
Examen des
caufes quifont
quelles fleuves
Ce maintiennent
toujours
renfermés dans
leurs lits lors
mêmedes crues,
& qu'au con-
tr airti' autres
fe débçrdcnts
I l arrive quelquefois
que les
parties d’un
fleuve qui ont
plus de largeur
qu'il ne leur
en faut, fe rè-
trecijfent naturellement,
6*
que l’eau fe
prefcrit elle-
même de jufles
bornes.
2.84 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV. .
uniformément dirigées, ou que leur fond n’eft plus fufceptible
l o i , Qoique le lit d’un fleuve foit capable des plus grandes
crues, il peut cependant arriver que fi le fond & les rives font
affez durs pour ne pouvoir plus être entames par- la leule
force du courant, il débordera dans la fuite , faute de contenir
autant d’eau qu’il faifoit auparavant. Pour en juger, conlide-
rons les circonftances où ce fleuve peut fe trouver, x . Les
eaux feront claires ou troubles. 20. Elles couleront avec rapidité
ou lentement. Si elles font claires en tout tems, il n’y a point
de raifon pour qu’elles laiffent de dépôts, quelque lente que devienne
leur vîteffe, lorfqu’après les crues elles diminueront de
hauteur; ainfi le lit ne fe rempliffant point de matière étrangère,
fera toujours en état de contenir les grandes crues. De meme
fi l’eau, quoique trouble & baffe, coule avec beaucoup de rapidité
elle ne pourra laiffer que très-peu de depot, parce
quelle entraînera avec elle les matières dont elle fera chargéej
mais fi dans ce cas la pente du lit eft médiocre, & que 'la vi-
teffe de l’eau diminue à proportion de fa hauteur , ü n eit
point douteux quelle ne dépofe vers les berges, àcauledu iur-
croît de retardement de vîteffe qu’elles occafionneront. Ainiila
même chofe continuant d’arriver à. la fuite de toutes les crues ;
le lit fe remplira infenfiblement vers les bords, tandis que le
milieu reliera à-peu-près le même, à caufe de la durete du tond-
& de l’énergie que l’eau y confervera, au lieu quelle diminuera
de plus en plus en approchant des bords, au point ds
manquer de force, même dans le tems des crues, pour pouvoir
rafer les dépôts. Alors la capacité de la riviere allant toujours
en diminuant, il viendra un teffis où les eaux furabondantes nê
pouvant plusy être entièrement contenues, fe déborderont dans
la campagne, fur-tout fi le ht n a que peu de pente.
994. J’ajouterai qu’aux endroits où les fleuves ont plus de
largeur qu’il ne faut, ils s’attériffent quelquefois vers- les bords-
iufqu’à ce que leur lit fefoit refferré dans les limites convenables
au paffage des plus grandes eaux ; & comme ils s ’elar-
giflent en d’autres trop étroits, tant qu’ils aient atteint 1 equili-
bre entre la force de l’eau 8c la refiffance des prives , on voit
q u ’ordinairement la nature s’approprie elle-même les bornes
qui conviennent à ces effets. 11 faut pourtant obferver que cela
n’arrive que dans les parties des fleuves qui font encaiffees, &
non point dans celles qui n’ayant que peu de profondeur &
C hàP. I. DE LA NATURE DES FLEUVES. l8 f
de pente font plutôt fujettes à hauffer leur lit qu’à l’approfondir
parce que fi la vîteffe de l’eau, eft par-tout la même, les
dépôts fe formeront également. De-là vient que les fleuves ho-
rifontaux s’élargiffent ordinairement près de leur embouchure
à la mer, faute de force de la part de l’eau pour. les. creufer ;
c’eft pourquoi leur fond y refte plus haut que par-tout ailleurs,
à moins qu’on ne les refferre par des digues ; alors loin de fe
combler, s’il eft compofé de matière tendre , il pourra s’approfondir
, d’autant plus que les eaux acquereront une plus grande
vélocité par leur gonflement.
995. Les fleuves qui coulent fur un fond compofé de gravier
, confervent rarement la même direétion, parce que pouffant
irrégulièrement devant eux le gravier, il s’amaffe fouvent
en fi grande quantité à certains endroits , qu’ajirès avoir formé
des bancs , ceux-ci forcent le courant à fe détourner de fon
chemin ordinaire : venant enfuite à rencontrer un terrein d’une
foible réfiftance , il fe creufe un nouveau h t , le plus fouvent
compofé de plufieurs bras, qui donnent heu à la naiffance des
ifles occafionnées par les attériffemens ,. qui font caufe des fi-
nuofités que le fleuve forme par la fuite.
Si pour empêcher que cela n’arrive, on fait des digues afin
d’obliger le courant de couler en droiture,.& quelles foient aft
fifes fur un terrein graveleux , on ne tarde guere à connoître
leur infuififance , parce quelles font bientôt fappées par le
pied. De pareils fleuves font prefque indomptables ,;à moins
qu’on n’y emploie des moyens plus efficaces que ceux qu’on a
coutume de mettre en oeuvre pour les maintenir dans leurs premières
bornes. Quand ils coulent fur un fond de fable ils font
beaucoup plus aifés à gouverner, à caufe de luniformitéoù leur
lit s’entretient, dès qu’il a été judicieufement réglé par la nature
ou par l’art, à moins que quelques caufes extraordinaires
ne troublent l’équilibre qui fe rencontrera entre l'action du courant
& la réfiftance du lit.
996. Pour faire connoître les différentes caufes des dommages
qui arrivent aux fleuves, nous commencerons par examiner
les effets des groffes pierres qu’ils entraînent, lorfqu’ils
reçoivent celles que le vent ou la pluie détachent des montagnes
adjacentes, fans parler des autres qui fe tirent quelquefois
de leurs rives, & même de leur propre fond ; mais fans
nous mettre en peine d’où elles proviennent, ilfuffit de favoir
que nombre de fleuves en charient fans que cela doive fur-
Inconvcniens
auxquels font
fujets les fleuves
qui cou-,
lent fur un lie,
de gravier.
De quelle
maniéré les
pierres que
charient certains
fleuves,
eccafionnent
des attérijfe-«
mens»