
côte d'une
puiJJance en-
nemie•
Conféquenee
d'un port fi -
tué j ir une
côte fréquentée
par le plus
grand nombre
des nations
commerçantes*
rAvantage
d'un port Jî-
tué à Vembouchured‘
undé*
Croit*. Exenu-
plt'tiré des
Dardanelles,
74 A rchitecture Hydraulique , Livr e IH.
d’Oran, par rapport à l’Efpagne. Un port, quoique fort éloigné,
peut n’être pas moins important s’il fe trouve fur la route des.
voyages de long cours pour fervir d’entrepôt, raffembler & radouber
les efcadres maltraitées ou difperfées.Teleft, fur la route
des Indes occidentales, le Cap de Bonne-Efpérance,, appartenant
aux Hollandois, & l’ifle de France pour les François.
686. Quand for une côte fréquentée il fe trouve un port capable
d’attirer les étrangers par la facilité de Ton entrée & de fa>.
fortie, la. fertilité de fes environs & l’abondance de fon commerce,
comme eft le port de Cadix près du détroit de Gibraltar,
point de partage des mers du levant & du couchant, il. eft certain
qu’une pofition auffi favorable eft une fource de rieheffes
pour un Etat, & que ce feroit ne pas connoître fes vrais intérêts
que de la négliger. De même quand on trouve à placer un
port dans le voifinage de quelques grandes villes fort peuplées ,
riches & affeftionnées au commerce, comme le port qu’on
pourroit faire à l’oueft du Montjoui près de Barcelonne ; quel,
avantage la province n’en doit-elle pas efpérer, par conféquent
le prince qui en ordonnera l’exécution ? Sur-tout fi. ce port
étoit près de l’embouchure de quelques fortes rivières, ou dans
un grand golfe, comme efi Venife ,, Carthagene des Indes , &
d’autres également avantagées. Ces dernieres fituations de port
font très-importantes par la facilité d’étendre le commerce fort
avant dans le pays, foit pour y répandre lesmarchandifes qu'on
y apporte, ou pour en tirer les denrées qu’il produit.
687. Lorfque l’on peut former un établilîement fur un des
bords de quelques détroits dont la gorge eft aifée à occuper,,
fous les feux croifes des forts bâtis fur les: deux rivages oppo-
fés qu’on foppofe à cet endroit peu diftans l’un de l’autre , iL
n’y a point à douter quun port répondant à un des deux ne
foit d’une extrême importance , afin d’obliger les vaideaux
etrangers d’y entrer , foit pour les contraindre au droit de
péage, comme fur le détroit du Sund dans la mer Baltique „
o u pour exiger d’eux le commerce des. denrées ou marchan-
difes dont on manque , en échange de celles- dont on abonde ;
telle eft la fituation admirable du.port deConftantinople fousla
protection des forts des.Dardanelles,l’un appellé le château n euf
d ’Afie , ou de N-atolie ; l’autre le château neuf d’E u r o p e o u de.
Romélie, bâtis par Mahomet IV en 1.6 58, après avoir reconnu
que les deux anciens forts qui font plus avant n’étoient pas
foiflifans. pour défendre l’entrée de la mer. de Marmara par ce
C hap. IV. Maximes pour bonifier les port s. 7«
fameux détroit, connu auffi fous le nom de l’Hellefpont, fi
célébré par les événemens mémorables qui s’y font paffés,
tant de la part des anciens que des modernes.
688. La bonté d un port dépend de trois chofes qui lui font
contiguës, l’air, l’eau, & la terre, eu égard à l’èfpece des vents
auxquels il eft expofe, a la quantité des eaux qui avoifînent &
rempliflent fon baffin , a. la qualité de fon fond & à la figure de
la côte qui l’entoure par dehors & en dedans : d’où il réfulte
que les conditions ou circonftances qui font un bon port font
les foivantes : r
Que fon entrée foit tellement difpofée que les navires puif-
fent y entrer & en fortir aifément a vec les \ s’il fe peut des 31
rumbs de vent ( art. 627 ) parce que les ports qui n’ont qu’un
vent pour 1 entree, & un autre pour la fortie, font fujets à trois,
grands mconveniens ; le premier, qu’une flotte maltraitée par
le mauvais tems, ou pourfuivie d’un ennemi fupérieur, paffera
lonvent a la hauteur dun pareil port fans pouvoir en profiter. Le
lecond, qu une flotte^ quoique fiipérieure à une autre des ennemis,
réitéra inutile dans ce port comme dans une prifon auffi
long-tems que le vent propre pour en fordr ne fouillera pas,
tandis que l ’autre flotte courra impunément le long de la côte
ou reftera tranquille dans quelques rades voifines, comme cela
eit arrive en 1740 fur celle de Galice. Plus de 60 bâtimens marchands,
efeortés feulement de 3 frégates angloifes, fe mirent
dans le port de Camarinas à attendre tranquillement que le vent
d oueft qui les empêchoit de doubler le cap de Finifterre ceffât,
pendant que 12 vaifleaux de guerre appartenant à l’Efpagne fe
virent obliges de refter immobiles dans le port de Ferrol, faute
du vent de nord-eft qui pouvoit feul les faire fortir. Le troi-
fieme, que tous les vaifleaux marchands, loin de fréquenter un
pareil por t, 1 évitent autant qu’ils peuvent, de crainte de n’en
pouvoir fortir quand il leur conviendra, & qu’en conféquence
ils ne foient expofes de perdre, avec les frais du retardement,
le tems & le fruit de leur navigation, faute d’arriver dans les
laitons convenables au lieu de leur deftination.
689. La fécondé qualité d’un bon port eft d’avoir toujours
autant de profondeur d’eau qu’eu peuvent tirer les plus forts
vaifleaux, afin d’y entrer à toute heure fans péril lors des tempêtes
(art. 3 5 9 > ô6 t ) , mais fur toutes chofes qu’il n’y ait point
de courans qui en rendent l’accès dangereux, ( art. 636).
Les autres qualités effenfielles font, que la côte foit tellement
K i j
La bonté d’un
port dépend de
l ’heureux concours
de l’air,
de l'eau, 6» de
la terre. Remarque
par
rapport aux
vents ou à
l’air.
Quels font
les avantages
qui dépendent
de l'eau & de
la terre•