
Refait at des
trois pojîtions
qu’ on peut
donner à un
épi , eu égard
à la nature
des angles
qu’ i l formera
avec la rive
adjacente.
i 96 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
celle qui fera dans le fond de l’angle X C D , s’y fixera après
avoir un peu tournoyé, parce quelle décroîtra de mouvement
à mefure quelle fera plus près de la rive A C ; ce qui donnera
lieu comme ci-devant à un prifme triangulaire d’eau dormante
, qui formera extérieurement avec la rive A C un angle
obtus A X D , plus ou moins ouvert, félonie degré de vîteffe
qu’aura le fleuve.
Pour peu que l’on y faffe attention, on verra que ce pnlme
doit occafionner les mêmes chofes que dans le cas précédent ;
c’eft-à-dire que fi le fleuve a un cours paifible, l’eau arrivée
contre l’obftacle X D coulera de X en D , à peu près parallèlement
à la ligne X D , & fe joindra au courant libre O V . Si au
contraire l’eau après le choc conferve affez de force pour rejaillir
félon P I , elle fe combinera avec le même courant, &
ils fuivront enfemble la direcîion L Z de la diagonale' LI du
parallélogramme des forces KH ; par conféquent le fleuve
ainfi déterminé ira encore choquer obliquement la rive droite
ST , & peut-être auffi l’autre oppofée. _
On voit par ce qui précédé qu’il doit fe former un atteriffe-
ment dans l’angle X C D , auffi bien que dans l’autre D C B ;
que le premier garantira le pied de l’épi contre les affouille-
mens du cours direcl de l’eau , & que le fécond lui fervira
d’appui. .
1012.' Il fuit de tout ce qui précédé, que chacune des trois
polirions qu’on peut donner à un ép i, a fes avantages félon
l’ufage qu’on en veut faire. Par exemple, celui qui forme un
angle obtus oppofé au courant, eft d’un excellent ufage pour
le renvoyer Contre un attérilfement qu’on a deffein de détruire ;
ce qu’il fait fans beaucoup fouffrir de la part du choc de 1 eau
qui ne le rencontre alors que fort obliquement : ainfi dans ce
cas il mérite la préférence lur les deux autres.
Si l’on n’a point cette vue , & qu’au contraire on veuille remplir
un endroit plus creux que le lit du fleuve, l’angle aigu eft le
meilleur de tous pour occafionner un dépôt ; alors on peut faire
l’épi un peu courbe ou à pans,pour former une maniéré d’anfrac-
tuofité, obfervant que fa tête foit tellement difpofee, que la
face extérieure du prifme d’eau dormante ne réfléchilfe point
le courant modifié contre les rives, de crainte de les endommager
, à moins qu’on n’eût occafion de détruire en même teins
un banc qui fe trouveroit près de là ; alors il faudra tracer 1 epi
en conféqugnce. Quant à l’angle droit, je ne lui connois guere
, d’autre
C h a p . I. d e l a n a t u r e d e s F l e u v e s . 10 7
d’autre mérite que de racourcir la longueur de l’épi, depuis la
rive d’où il doit partir,jufqu’au terme où il faut qu’il aboutiffe,
qui fe trouvera toujours plus long pour les deux autres angles,
lorfque la tête de l’épi fera également éloignée de cette rive.
D ’ailleurs recevant perpendiculairement le choc de l’e au , il en
fera plutôt dégradé par le pied, parce que les dépôts ne pourront
avoir lieu que dans le fond du même angle, fi le courant
a un peu d’impetuofité, à caufe que l’eau riy fera guere agitée;
au lieu qu’en-dèçà étant refléchie d’une part & renvoyée de
l’autre fur elle-même, elle fera un tourbillon avant que de fe
joindre au courant libre.
1013. Nous avons fuppofé jufqu’ici que les épis étoient des
maffifs défiguré paralellipipede fondement établis ; mais comme
dans bien des cas cette forme ferait fujette à caufer des débor-
demens dans le tems des grandes crues, fi l’on étoit obligé de
donner à l’épi beaucoup de longueur, par conféquent de trop
rétrécir le paffage des eaux, voici le moyen de concilier l’objet
qu’on fe propofe avec les changemens qui arrivent aux fleuves,
afin qu’il n’en puiffe réfulter aucun dommage. Ce moyen eft
de faire les épis en maniéré de coin N C D , c’eft-à-dire, que
la face oppofée au courant foit un triangle reâangle, comme
le nfontrent les figures 7 & 8 , où dans la première l’épi fait un
angle aigu avec la rive adjacente, & dans la fécondé, un angle
obtus, qu’on pourroit auffi rendre droit, félon qu’on le jugera
plus convenable.
Il eft certain qu’à bien des égards, ces fortes d’épis doivent
occafionner une partie des choies que nous avons remarquées
au fujet des précedeus, mais modifiées à caufe de la différence
de leur figure. L’eau renfermée dans les angles de droite & de
gauche y étant prefque dormante , formera deux piramides
triangulaires D Q N C & D N Y C , qui n’en feront enfemble
qu’une feule C N Q D Y avec le corps de l’épi, & au bout d’un
certain tems cette piramide deviendra entièrement folide, lor fque
les dépôts auront pris fucceffivement la place de l’eau dormante.
1014. On voit que dans l’un & l’autre cas la lame d’eau
qui coulera immédiatement au-deffus du fond, venant rencontrer
la bafe Q D de la piramide N Q D C , descendra de Q en
D pour fe joindre au courant libre, fi la vîteffe du fleuve eft
médiocre , ou bien réjaillira de P vers H pour concourir avec
lui félon la diagonale L I , fi cette vîteffe eft fort rapide. Comme
Partie I I , Tome I I , P p
Examen des
propriétés des
épis triangulaires.
PI. XXXV,
fig.7&S.
Les épis tri-J'
angulaires ont
l’avantage de
ne point trop
rétrécir le paf
fage d’un cou•
rant dans les
grandes crues»