
198 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
long-tems que l’on v eu t, ne démoliffant l’enveloppe que quand
on eft alluré de n’avoirplus rien de fâcheux à craindre. Apparemment
que l’on a fenti la nèceffité de fe précautionner de la
forte pour établir cette c a le , fans fe mettre en peine de la
dépenfe que l’enveloppe exigeroit, puifqu’il eft Vraifemblable
que fi on avoit pu s’en paffer , on eût agi plus cavalièrement.
L*tuÿ>mr 8(Si. Il fe rencontre des pofitions où ayant tout à redouter
«< d’une cale ^ efjets d’une mer agitée, il y a de la prudence de,ne rien
t,‘'ovâuice ‘ r‘ épargner pour affurer la folidité du travail, fur-tout lorfqu étant
avec plus de prolongé en faillie, il n’eft point appuyé par les côtés, de crainte
(me TÙnTef- qu’en fuivant une économie mal entendue, l’on n’ait le chagrin
pece d’ou- ' de le voir détruire & recommencer plufieürs fois, comme cela
yraP ’ arrive fouvent ; au lieu que fi on s’y étoit pris Amplement,
comme on l’a fait aux quais devant l’hôtel de ville, il eût été
bien difficile d’affujetdr au fond de l’eau des cailles inégalement
chargées, & d’accorder fi bien les bouts de maçonnerie de la
ca le , que la furface ne formât plus qu’un feul plan incliné parfaitement
fini.
Quoi qu’il enfoit, cet exemple ne peut être que fort utile
dans les occafions où l'on aurait quelques fâcheux événemens
à craindre, taillant au gré de ceux qui formeront des projets,
de fuivre une des méthodes précédentes plutôt que l’autre,
félon la connoiffance qu’ils auront du local.
Nous ajouterons feulement que la maçonnerie d’une cale
doit être travaillée avec plus de foin qu’aucune autre, vu l’énorme
poids dont elle doit être chargée & la difficulté d en reparer
les dégradations : c’eft pourquoi il conviendrait de la
revêtir de pierres de tailles pofées en coupe & en liaifon, pan-
nereffes & boutiffes , comme il eft enfeigné dans l’article 320,
afin de ne point employer de crampons de fer qui fe rouillent
rhm l’eau , & fe réduifent à rien peu d’années après.
S E C T I O N I I .
O ù ton décrit de quelle maniéré on a fondé fa r encaiffement les
piles du pont de Wejlminfier.
C e qui a èti 862. Comme le vrai moyen de profiter de l’expérience & de
■ H p l’acquit des grands maîtres , eft de fuivre pas à pas ce qu’ils ont
ksïupoMds exécuté de remarquable, je çrais ne pouvoir rien offrir de plus
C hap.X LM a n ié r é d e f o n d e r p a r e n c a i s s e m e n t , i 99
intéreffant que ce qui a été pratiqué par le célébré M. Charles
Labelye, ingénieur au fervice de la couronne d’Angleterre ,
pour fonder par encaiffement les piles dupont deWeftminfter,
afin de comprendre dans ce chapitre tout ce que j’ai pu recueillir
fur cette maniéré de travailler dans l’eau. Je m’étois
d’abord propofé de n’en faire mention que vers la fin de ce volume
, où l’on enfeigne la conftruftion des ponts en général ;
mais ayant réfléchi qu’en matière d’architeâure hydraulique,
ce qui fe fait pour un cas particulier, peut s’appliquer à une infinité
d’autres, & que ce fujet préfentoit un grand nombre d’inf-
tru&ions très-utiles, il m’a paru convenable de ne point le placer
ailleurs, afin d’avoir occafion de montrer le parti qu’on peut
prendre dans les fleuves qui croiffent & décroiffent félon le flux
& reflux de la mer où ils fe déchargent, telle qu’eft la Tamife,
fur laquelle le pont dont nous parlons eft conftruit. J’ajouterai
que tout ce que je vais en rapporter eft extrait d’un mémoire
écrit en anglois par M. Labelye même, pour expliquer la méthode
qu’il a fu iv i, & que M. de Montigny, de l ’académie
royale des fciences , a traduit en françois.
863. Pour faciliter l’intelligence de ce qu’on va v o ir , il eft
bon d’être prévenu : ï° . qu’à l’endroit de la Tamife où l’on a
élevé le pont dont il s’agit, la hauteur des baffes eaux eft d’environ
fix pieds , que les plus grandes crues ne montent gueres
au-delà de quinze, & que les plus ordinaires font d’environ 11
pieds ; z°. qu’on y a trouvé à trois ou quatre pieds au-defîous
du lit de la riviere un fond de gravier d’une épaiffeur confidé-
rable, puifque l’ayant fondé jufqu’à quatorze pieds de profondeur
, il devenoit d’autant plus dur que l’on pénétrait plus
avant; 30. que le pont eft compofé de douze piles portant 13,
arches en plein ceintre, dont la naiffance eft élevée d’un pied
au-deffus du niveau des plus baffes eaux ; 4° que les deux piles
du milieu ont 17 pieds d’épaiffeur , celles des autres allant en
décroiffant de droite & de gauche chacune d’un pied , toutes
fondées à 5 pieds au-deffous du lit de la riviere. On obfervera
que c’eft ce qui a été pratiqué pour l’une des deux premières,
qui va faire l’objet de cette feéiion, les autres ayant été fondées,
de même.
864. M. Labelye. ayant mûrement réfléchi fur la méthode
qu’il fuivroit pour fonder les piles du pont dont il devoit avoir
la conduite, fentit combien il ferait difpendieux de les entreprendre
en faifant des batardeaux qui feraient perdre beaucoup
Wefiminfler J
peut être appliqué
dans
nombre d'aud
très cas dépend
dans de l'ar—
chiteêture hyd
draulique.
E xp o fé des
principales.
Circonfiances
qui peuvent
donner con-
noijfance de
Vendroit' où
l'on a établi ce
pont.
Inconvénient
que Von efrt
rencontré f i
l ’on avoit
voulu fonder
à fe c les piles
de ce pont,