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même jour '
s enfle plus.oU
moins fuivant
la diverjîté
des côtes. E-
xemple de ce
qui arrive fur
celles de Bretagne.&
d ’A n gleterre*
E n pleine mer
les eaux ne
s ’élevent point
aujji haut■ que
vers les côtes..
Erreur de
ceux qui ont
prétendu qu’i l
n y avoit p lus
de marée au-
delà du fo i-
x.intieme degré
de latitude.
12 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e I ïï,
terre. T out contribue alors à diminuer le mouvement de la merr
non-feulement elle monte moins haut dans ce cas, elle defcend
aufli moins bas., car ces deux particularités, s’accompagnent
toujours, ou font pour ainfi dire inféparables.
594. Comme il faut du tems avant que l’impulfion ou l'attraction
de la lune & du foleil fe fade fentir aux endroits éloigné
des tropiques , le flux d’un même jour retarde à proportion
de la ciiftance du lieu, & s’enfle plus ou moins fuivant les
diverfes polirions des côtes. Par exemple, après avoir frappé
contre le rivage d’Efpagne , ilfe glilfe le long de celui de France,
entre dans la Manche, où.fe trouvant réfléchi & refferré par les
côtes.d’Angleterre & de fes ifles, il produit des effets plus con-
fidérables dans certains ports que dans d’autres..C’eft.par. cette
raifon qu’on voit monter la mer dans les vives eaux depuis 3 5
jufqu’à 4 5 pieds à Saint-Malo,. Cancaje & Granv ille, parce que
là les eaux fe trouvant refferrées en entrant dans une efpece.de
g o lfe , les premières qui parviennent au fond de /’anfmchtofîte
que forment les côtes.de Bretagne, ne pouvant s’échapper faute
d’iflùe, s’élèvent étant pouffées par celles, qui viennent après ,.
& qui font toutes déterminées par un mouvement, foit direft ,.
foit de réflexion, à avancer, du même cô té , tandis qu’elle ne
croît en mortes eaux que de 9 4 10 pieds. On peut conjecturer
que ce dernier événement provient de ce que le volume
d’èau dans les. quadratures n’étant pas. aufli for t,,il paffe aifé—
iment dans le canal, & n e donnant pas avec aflez d’aêhoncontre
FAngleterre,il ne peut confcquemmentréfléchir vers la baye
du mont Saint-Michel ; au lieu que dans les nouvelles. & pleines
lunes il reflue dé ce côté & occafionne quantité dé circulations
dans ces parages , qui y font gonfler la mer davantage..
595. Il arrive au contraire, qu’en pleine mer & aux ifles fort
éloignées du continent, où les eaux ne peuvent le refouler les
unes les.autres ,elles ne s’élèvent que. peu. .L’on affure que fous,
la zone torride même, où il fembleroit que les. marées de-
vroient.être plus fortes que par-tout ailleurs, parce que la caufe
agit plus immédiatement, la mer ne monte guere que de 3 ou
4 pieds ; cependant M'. Bouguer a obfervé. dans. fo,n voyage du
Pérou , fait par ordre du Roi ,.qu’à Panama, dans la mer du
fud, le flux montoit à plus de 16 pieds. 11 gonfle à peu près de
même le long des côtes d’Efpagne ,' s’élevant à. la hauteur de
14 à i f pieds, à celles de Bretagne de 16 à 17 , en Normandie
j Picardie 6c Flandres de 17 à 18 pieds.,, tandis que dans
C h AP. I. D u FLUX ET REFLUX DE LA MER. IJ
quelques ports d’Angleterre 8c de Hollande , la mer ne monte-
que de fix à fept pieds; ce quimontre fenfiblement combien la
configuration particulière des côtes qui forment chaque h avre-
ou port, doit apporter de différencedans la hauteur des marées,.
comme l’on en peut juger en parcourant la table que nous rapportons
de l’établiffement des ports le long des côtes occidentales
6c feptentrionales de l’Europe.
Comme il étoit affez naturel de penfer que plus une mer étoic
éloignée de l’équateur 5c moins, le flux, devoit y être fenfible ,
plufieurs auteurs ont avancé qu’il n’y avoit plus de marée paffé
le foixantieme degré de latitude, parce qu’apparemmentils n’ont,
point eu connoilfance des obfervations faites par nombre de-
fameux navigateurs qui ont le plus approché du pôle arâique,
entre autres Jean Davis , qui a. été en 1587 au-delà du foixante:-
douzieme degré, où il a trouvé que le. flux étoit beaucoup plus-
fort que fur les côtes d’Afrique : c’eft fur quoi il ne relie plus de:
doute depuis, que M . Henry E llis gentilhomme Anglois, a rapporté
dans, la relation de fon voyage de la baye d’Hudfon , fait
en 174.6 & 1747, que fur les côtes de l’Océan atlantique , a u -
delà du foixante-cinquieme degré de latitude, la mer montoit
de plufieurs braffes. Il a lui-même remarqué que dans la baye-’
d’Hudfon, fur la côte du Welcome, à la latitude de 64^65 degrés
, les marées montoient j ufqu’à 16 pieds lors des nouvelles Sc
pleines lunes ; d’où il tire de judicieufes conféquences qu’il y a-
néceffairemènt un paffagedu nord-ouell de cette baye à la mer:
du fud.: paffage fi recherché depuis plufieurs fiecles par les.
Anglois , afin d’abréger le chemin des grandes Indes*.
596. On obferve aufli que l’arrivée des marées retarde d’autant
plus, euégard àl’établiffement des ports.de la Manche, qu’ils
font plus éloignés de la mer du large , ou de l’embouchure du
détroit, ce qui eft bien naturel. Ainfi toutes, les fois qu’on rétrécit
l’entrée d’un port par des jettées ou par quelqu’autre ouvrage
, on fait retarder l’heure des marées, 6c l’établiffemeat de-
ce port n’efl plus alors le même qu’auparavant ; outre, cela lésinâmes
y font moins fortes, quoique la rapidité de l’eau en-entrant
devienne plus grande ;. mais cet excès de rapidité ne répare
pas la diminution que. caufe le retréciffement de fon ouverture.
En effet, fi la mer entre plus v ite , ce n’eft que parce
qu’elle eû moins haute dans le port que dehors ,,d’où il réfulte
qu’elle doit employer plus de tems à en fortir qu’elle, n’en a-,
mis à y entrer; ce qui eft conforme à l’expérience,.fur-tout fice:
L ’arrivée'des'
mariés d'un
même jour re- ■
t arde d'autant-
plus dans les-
ports de • la 1
Manche ,
q u ils font
plus éloignes-
de la mer dw
large , à quob-
contribuent
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qu’on a-fait,-