mer jufqu’à
Painboeuf, on a penfé que faifant un port à cette ville , couvert
par l’ifle de Noirmoutier, 8c un canal de là jufqu’à Nantes,
on rendrait à cette derniere place fon ancienne fplendeur, 8e
quelle n’auroit plus rien à craindre des viciffitudes de la Loire.
C h ar . IV. M a x im e s p o u r b o n i f ie r l e s p o r t s . 87
71 ï . Quoique les maximes qui compofent le fond de ce
chapitre regardent principalement les ports du premier ordre ,
on pourra également les appliquer du plus au moins à ceux
du fécond 8e du troifieme, félon la conféquence dont ils peuvent
être au commerce en général, 8c en particulier' aux provinces
auxquelles ils répondent. Par exemple,les ports d’entrepôt
qui reçoivent les marchandifes des pays étrangers, pour de-là
les tranfporter fur des allégés par les rivières aux villes reculées
dans les terres ou dans les havres qui ne peuvent recevoir
que de petits bâtimens, méritent d’être entretenus avec
autant de foin que les autres. On peut dire la même chofe des
petits ports dont l’utilité eft bornée à la pêche , 8c à retirer les
petits vaiffeaux de capotage , comme font ceux de Fécamp ,
de Saint-Vallery en C au x , de Dieppe, 8tc. Leurs entrées doivent
être couvertes par des jettées, pour en faciliter l’accès ,
fpéciaiement lorfqu’ils n’ont que des rades foraines, femblables
à celles de la haute Normandie, où il n’eft pas poffible de tenir
quand la mer eft agitée des vents du large. Comme ce qui
appartient à leur direïlion 8c à leurconftruftion demande beaucoup
d’attention , on va trouver dans les chapitres 5 ,6 8c 7
tout ce qui les concerne ; ainfi c’eft par elles que nous allons
commencer les inftruâions fur la conduite des travaux relatifs
aux places maritimes, tant de l’Océan que de la Méditerranée.
L e s maximes
qui appartiennent
aux ports
royaux > ou
du premier ordre
t peuvent
egalement
s3appliquer à
ceux d’une
moindre confé.
quencc.