
égard pour
bien conduire
ce travail•
Maniéré de
joindre les dîf-
ferens majfifs
de maçonnerie,
pour qu’ ils ne
compofent
plus enfemble
qu’un f e u l
corps.
Explication
des figures appartenant
au
mole fa it par
encaiffement
au nouveau
port de Nice.
Defcription
d ’une cale
avec la manoeuvre
pour
tirer un va if-
feau à terre.
194 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L iv r e III.
tournent pas de l’alignement fur lequel elles ont été mifes d’abord
, & l’on redouble d’attention quand elles font à un pied
près du fond, pour en corriger les défauts. Quand tout eft bien
re&ifié, on les fait defcendre tout-à-fait en les chargeant du
poids d’une partie des matériaux qui relient à employer, afin
d’avoir encore la liberté de les mouvoir pour les dreffer félon
le befoin, en les foulageant d’un côté plutôt que de l’autre.
La maçonnerie étant continuée jufqu’à deux pieds au-deffous
du niveau des moyennes eaux, on la laiffe repofer quelque tems
pour faire corps ; enfuite on démolit toutes les cloifons , afin
de fe mettre en état de joindre les parties de murs qui fe trouvent
féparés par des intervalles d’environ deux pieds chacun.
8 54. Ayant préparé un nombre de palplanches d’une, longueur
& largeur fuffifantes,armées de lardoires & de frettes, on
en enfonce quelques-unes au plus grand refus du mouton, bien
jointes enfemble & appliquées contre les paremens intérieurs &
extérieurs, pour fermer les côtés de chaque intervalle ou vuide
que la fuppreffion des cloifons adjacentes alaiffé. Les coffres
formés de la forte fe rempliffent de béton mêlé de cailloutage,
pour lier enfemble les bouts de maçonnerie à l’aide des harpées
qu’on a ménagé dans les profils; alors les parties qui étoient
féparées ne faifant plus qu’un feul maffif, on l’arrafe fur toute
fon étendue par deux affifes de pierres de parement chacune
d’un pied de hauteur , le derrière garni comme à l’ordinaire,
après quoi on en éleve autant qu’il convient au-deffus du niveau
des eaux jufqu’à la derniere qui fert de couronnement ,
qu’on lie en coupe & avec des crampons, comme le marque
la figure 2 de la planche X X V I .
855. C ’eft à peu près de la forte que les ingénieurs Piedmon-
tois ont commencé de conftruire la fondation du mole fupé-
rieur du port de Nice, en maçonnant dans de/caiffes contiguës
d’environ fept toiles en quarré fur 3 3 pieds de profondeur,
comme on peut le voir par les figures a & 4 de la planche
X X I I , qui montrent que fur cette fondation enclavée dans un
mafiif de pierres perdues , on a élevé le rempart dont nous
avons fait mention ( art. 652).
856. Dans les ports de la Méditerranée, l’on fait une ou plu-
fieurs cales , qui font des endroits placés fur le bord du rivage
près d’un chantier de conftruftion de vaiffeaux, fervant à les
lancer à la mer. Comme l’ufage d’une cale eft auffi de les
tirer à terre pour les_ radouber, nous commencerons à con-
C h a p . X I . M a n ié r é d e f o n d e r p a r e n c a i s s em e n t , i 9 j
fidérer les chofes dans ce cas là , tel qu’on le voit repréfenté par
la première figure de la planche X X V I I , où le maffif AB
marque la cale dont nous parlons, LM le chantier de conftruc-
tion formant avec elle un même plan A G , fur lequel eft un
vaiftèau qu’on y a attiré moyennant la manoeuvre fuivante.
On fuppofe que ce vaiffeau porte fur un affemblage de charpente
DE que l’on nomme berceau, qui le tient en équilibre
lorfqu’il eft hors de l’eau , jufqu’à ce qu’on le fou tien né mieux
fur fon chantier par des épontilles ou accords que L’on répand
à droite & à gauche pour lui fervir d’appui ; ce berceau eft
afTujetti fur trois anguilles C F , qui font des pièces de bois qui
ont vingt à vingt-deux pouces d’équariffage, régnant fur toute
la longueur du vaiffeau, deux pofés à droite & à gauche de la
quille, Sc la troifieme précifément au-deffous , afin de fervir
d’appui aux pièces que l’on met entre deux ; le vaiffeau eft em-
braffé d’une ceinture de gros cordages K F répondant aux apparaux
néceffaires & à huit roues I , à autant de moufles, & à
plufieurs roues de fonte, à l’aide defquels ce vaiffeau eft tiré
fur fon chantier, moyennant l’échaffaut GH qui porte les grelins
, moufles, &c . Au furplus, on fuppofe que cette cale eft
couverte d’une échelle de charpente fur laquelle font pofées les
anguilles qui foutiennent le vaiffeau , afin qu’elles ne frottent
pas fur la maçonnerie.
8 57. Toulon nous ayant fourni jufqu’ici des exemples pour
les principaux ouvrages qui fe font dans les mers qui n’ont que
peu ou point de flux & reflux, nous y aurons recours à l’occa-
fion d’une cale faite par encaiffement & à fec dans Fille de la
Mâture.
Pour en avoir une jufte idée , il faut s’imaginer un maffif
de maçonnerie, ayant la figure d’un coin, formant un plan incliné
dont la bafe eft d’environ trente toifes de longueur fur
quatre de largeur, feize pieds de hauteur & quatre d’épaiffeur
à l’extrémité ; le tout établi en faillie au fond de la mer fur un
grillage, enforte que le fommet de ce coin affleure le niveau
des moyennes eaux; alors la plate-forme du chantier fur lequel
repofe le vaiffeau , fe trouve dans la prolongation de la furface
de la ca le, l’une & l’autre ne compofant plus , comme nous
venons de le dire, qu’un même plan incliné dont la hauteur
doit être la quatorzième partie de la bafe, ce qui répond à cinq
pouces de talud par toife courante, afin que quand on vient à
lancer un vaiffeau par une manoeuvre fort ingénieufe & vrai-
B b ij
I l faut que
la hauteur du
plan incliné
que forme une
cale J oit la
quatorzième
partie de fa
bafe t 6* que
cette cale fa it
prolongée affez
avant dans la
mer y pour que
fon exrrêmité
puiffe être fur-
montée de 16
à 17 pieds
d’eau.