
Description
de la rade &•
du port de
Bref,
Obfervation
fu r les incon-
vèniens de la.
navigation de
la branche.
64 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
rente même , eft fujet-à l’inconvénient de prefque tous ceux
qui font for les rivières , par la vafe qu'elles charrient, & qui
s'accumule au point d’y former des attériffemens fi confidéra-
bles qu’on a lieu d’en appréhender la perte , fi l’on n’y remédie
par une attention continuelle à les détruire à mefore qu’ils
naiifent.
66 5. Celui de Breft, fi célébré par la bonté de fa rade, pour
le refuge des armées navales, eft fitué dans une baye ; la ville
fe trouve au nord ; elle eft traverfée par la riviere de Pinfeld,
qui lui tient lieu de baffin : au fud de la ville eft la rade partout
de bonne tenue, d’environ huit lieues de tour , & où les
vaiffeaux peuvent mouiller à 8, 1 o & 15 braffes d’eau à marée
baffe , qui eft tout ce que l’on peut délirer; c’eft dommage que
fon entrée au quart-oueft-fod-oueft, qui a une demi-lieue de
largeur, ne foit point aifée à caufe des rochers nommés les Fil-
lettes & le Maignan placés vers le milieu, qu’on ne découvre
qu’au tems des vives eaux, mais qu’on évite cependant en rangeant
la terre du nord au fud.
L ’on pourroit auffi reprocher à cette rade de n’être point affez
abriée des vents impétueux du large qui foulevent la mer, &
fatiguent beaucoup les vaiffeaux qui font à l’ancre. Au refte, elle
eft des plus refpe&ables par le grand nombre de batteries qui en
défendent l’accès. A l’égard de l’entrée du port renfermée dans
la ville, elle eft défendue par un bon château qui eft à l’e ft, &
par la batterie royale à l’oueft. Je paffe fous filençe tous les
édifices qui appartiennent à la marine, pour ne point paffer les
bornes où je me fuis propofé de renfermer la matière de,ce chapitre.
Par cette raifon, je n’entreprends point de parler de tous
les autres ports de France, que l’on trouve en fuivant la côte,
afin de m’arrêter particulièrement à ceux qui intéreffent davantage
la Manche.
6 6 6 . L’on a vu , article 6 0 7 , combien ce canal étoit dangereux
par l’irrégularité des courans, par les écueils qui fe rencontrent
dans le paffage de la déroute, & dans le raz Blanchard ,
jufqu’à celui de Barfleur, fans parler des inquiétudes que cau-
fent en tems de guerre les corfaires Anglois, toujours en croi-
fiere à couvert de leurs ifles, ce qui oblige les navires François
de faire route le long de la côte de baffe-Normandie, où
ils n’ont point d’abris affurés contre les ennemis ni contre les
tempêtes. Comme d’auffi grands inconvéniens ne pouvoient
manquer d’attirer l’attention du miniftere , la Cour s’eû déterminée
C haP. III-Des PORTS ÉTABLIS PAR LES MODÜS.Î1ES: 6?
minée â conftruire un port à Cherbourg, lequel étant perfectionné
, fera d’un grand fecours aux frégates de 40 à 50 canons
& aux navires marchands ; cependant l’impoffibilité de faire
entrer dans ce port des vaiffeaux du premier rang , a donné
lieu au projet d’abrier fa rade, de façon à les tenir à flot, fans
être incommodés des vents.
66y. Pour en juger , on fe rappellera que nous avons d it,
article 5 3 z , que cette rade fe trouvoit vis-à-vis le {sort, ayant
auffi-bien que lui fon entrée principale N. & S. quelle avoit
une lieue & demie d’étendue de l’eft à l’oueft, & du N. E. au
S. O . for une demi-lieue de large ; à quoi j’ajouterai que la courbure
de la côte & M e Pelé l’abrieut de la plupart des vents ,
frétant incommodée que de ceux du nord & du N. N. O .
mais qui font d’ailleurs d’autant plus favorables pour conduire
les vaiffeaux au port, que les marées qui viennent de cette part
les y portent naturellement. Elle a encore cela d’avantageux,
que le fond étant de fable & d’argile, allant en pente du fud
.au nord, l’ancre ne peut chaffer. Au furplus, on y mouille à
baffe mer au S. O . de l’iflePelé , par j , 6 & 7 braffes d’eau ,
,& plus loin à 8 ,9 & 1 o.
Ce font tous ces avantages qui ont fait naître l’idée d’embraf-
fer cette rade par plufieurs moles A B , C E , GH & IK , qui
formeront enfemble une retraite affurée aux plus gros vaiffeaux.
L ’on voit qu’on laiffe pour entrée principale de ce vafte baffin ,
l’intervalle H I , ayant de droite & de gauche les batteries H &
I pour la défendre par des feux croifes ; qu’on veut auffi ménager
une autre entrée BC pour de médiocres bâtimens. Comme
M e Pelé couvre en partie dans les grandes vives eaux, on
s’eft propofé de la traverfer d’une chauffée D E , D O , contre
l’élévation des vagues, & d’y faire en tête une batterie O . Pour
mieux defendre l’accès de cette ifle , ainfi que la partie de la
rade qui s’étend vers l’e ft, on doit’ conftruire le fort L , à portée
duquel fe trouvera un petit port M DF , formé par la faillie
DM d’une pointe de rocher , & par le petit mole FN qu’il
faudra y faire , à quoi l’on joindra les commodités néceffaires
à la caréné & au radoub des vaiffeaux.
L ’on ne peut difeonvenir que fi jamais ce projet a lieu, fon exécution
ne foit des plus avantageufes à la F rance, qui aura, enface
des plus beaux ports d’Angleterre, un afyle capable de contenir
une armee navale, dontjl’utilité en tems de guerre fe fait trop fen-
tir pour en expofer les motifs. En attendant, le port de Cherbourg
Partie II, Tome I I , I
Defcription
de la rade de
Cherbourg.
Projet pour la
rendre capable
de couvrir des
armées navales
. PL V.