1 9 2 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
dire, des termes d’où l’on puiffe partir pour fe conduire avec-
affurance.
Maniéré d'ap-
planir le fond
fu r lequel on
v eu t.fonder
par encaijfe-
ment•
& ef cription
des caiffes
dont qn s’ ejè
fervi à Tou*
Ion y pour fonder
le revêtement
du quai
de l'hôtel de
Tâlle.
Pi. X X V I . 4,ƒ ,6 &
7t
S E C T I O N P R E M I E R E .
Ou ton enfeigne ce qui a étéfu ivi à Toulon,pour la conjlruc-
. tion et un quai & et une cale fondée à fe c par encaijfement.
La place qui étoit autrefois vis-à-vis l’hôtel de ville de T o u lon
étant trop étroite, on penfa que voulant y former un quai
revêtu de maçonnerie, il convenoit pour la commodité publique
& l’embelliffement du por t, d’établir à cinq ou fix toifes
en avant à la mer le revêtement propofé , dans un endroit où
elle avoif environ vingt pieds de profondeur d’e au , afin d’en
remplir eiffuite le derrière avec les décombres qu’on ramaffe-
roit.
850, Les allignemens ayant été marqués en conféquence
par des pilots de repaire, on y plaça deux machines â curer les
ports pour enlever la vafe julqu’au terrein ferme, qui fut ap-
plani én fondant fréquemment dans les tems calmes avec des
plombs & des perchés, dont on rapportoit toujours la mefitre
à un point fixe. Ce fond ainfi difpofé fur trois toifes de largeur,
on y loma un lit de cailloux & de recoupes de pierres pour le
rendre parfaitement de niveau, à quoi l’on apporta toute l'attention
poflible.
851. Tandis que l’on étoit occupé à ce travail, on fit des
cailles de charpente d’environ dix toifes de longueur fur douze
pieds de largeur dans oeuvre, & de vingt-trois pieds de hauteur ,
bien calfatées & enduites de goudron. La figure 6 repréfente le
plan du bout d’une de ces cailles ; la feptieme, fon profil coupé
en travers ; la quatrième, la partie d’une de fes faces vue intérieurement
; & la cinquième , çette même face appérçue extérieurement,
A l’aide de ces devéloppemens, où l’on diftingue
fenfiblement les poteaux A , les varangues B , les baux C , les
quilles D , le bordage E , les courbes F, & les étréfillons G
fervant à fortifier les angles, on aura une idée allez jufte de
ces fortes de caiffes ; leur largeur doit être d’environ quatre pieds
de plus que la bafe du mur n’airra d’épailfeur, afin de ménager
un intervalle de deux pieds entre les cloifons,& les paremens de
la maçonnerie que l’on veut y élever.
Ces
Ces cailfes fe font de maniéré à pouvoir démolir commodément
leurs quatre faces lorfque là maçonnerie ell achevée, afin
que toutes les pièces de charpente, excepté celle du fond, puif-
fent fervir encore à former les cloifons d’une autre ; c’ell pourquoi
il fuffit de ne faire de cloifons que pour deux ou trois
cailles feulement, afin de n’embraffer à la fois que trente ou
quarante toifes d’ouvrage, & de mettre à profit le tems calme
qu’on aura pour l’achever entièrement.
852. Les caiffes étant faites, elles furent lancées à l’eau, placées
&bien affujetties aux allignemens du quai, & maintenues
en équilibre avec des cordes ou grelins paffantdans des anneaux
de fer H cloués fur les poteaux, après quoi l’on y fit entrer les
maçons qui commencèrent à remplir les vuides entre les contre-
quilles avec du mortier de pozzolane & de chaux, mêlé de cailloux
& blocaille; le tout étant bien arrafé on éleva le corps de
la maçonnerie, à laquelle on donna huit pieds d’épaiffeur, le parement
extérieur fait avec des pierres d’échantillon de dix à
quinze pouces de queue , & de huit à neuf de joints quarrés,
le refte de l’épaiffeur en moilon ordinaire, le plus plat que l’on
put trouver, fans.contreforts, vu la difficulté qu’on auroit eu de
charger les caiffes par-tout également. On continua ainfi de fuite
par affife réglée , toujours avec mortier de chaux & de pozzolane,
jufqu’à deux pieds au-deffous du niveau des moyennes
eaux de la mer, laiffant par intervalle des harpées fur toute la
hauteur des profils vers les extrémités de chaque caiffe, pour
fortifier la jonâion des bouts de maçonnerie, comme nous le
dirons dans la fuite ; on fent bien qu’on fupprime les baux, à
mefure que la maçonnerie s’é lève, & qu’on y fupplée par des
étréfillons ferrés entre des madriers, appliqués fur les paremens
& les cloifons , pour les foutenir contre lu pouffée de l’eau,
lorfque les caiffes font defcendues à une certaine profondeur ,
fans quoi elles feraient en danger d’être crevées.
Ce travail doit être fait jour & nuit, fans interruption, avec
le plus d’aflivité qu’il eff poflible, pour prévenir les accidens
qui pourraient arriver par des retardemens mal-à-propos ; ainfi
il faut, avant que de l’entamer, avoir une grande quantité d’ouvriers
qui puiffenr fe rélever, & s’être d’ailleurs precautionné de
tous les bateaux & radeaux néceffaires pour faciliter les manoeuvres.
853. A mefure que les caiffes s’enfoncent parla fucceflion
du maffif qu’on éleve, on obferve fans ceffe fi elles ne fe dé-
Portie I I . Tome I I . B b
Etabliffe-
ment de la maçonnerie
dans
les caijfes , de
maniéré à pouvoir
en lier
toutes Us par*
lies.
Sujétion
â laquelle i l
fa u t avoir