
#T% A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
duire jufqu’à fon terme, en fe fervant d’un nomhre de maçhi-
lies mues par lè v en t, comme on le pratique fort utilement en
Hollande. Je ne m’arrête point à expliquer ces fortes de machi.-
ries, parce que nous lés avons détaillées, article 8 5 6 & fui-
vant, dans le fécond volume de la première partie de cet .ouvrage,
11 eft bon d’bbferver que quand les prairies font bordées de
coteaux, de bonnes terres labourables, toutes les eaux de
pluies qui en proviennent Sç qui inonderaient ces prairies
pendant une partie de l’hyver , faute de pouvoir s’écouler affez
promptement , font plus avantageufes que préjudiciables ,
quand les inondations ne viennent point immédiatement après
la coupe des foins, parce qu’elles y dépofent un excellent limon
imprégné de tous les tels provenans des mêmes coteaux,
qui ëievent infenfiblement le bas, aux dépends des parties fupér
Heures. C ’eft le cas où fe trouve la vafte prair je baignée par la
rivière d’Oife en Picardie,
En obfervant la conduite que nous venons de prefcrire, on,
parviendra à bonifier en peu de rems tous les terreins aquatiques;
&lo rfqu ’ils feront une fois en état de culture , on ne tardera
point à être bien dédommagé des avances qu’on aura
été obligé de faire , qui fe réduiront toujours à peu de chofe,
eu égara aux avantages qui en réfulteront, C ’eft en s’y prenant
de la forte qu’on eft parvenu en Italie, à rendre fertile une partie
du Maritouan, du Ferrarez & de la Lombardie, qui ne Té-
toit pas auparavant,
Ce queîes Romains ont fait de plus mémorable en ce genre,
eft d’avoir entrepris , du tems de Claudiüs, de deffécherle lac
Fujîn, où ils ont employé trente mille hommes pendant douze
ans, à percer une montagne de rochers pour y faire paffer un
canal de trois mille pas de longueur , qui devoir conduire les
eaux de ce lac dans le Tibre.
CHA PITRE
c h a p . X IV . d e s C a n a u x d ’a r r o s a g e . ‘47 i
C H A P I T R E X I V .
De s canaux d’arrofage pour fertilifer un pays aride.'
1 1 9 1 . 1 1 es Egyptiens font les plus anciens peuples que Ton
connoilfe qui aient fait ufage des canaux pour fertilifer leurs
campagnes, & donner lieu au Nil de fe répandre dans les
droits, les plus éloignés. Lorfqu’il s’en eft rencontré de trop
éminens pour que les eaux puffent les baigner, ils ont employé
des machines pour les élever, principalement la vis
d’Archimede, que l’on prétend que ce grand homme imagina
dans un voyage qu’il fit en Egypte. Le Nil a cela de merveilleux
, qu’au lieu que les autres fleuves emportent le fuc des terres
en les inondant, cëlui-ci au contraire , par un précieux limon
qu’il entraîne avec lu i, les engrailfe & les fertilife de telle
forte qu’il fuffit pour réparer les forces que la moiffon précédente
leur a fait perdre. Auffi-tôt que le Nil eft retiré, le. laboureur
ne fait que retourner la terre en y mêlant un peu de fable
pour en diminuer la force , enfuite il la feme, .& deux mois
après elle fe trouve toute couverte de grains & de légumes; de
forte que dans le cours de Tannée la même terre porte quatre
efpeces de fruits différens.
Le Nil prenant fa fource dans le royaume de Goiame en
AbiJJinie, fes accroilfemens viennent de ce que traverfant l’Ethiopie
, où il pleut annuellement depuis, le mois d’avril jufqu’à
la fin d’a oût, çe fleuve qui en reçoit les eaux les apporte en
Egypte, où il ne pleut prefque point. Il commence à croître depuis
la fin de juin, & continue jufqu’à la fin de feptembre; alors
il celle de groffir & va toujours en diminuant pendant les mois
d’o&obre & de novembre, après quoi il rentre dans fon lit &
prend fon cours ordinaire. Obfervations que les voyageurs modernes
ont trouvé alfez conformes à ce que les anciens auteurs
en ont écrit. Ce qu’il y a d’admirable, eft de voir que pendant
les; quatre mois qui fui vent celui de juin, les vents du nord-
eft fouillent régulièrement, & repouffent l’eau du Nil qui s'écoulerait
trop vite à la mer.
Comme la chaleur du foleil eft extrême en Egypte, l’humidité
que le Nil a caufée à la terre feroit bientôt delfécbée, fans
Partie I L Tome I I . O o o
Des canaux
dyarrofage qui
font en Egypte.
Extrait
de L’hijloire
ancienne de
Mt RoLlin.