
fes rives ycon•
tribuent beaucoup
à rendre
fa vîtejfe ini-
idc.
Ce que la
vîtejfe des
fleuves, ac-
quife par la
pente, perd de
la part des
obflacles, éfl
le plus fou-
vent réparé par
la hauteur ou
l ’eau s’élève.
Difficulté de
mefurer la
Vraie vîtejfe
d'un fleuve ;
on ' n en peut
guere juger
par celle de
fa furface ,
mais bien par
la vîtejfe
moyenne que
caufera l ’énergie
de
Veau.
1 7 6 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV
baffes ; au contraire, dans le tems des crues , la vîteffe de leur
fiirface paroît affez égale ; comme alors elles font troubles &
qu’on ne voit pas ce qui fe paffe dans le fon d , on feroit
porté à croire que la même uniformité y régné , fi la raifon ne
faifoit fentir qu’une plus grande hauteur d’eau ne détruit point
ce qu’on a remarqué dans le fond lorfqu’on le voyoit dif-
tinâement.
981. Il fuit que dans les fleuves qui ont beaucoup de pente vers
leur origine, la vîteffe fe tire plutôt de l’accélération caufée par
la chûte que du volume de l’eau ; mais que dans l’éloignement
où ils fe trouvent de cette origine, fil’inclinaifon du lit devient
infenfible , & qu’à cette circonftance il fe joigne encore des
obflacles de la part du fond, tous les degrés de vîteffe acquis
par la chûte fe trouveront détruits, fans que pour cela le fleuve
ceffe de couler, parce.que croiffant en hauteur, comme je l’ai
déjà dit, à mefure que fa vîteffe première diminue, elle en acquiert
une nouvelle qui remplace la première.
Puifque le cours d’un fleuve dépend tant de fa vîteffe ac-
quife par la chûte que de la hauteur du volume d’eau, il peut
arriver que de toute la quantité qui paffera par une feâ ion, la
partie inférieure de l’eau ait pourcaufe de fa vîteffe la hauteur
de celle qui la preffe , & que la fupérieure ait pour la fienne
la chûte première.
982. De-lâ on peut conclure que les eaux d’un fleuve, prifes
dans la même fe â io n , n’étant point produites par la même
caufe , il ne peut guere y avoir de réglé pour mefurer la
quantité que ce fleuve en fournit, fur-tout fi l’on en veut juger
parcelle de la furface, en y faifant furnager un corps pour mefurer
le chemin qu’il fait dans certain tems déterminé. Car fi le
fond n’a que peu ou point de pente dans l’endroit où l’on fait
l’opération, la vîteffe du fleuve aura pourprincipale caufe Y énergie
de l’eau ; alors les vîteffes des lames prifes dans la même
feâion , iront en croiffant dans la raifon des racines quarrées
de leur profondeur, abflraâion faite de la réfiflance caufée par
le fond. Cependant comme elle ne peut jamais être nulle, le
retardement de celle qui lui répondra immédiatement troublera
non-feulement cette gradation de vîteffe , mais influera encore
fur celle des autres lames moins profondes, parce que l’adhérence
ou vifcofité , ou l’engrainement qu’ont enfemble les
particules de l’eau , fait que la vîteffe de celles du fond ne peut
être retardée fans que celles-ci ne retardent les autres qui font
C h a p . I. d e l a n a t u r e d e s F l e u v e s . 277
au-deffuff & ces dernieres les fuivantes, mais toujours de moins
en moins ’ àmefure qu’elles feront plus éloignées des pfemieres.
C ’efl ainfi que nous voyons ralentir le mouvement de i eau
qui approche des rives, & celle qui lui eft contiguë fe reffentir
par gradation de la perte de cette vîteffe. Par une raifon contraire
on remarque dans un canal où l’eau eft dormante , que
fi l’on vient à ouvrir un permis placé au-deffous de fon niveau
, fa furface acquiert du mouvement qui ne peut être occasionné
que par l’adhérence qu’elle a avec les particules d eau
qui coulent au-deffous. Cependant on peut, dans la mefure des
eaux courantes , n’avoir point egard a ces variations , parce
que les particules qui auront le plus de rapidité la partageront
avec celle qui en ont le moins : d’où il réfulte que la vîteffe
moyenne efl celle fur laquelle il faut le plus compter.
983. C ’efl un préjugé affez général, même chez les gens de
l’a r t, que les fleuves n’ont de cours qu’en vertu de la pente de
leur l i t , quoique perfonne n’ait encore démontré la néceffité
de cette pente , ni de combien elle devroit etre, eu egard a la
longueur du trajet ; de-là viennent les differentes opinions des
auteurs qui ont parlé de la conduite des eaux courantes, pour
en eflimer la pente ; c’efl ce qui arrive quand on flotte dans
l ’incertitude de favoir le point auquel on doit fê fixer, cependant
il ne falloit que des yeux pour fe défabufer. Ne voit-on
pas , quand on laiffe échapper l’eau fur toute la largeur de la
feâion d’un canal horifontal, quelle coule naturellement vers
l’endroit où elle n’eflplus retenue, ce qui ne peut arriver autrement.
Car fi la furface de l’eau fe trouve un peu plus elevee
que celle de la mer ou du fleuve qui doit la recevoir, cette
différence de niveau en fera naître dans la hauteur des colonnes
dont les bafes feroient comprifes fur un même plan horifontal :
les plus hautes chafferont devant elles les plus baffes ; la fur-
face de l’eau s’inçliriant imperceptiblement fur toute fa longueur,
coulera d’une vîteffe réglée fur la profondeur où elle fe
fera réduite, relativement à l’abondance de la fource qui la fournira;
& fi elle efl intariffable , comme nous le fuppofons, ce
canal ne différera point d’un fleuve. Il n’efl donc pas abfolu-
ment néceffaire que fon fond ait une pente pour que l’eau
puiffe couler , il fuffit que vers fon origine la furface de 1 eau
foit régulièrement plus élevée que celle du lieu où elle déterminera
fon cours ; alors plus le volume qui doit couler fur le
njême lit horifontal fera confidérable , & plus fa vîteffe
C’efl uni
erreur de
croire que les
fleuves nont
de vîtejfe qu’à
caufe de la
pente de leur
lit , puifque
l ’énergie de
Veau fuffit
pour lui en
donner.