
Préjudice que
petiyent causer
aux portf
de la Méditer-
fanée les petites
rivières
qui s’y déchargent.
A v a n tage
qu’on en
tire fu r l ’ Q?
céan. Différence
de ces
deux mers, eu
égard à la fa illite
à?y élever
des tra-
l 'flu*,
80 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
haiteroit, mais feulement en partie, & que d ailleurs elle a les
autres qualités que nous venons d’exiger, il faut alors fuppleer
par l’art à ce que la nature lui a refufé, embraffer par des
digues un efpace de mer, en profitant des ifles & des rochers
dont on peut fe prévaloir pour mettre des flottes à couvert du
gros tems & des inquiétudes que l’ennemi pourroit leur caufer
( art. 667 ) ; alors fe trouvant à portée d’un bon port abondant
en toutes chofes, ils en tireront les tccours neceffaires. Les
exemples que nous avons rapporté de ce qui a été execute de
la part des anciens & des modernes, font plus que fuffifans
pour fournir des réglés propres à fe conduire en pareilles cir*
confiances. Mais avant que d’entamer de femblables projets, il
faut bien examiner la difpofition des lieux, fur-tout des courans,
de crainte qu’après l’exécution il ne s’y forme des ençombremens
caufés par des rapports continuels de fable, de vafe, ou de galet,
qui pourraient rendre inutiles les dépenfes qu’on y fera. Comme
il eft rare de rencontrer des rades parfaites , le plus grand
fervice que puiffe rendre à l’Etat un homme charge des travaux
maritimes, eft de rechercher les moyens les plus fûrs & les
moins difpendieux d’améliorer celles dont on eft obligé de fe
fervir.
Je ne dis rien des rades de relâche où les vaiffeaux ne rëf-
tent que jufqu’â ce que les vents deviennent propres à faire
route, & où des efçadres peuvent mouiller, comme à rifle»
D ieu , parce qu’on a moins d’intérêt de les améliorer que celles
qui répondent à des ports, & que ce que nous avons expofé
de ces dernieres leur eft également appliquable,
699. Il eft effentiel d’éluder dans la Méditerranée les petites
rivières qui viendraient fe décharger dans un port oy une rade
- qu’on aurait ehoifi,parce qu’elle fe comblerait infenfiblement par
le fable ou la vafe quelles charient. Si cette confidération ne de-
voit pas l’emporter fur les raifons qu’on aurait de préférer cette
pofition à une autre, il faudrait détourner ces rivières, & porter
leur embouchure ailleurs le plus loin qu’il eft poffible, comme
M. le maréchal de Va.uba.ri l’a fait exécuter au port deT ou lon,
à l’égard de celles du Las & du Ligoutier, dont les embouchures
ont été portées à droite & àgauche de ion entrée ; au contraire
on doit regarder,furies côtes de l’Océan, commeun grand
bien les petites rivières qui viennent fe décharger dans un
port, parce qu’en conftruifant des éçlufes à leur embouchure,
pn s’en fert fort utilement pour curer §c approfondir les mêmes
port»,
C h a p .IV . M a x im e s p o u r b o n i f ie r l e s p o r t s . 81
ports , fans fe mettre en peine de ce que les rivières peuvent
avoir de limonneux, qui n’entre point en comparaifon avec les
matières qu’elles portent au large ; & en cela ces ports ont un
avantage fur ceux de la Méditerranée, parce que la mer fe retirant
des premiers deux fois en 24 heures, on peut y bâtir avec
moins de frais toutes fortes d’ouvrages , principalement des
formes pour le radoub des vailfeaux, quine peuvent guere avoir
lieu dans les féconds , par la difficulté non-feulement de conf-
truire ces formes, mais de les maintenir à fec pour y manoeuvrer
, a moins qu’on ne s’y prenne comme nous le dirons dans
le chapitre XII.
700. Lorfqu’un port royal fe trouve dans une fituation qui
le rend fufceptible de commerce, il convient de procurer aux
marchands un endroit féparé, pour que la marine n’en foit point
incommodée ; par-là on préviendra les difficultés qui peuvent
naître entre les uns & les autres. On a dû remarquer (art. 6 18
& 626) que les anciens ont eu cette attention , tant pour y
maintenir la police , que pour des raifons de politique. Ils fé-
paroient par de hautes murailles le port des négocians d’avec
celui des armemens de guerre, pour que nul ne fut inftruit de
ce qui fe paffoit dans ce dernier qui étoit bien-fermé, fans rien
avoir de commun avec tout le refte.Sage précaution qui dérobe
à un ennemi les deffeins qu’on peut a vo ir , & lui ôte tout
moyen de mettre fecretement le feu à quelques vaiffeaux pour le
communiquer aux autres.
701. Une attention importante en voulant établir un port, eft
de bien prendre garde s’il ne s’y engendre point de vers qui rongent
le fond des vaiffeaux, les mâts & les autres bois de conf-
truffion qu’on fera obligé de dépofer dans des baffins particuliers.
Ces vers font fort rares dans les ports de France fur l’Océan;
mais il n’én eft pas de même dans quelques-uns de la Méditerranée.
La plupart font apportés des Indes & des ifles de l’Amérique.
Ils font un peu plus gros que ceux qui donnent la foie,
ont le corps tendre & luifant, la tête ronde & noire, extrêmement
dure, armée d’un bec en forme de tariere qu’ils tournent à
leur gré ;.ils percent le bordage & les autres bois, de maniéré à
rendre le vaiffeau hors de fervice.
702. Pour prévenir cet inconvénient, on garnit en Europe
les deffous du navire avec un enduit compofé de poix & de
pouffiere de verre qu’on recouvre d’un gros papier gris ; enfuite
d’un bordage bien calfaté & bravé, fur lequel on attache des
Partie JL Tome I I , L
Lorfqu’un
port royal fe
trouve également
propre
au commerce,
il convient de
fèparer le département
de
la marine É a-
vec ce qui a
rapport aux
intérêts des
négocians».
Inconvénient
de certains
ports où il fe
rencontre des
vers préjudiciables
à la
confervation
des vaiffeaux.
Moyen de
fe garantir du
dommage que
caufent les
mêmes vers.