
Pl. l i i .
Fig. z, 3 &
5 -
Etablïff:mert
du canal dans
les endroits
,plus bas que
rien doit être
ie fond , 6*
dans quel cas
.il faut le faire
pajer fu r un
jjo n t aqueduc»
596 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
retraites de fix pieds de largeur élevées d’environ quinze pieds
les unes au-deffus des autres, & l’on portera les déblais à deux
toifes de diflance du bord fupérieur, pour qu’il n’en retombe
point dans le canal lors des fortes pluies. On jugera de cette
difpofition en confidérant les fig. 2, 3 & 5 de la planche L I I ,
qui repréfente le profil, le plan & l’élévation d’un bout de canal
palfant au travers d’une montagne, dont le fommet X , X ,
eft fuppofé élevé de cinquante pieds au-deffus du fond, dans
un endroit où il faudroit un pont pour la communication du
pa ys; c’eft de quoi nous ferons une mention plus particulière
dans le neuvième chapitre.
. Cependant commeil faut ménager les déblais autant qu’ilfera
poffible-, on fent bien que.le talud d’un pied & demi pour pied
ne doit avoir lieu, non plus que les retraites, que pour empêcher
les éboulemens ; & qu’il faut diminuer ce talud félon
.que le terrein fera d’une plus forte confiftance, non feulement
dans le cas que nous fiippofons , mais auffi dans un pays de
plaine. Par exemple, fi le terrein fe trouvent de marne dure ,
ou de tu f bien lié , qui ne fe détachât point en tems de pluie
& de dégel, il fuffira de donner aux bords du canal fix pouces
de talud par pied, & feulement trois quand il fera creufé dans
■ le roc; alors il faut ménager par intervalles des rampes pour
defeendre dans le fond quand on voudra le nettoyer. On peut
même diminuer la voie du tirage, & ne lui donner que douze
pieds , lorfqu’elle fe trouvera beaucoup au-deffous du rez-de-
chauffée de la campagne, & en fuivant le même efprit d’oeco-
nomie ., rétrécir la largeur du canal dans toute la partie qui fera
•creufée dans le roc., .& la réduire pour le paffage d’un bateau
feulement avec un ou deux dégagemens, çn forme de baffiri ,
ménagés de côté pour la retraite des bateaux qui pourroient
fe rencontrer en oppofition.
11 r i . Dans les parties où le terrein fe trouvera au-deffous du
fond du canal, on nettoiera la place comme il a été dit, & on
■ y rapportera enfuite les terres nécèffaires pour établir une
-.plate-forme au niveau convenable; toutes ces terres feront
battues à la dame par lits d’un pied d’épaiffeur : ori n’y foufFrira
:aucun mélange de pierre, tuf, fable., gazon, .racines, ou autres
chofes qui pourroient caufer des tranfpirations. Sur cette plateforme
on élevera les digues du canal à l ’ordinaire, .en laiffant
une berme, de chaque côté, de deux toifes de largeur, juf-
qu’au contrefoffé où l’on prendra les terres.
On fera des conrois établis à plomb fur le bord intérieur de
la digue fondée à la profondeur d’un pied au moins dans le
terrein vif, fur quatre pieds de largeur, lorfque les terres des
digues feront de bonne qualité, & de fix pieds, lorfqu’elles
auront peu de confiftance. Ces conrois feront élevés d’un pied
au-deffus de la fuperficie des eaux du canal; on les formera de
. terre-glaife ou franche, battue à la dame, par lits de fix pouces
de hauteur, & 011 la mouillera à chaque lit en l’élevant en
même tems que la digue.
Quelque foin qu’on ait apporté pour faire folidement ce travail,
il faut laiffer repofer long-tems les terres pour qu’elles prennent
leuraffaiffementavant que de mettre de l’eau dans le canal
à la hauteur où elle doit refter, & n’en lâcher d’abord que par
intervalles afin de leshumeaer; autrement .il ferait dangereux
.qu’il ne .s’y formât des breches, lefquelles pourraient entraîner
la ruine.entière des cantons voifins qui feraient en danger d etrfi
fubmergés par la fubite abondance des eaux, fur-tout fi le biais qui
lui répond étoit fort long. Pour plusde sûreté, il convient défaire
■ un batardeau provifionnel à chaque extrémité de la partie critique,
avec une petite éclufe à vanne dans le milieu, pour n y lâcher
lés eaux que par gradation, afin de l’éprouver, parce qu’en cas
d’accident il n’y aura que les eaux quelle comprendra qui pourront
s’évacuer fans faire un grand dommage; au lieu que fi la
plus .mande partie de celles du canal venoit a s échapper, quel
malheur n ’en réfulteroit-il pas ? Et où en feraient les intéref-
fés du canal, s’ils étoient tenus de dédommager tous ceux qui
auraient fouffert de cette irruptionf-
- Si le vallon que l’on veut traverfer étoit fort bas, qu’il n’eût
•que peu de largeur, & qu’ilfervitdeht a une nviere ou aun torrent,
le meilleurparti ferait défaire paffer le .canal fur un pont-
aqueduc quilaifferoit un librepaffage aux eaux courantes : c’eft
pourquoi l’on doit être bien informé de l’effet des plus fortes
crues qui pafferont par deffous, afin de leur ménager affez d’if-
fue pour ne pas les faire refluer, de crainte que leur charge
n’entraîne la ruine de l’aqueduc.
Quand il faudra faire paffer .un canal dans un marais plus bas
que n’en doit être le fond, on le relevera jufqu’à fon niveau
par une plate-forme, mais beaucoup plus large que la précédente
, fi les terres font fans ténacité; c’eft pourquoi on ne .pourra
donner à .cette plate-forme moins de vingt-fix toifes de largeur,
& l ’on élevera fur. cette plate-forme les deux digues qui auront