* Onpettt aujjl
former utilement
des inondations
dans
la guerre de
campagne 6»
pour la dé-
fenfe d*un
pays,
F a it mémorable
arrivé à
Lcydc, afiégt
par les Efpa-
gmb.
2 4 2 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e Hï.
rendus fur le glacis, où les plus heureux ne trouvèrent de falut
quen repaffanc à la nage le même foffé. On peut juger du détordre
où cet événement nous jetta ; cependant on fit enforte
de le réparer en faignant les eaux qui avoient interrompu nos
progrès , cette attaque s’étant trouvée trop avancée pour la
difcontinuer. Si un pareil événement eft arrive fous la direction
de ceux même qui avoient défendu cette place deux ans auparavant
& qui- dévoient par conféquent la bien connoître, &
plus forte raifon a-t-on lieu d’être en défiance contre les eaux»
lorfqu’on fait la guerre dans un pays où l’on n’a pas le même
avantage , fur-tout quand on apperçoit des fronts qui pa-
roiffent n’avoir pas été fortifiés- avec autant de foin que les-
autres : étant- à préfumer que fi- dans-certain côte de la place
^équilibre femble manquer, un afliégé bien inftruit faura la
faire régner au- befoin.
9 2.9. Ce n’efi pas feulement-dans la défenfe des places qu ort
a employé l’art de diriger les eaux, on s-en; efï aulfi fervi pour
couvrir une armée en formant une ligne dont elle diminue la
grande étendue des retranchemens , ou elle les rend d’un bien
plus difficile accès. Quel fecours n’en peut point tirer un habile-
général obligé de fe tenir fur la défenfive , mais qui fait par la
bonne difpofition qu’il aura choifi, donner beaucoup d inquiétude
à l’ennemi & gagner du tems, d’où dépendent quelquefois
les, fuccès les plus inefpérés ! On a vu même inonder des
provinces entières pour fauver un pays 1 1 hirtoire de Flandres-
en fournit des exemples qui méritent devoir place ici.
930. En l’année 1 374, lors de la révolution de la Hollande »
François Valdes, un des généraux de Philippe l ï , étoit occupé
depuis, quatre mois à faire le fiege dé Leyde ; cette place-
n’avoit plus de vivres ni d’efpoir de fecours, lorfque ce general
la fit foromer de fe rendre, qu’autrement il alloit la prendre
d’affaut. Les magifirats répondirent qu ils ne manquet oiènt pas
de vivres-, tant que le bras gauche leur refleroit, au ils mange—
raient s’il étoit befoin, fe réjervant le droit pour dejèndre leur liberté.
Cependant la populace, preffee par la faim , menaçcit de
fé révolter fi l’on tardoit de capituler., Valdespchoqué-d’une ré-
ponfe aulfi fiere & qui n’ignoroit pas 1 emeute intérieure , crut
devoir en profiter, en ordonnant à ton arm-ee de fe tenir prête
pour donner dans trois jours un affaut general; au lieu d effectuer
cette réfolution, il-fe rendit à la Haye pour y voir une
dame dont ü- étoit amoureux. Ayant remarqué quelle ne le:
C hAP.XIII. DE L’USAGE DES EAUX A LA GUERRE. 243
recevoit pas avec le même accueil que de coutume , il lui en
demanda la raifon ; elle répondit qu’il devoit s’en prendre à
lui-même, ne pouvant envilager, fans un mortel effroi, le fac
qu’il fe ptopofoit de faire de Leyde, où elle alloit perdre un
nombre de perfonnes qui lui étoientcheres. Valdes, pour rendré
l’enjouement à fa Cléopâtre, lui promit qu’à fa confidération
cette punition n’auroit pas lieu, & lui tint parole, fe flattant que
la famine contramdroit la place de fe rendre fans hafarder lé
fang des fiens. Dans ces circonftances, les peuples du voifi-
nage, qui avoient tenté vainement jufques-là toutes fortes de
voies de la fecourir, ayant appris qu’elle touchoit au moment
de fe rendre , prirent le parti de la fauver par le moyen le plus
étrange dont on fe toit jamais avifé.
9 31 . Pour en bien juger , on faura qu’indépendamment du
Rhin qui paffe au travers de Leyde , l’Iffel & la Meufe n’en
font pas fort éloignés, que ces rivières font contenues par. des
digues élevées anciennement pour empêcher que quand la mer
■ enfle leurs eaux, elles ne fe débordent dans la campagne dont
elles excédent prefque toujours le niveau. Ce font ces fàmeufes
digues que les Hollandois fe déterminèrent à rompre, fans fe
mettre en peine d’enfevelir fous les eaux leurs propres héritages
& tous les villages circonvoifins : par cette terrible irruption,
ils fubmergerent le camp des Efpagnols, firent naître un chemin
.à leurs vaiffeaux qui étoient reftés à quarante milles de la place,
& lui apportèrent un puiffant fecours de vivres & de foldats.
Ainfi 1 on vit fubitement plus de cent cinquante navires armés
en guerre chargés d’une grande quantité de bonnes troupes
pourfuivre de toute part fur cette nouvelle mer les afliégéans
qu ife fauvoient à la nage, après avoir difputé avec une bravoure
plus qu’héroique les endroits éminents où ils s’étoient re-
fugies, mais'que les eaux qui alloient toujours en croiffant les
contraignoient d’abandonner. Je laiffe à penfer quelle fut le dé-
fefpoir de Vaides d’avoir manqué, par fa faute la prife de Leyde,
alors fi importante aux intérêts de l’Efpagne, & perdu avec fa
réputation la plus grande partie de fon armée, fans parler de
toute fon artillerie qui refta au pouvoir des ennemis.
93 2- Au fameux fiege d’Anvers , entrepris en 1585 par Alexandre
Farnefe, duc de P arme,. les Hollandois tentèrent de fecourir
cette place par une voie toute fetn-blable à la précédente.
Comme l’armée d’Efpagne avuit barré l’Efcaut par un pont en
maniéré d eftacade, pour empêcher les ennemis de remonter ce
H h ij
Cette place
ejl fecoüfue
par nn étrange
effet des inondations.
Evénement
pareil au précédent
, arrivé
en 158$ y au
fiége d’A n vers
, par
Alexandre
Farnefe.