
Tffage d’une
petite éclufe
pourfaire gon*
fier les eaux
d ’une riviere,
qui n’ auroie
point en quel-
qu endroit af~
f i l de profondeur.
Cette
forte d'éclufe
pajfe pour la
plus ancienne
dont on ait
g it ufage.
A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
marees, qui montent jufqu’à vingt-pieds de hauteur, ces portes
puiffent fe foulager réciproquement.
Par cette difpofition, le grand fas n’a rien de commun avec
les deux petits paffages N Q , SV, dont il eft féparé par une digue
de terre V K qu on a laiflee à la tête du canal, pour donner
lieu à deux embouchures différentes.
J ajouterai que les portes B , C , F, G , N , O , n’ayant point
de guichet, on a pratique dans les bajoyers des aqueducs ou
permis H fermes par des vannes , afin de vuider ou remplir le
grand & le petit fas ; qu on a ménagé des rampes I pour defcen-
dre fur les radiers, lorfqu on lés met à fec pour quelques réparations
j & que la muraille IZ , qui répond à la côte, fert à empêcher
que la mer n enlable l’embouchure du canal, qu’on entretient
en bon état, moyennant les chaffes d’eau que fournit l’é-
clufe SV.
; Tout ce grand travail, vraiment digne d’admiration, eft pro-
tege par le fort Philippe ; fortereffe à quatre baftions fituée près
du petit fas N Q . La gamifon de ce fort, de même que plufieurs
maifons qui font le long du grand fas, tirentl’eau qui leur eft né-
ceffaire d’une vafte citerne M pratiquée dans la maîtreffe pile K L .
1053. Comme il peut arriver que le fond d’une partie de la
riviere quon veut rendre navigable fe trouve un banc de roc
^ trop grande etendue pour entreprendre de l’enlever juf-
qu a une profondeurfuffifante, à moins d’une exceffive dépenfe,
il faut alors fonder le terrein à portée de-là,pour voir fi l’on ne
peut point à peu de frais éluder ce banc en détournant la riviere.
Si cet expédient ne pouvoit avoir lieu, àcaufe qu’elle fera peut-
être bordée de montagnes-qui offriroient un travail plus grand
premier , on examinera quelle en eft la pente, afin de
yoir f i a i aide d une eclufe on pourra faire gonfler lès eaux fufi-
fifamment pour faire paffer les bateaux au-deffus de l’endroit
critique, mais il faut que cette eclufe foitconftruite de façon que
la chute qu elle fera naître, ne devienne pas un obftacle à la navigation
; c eft a quoi Ion parviendra en la faifant dans le goût
de celle qu’on voit .repréfentée par les figures 2 3, 24 & z< de
la planche X X X V I I I , dont voici l’expbcation.
Suppofant que le terrein fur lequel cette éclufe doit être éta-
bhe fe trouve d’affez bonne qualité pour n’avoir pas befoin
j ,®tr® £^o te 5 on contentera d’affeoir la fondation de fonra-
dter B C & de fes bajoyers X fur un grillage, & l’on élevera le
relie comme à l’ordinaire : à quoi-je ne m’arrête point, étant
C h a p . III. d e s E c l u s e s p r o p r e s a u x r i v i è r e s . 3 2 7
principalement queftion de fa fermeture qui n’a rien de commun
avec celles qu’on a vu dans le volume précédent.
Cette éclufe, qu’on fuppofe de feize ou dix-huit pieds de largeur,
fe ferme moyennant une bafeule F H nommée fléau ,•
chargée d’un contre-poids O à fon extrémité F; cette piece tourne
liir un pivot G , & avec elle trois poteaux pendans K , liés enfem-
ble par une barre de fer qui les traverfe un peu au-deffus du
feuil V fervant à les appuyer, de même que deux autres poteaux
R enclavés de quelques pouces dans les bajoyers X , placés à la
même fin que les précédera ; c’eft pourquoi ils font tous cinq
d’allignement, laiffant entr’eux des intervalles égaux, ainfi il n’y
3 que les trois du milieu qui accompagnent le Beau, quand on
le fait tourner pour ouvrir ou fermer l’éclufe.
Dans le premier ca s, ils fe rangent contre le bajoyer gauche
pour laiffer paffer les bateaux ; dans le fécond, on place le fléau
comme il eft repréfenté dans la fig. 24, où fon extrémité appuie
contre une borne I qu’on ne diflingue que fur le plan. Alors
l’éclufier paffe fur cette piece pour fe rendre fur le bajoyer
droit où fe trouve un fécond fléau LM portant une planche
fort large qui fert de pon t, accompagnée d’un petit garde-fou
N PN attaché â la même piece , le tout tournant librement fur
le pivot Q , afin de pouvoir placer ce pont dans la fituation que
repréfente la figure 23. Le même éclufier prend un nombre de
vantelles ou planchettes d’environ dix pouces de largeur chacune
, attachées à une perche ou aiguille pour les introduire les
unes fur les autres dans les couliffes des poteaux K & R du
côté oppofé au courant,afin de fermer les intervalles S & de faire
gonfler les eaux à la hauteur que l’on v eu t, en employant plus
ou moins de ces planchettes, dont les aiguilles T font attachées
de maniéré qu’elles ne puiffent point fe nuire,
Lorfque les bateaux qui defeendent la riviere pour paffer
fendroit critique font parvenus près de l’éclufe, on fupprime
ces planchettes, fans rencontrer de difficulté de la part du frottement
que caufe la pouffée de l’eau que chacune foutient &
qui eft toujours la même : alors la riviere s’étant mife à-peu-près
de niveau fur la longueur du radier, on tourne facilement le
fléau F H , parce qu’il n’y a que les bouts des trois poteaux K
qui trempent dans l’eau. Quant aux bateaux qui veulent remonter
la riviere & qu’on fuppofe avoir paffél’éclufe, on fent
bien que dès qu’on l’a refermée en répétant la manoeuvre pré-
Pi.xxxvur,
fig. U , a, &