
ƒ
Quels font
■ les cas qu l’on
peut faire des
.éclufes toutes
en.charpente.
î i8 A r c h it e c tu r e Hy d r a u l iq u e , L iv r e IV.
précédente, l’eau qui fe gonfle de nouveau facilite la continuation
de le ir trajet.
On prétend que cette maniéré d’éclufe. eft fort ancienne
& que c’eft la première dont on a fait.ufage pour ménager la
pente des rivières & des canaux ,.long-tems avant l’invention des
fas à porte bufquée, imaginés feulement ;4an.s le feizieme fiecle.
Quoi qu’il en foit', il y a un nombre d’occafions où cette éclufe
peut-être employée tort utilement, comme pour modérer la rapidité
de quelques endroits d'une rivière où elle aurait trop de
pente pour une navigation aifée, ou pour former des inondations
deftinées à la défenfe des places : fans parler de l’arrofage
■ d’un pays aride. C ’eftpour quelques-unes de ces fins qu’on en
a conftruit de femblables fiir la L y s , proche lefortSt. François
4 ’Aire en Artois, & au fas du Quefnoy, à deux liques de,Lille.
.1054. Il y a encore plufieurs maniérés, de faire gonfler les
eaux d’une petite riviere, telles que celles dont nous avons fait
mention, articles 5 7.6 & 580, fans parler des autres, décrites
dans le traité àe Leonard Sturm, auteur Allemand ; mais 11’ayant
point trouvé fes figures-aflfez exaétes ni affez utiles pour les
.rapporter, il m’a paru plus ‘convenable de leur préférer une
éclulé toute conftruite en charpente , propre à mieux remplir
•le même objet. D ’ailleurs elle donnera pccafion de fournir fies
idées fiir la maniéré d’employer les bois , lorfque dans un pays
o ù ils font communs, on eft privé de bons matériaux pour faire
.des éclufes en maçonnerie ; circonftance dont il convenoit de
parler, afin de ne rien laiffer à defirer fur un fujet qui jntéreffe
autant le bien de la fociété. Ne peut-il point arriver auffi qu’une
magnifique forêt refte fans valeur, faute de pouvoir en tranfi-
porter les bois dans les provinces voifines, tandis que pour les
faire flotter on pourra peut-être rendre navigable une petite rivière
qifi ne le ferait p a s , ou raffembler dans un canal creufé exprès
les eaux de plufieurs fources voifines, pour donner lieu à
aine navigation qui ne peut que devenir avantageufe au pays
.d’alento.ur ? Il fulfira alors diêtte à portée d ’avoir .fie la glaife
.en abondance, parce que la même forêt fournira les bois né-
.ceffaires à la eonftruâion des éclufes, ponts, aqueducs, & c ,
& jl ne fera plus queftion.que des ferrures aéceflaires à la liai,
ion des bais ; article for lequel on peut répandre une très-grande
.économie quand on faura les employer avec art , en qucfi il
m’a paru que les .charpentiers d’Allemagne excelloient for ceux
C h a p . 10. d e s E c l u s e s p r o p r e s a u x r i v i è r e s 3 £»•
,de toutes les nations, ayant la méthode de les unir d’une manière
indiffolube fans employer de ferrure.
L ’inconvénient des éclufes de charpente eft qu’elles ne font
point de longue durée, fur-tout de la part des bajoyers, qui ne
paffent guere trente ans ; mais il y a des cas où ce défaut peut
devenir indifférent, comme dans celui où il feroit queftion d’un
canal qui nedevroit fubfifter que pendant un certain tems, pour
îe transport des matériaux deftinés à fortifier une ville, ou à élever
quelque monument confidérable. Si après cela il peut devenir
d’une utilité perpétuelle, il fournira le moyen de renou-
veller en bonne maçonnerie tous les ouvrages de charpente
qui n’auroient été faits que provifionnellement.
10 5 5. J’ajouterai encore qu’il peut fe rencontrer des circonf-
tances où l’on feroit preffé de mettre une place en état de défenfe
, moyennant le parti avantageux que l’on peut tirer d’une
riviere pour former des inondations : en ce cas, fi l’on n’a point
le tems ni les commodités de faire des éclufes en maçonnerie, il
fuffira d’en.conftruire de charpente qui rempliront également le
même objet. On pourroit par précaution tenir en réferve tous
les bois façonnés & prêts à être mis en oeuvre, auffi bien que
les ferrures : alors ce fera l’affaire de peu d e jours de rendre
inacçeffible une place qu’on a lieu de foupçonner que l’ennemi
auroit en vue ; & comme, en qualité de bon citoyen, j’ai mes
idées en écrivant ce c i, il y a lieu de croire qu’elles feront pénétrées
par ceux que leur zele pour le bien de l’état mettront à portée
d’en faire un bon ufage.
Pour revenir à l’éclufe dont il s'agit & qu’on voit rapportée
■ for la planche X L , elle fe ferme avec des poutrelles ( article
913 ) , comme on en jugera par la figure première que je
■ vais expliquer ici ; car n’ayant point encore fait mention d’é-
çlufes dans le goût de celle-ci, je ne m’en tiendrai pas à une
fimple defcription, & je vais détailler fon. établiffement de maniéré
à fatisfaire ceux qui feront dans le cas d’en conftruire de
la forte.
1 o fo. Le déblai des terres étant fait for une étendue fuffifante
pour pouvoir travailler aifémentàtrois pieds de profondeur au-
deffous du fond de la riviere, on tracera l’éclufe dont le plan eft
repréfenté par la figure troifieme, qu’on a divifée en deux parties
égalés. La première exprime la pofition des pilots L plantés
par échiquier, à deux pieds & demi d’intervalle ; la fécondé, les
traverfines dont les .mêmes pilots font coëffés , & les files 6
Partie I I . Tome I L T t
Les éclufes de
charpente peuvent
être emm.
ployées fort
utilementpour
la défenfe des
places•
Defcription
d'une éclufe de
charpente , en
commençant
par l'ètabliffe%
ment de fafonm
dation•
PI.XL , fe.
1 , 3, S&i .