
C H A P I T R E N E U V I E M E .
Comprenant une description détaillée des machines pour approfondir
les ports de mer, principalement de celle qui
ejl employée à Toulon.
L e port de
Toulon efi auf-
f i propre à fer-
vir d’ exemple
pour les travaux
qui f e
fon t dans la
Méditerranée,
que celui de
Dunkerque Va
été a l ’égard
de ceux faits
dans rOeéan•
PI. XX, XXI
XXII &
XXIII.
Defcription
de la machine
en ufage à
Toulon pour
curer 6» approfondir
le port.
8 06. A yant fait mention en plufieurs endroits de cet ou-
-^Xvrage, des machines à creufer les ports de mer, u
convient d’en domier connolffance avant que de pafferaux chapitres
fuivans, dont elles faciliteront l’intelligence. Comme nous
avons choifi Dunkerque pour exemple des travaux qui le tant
dans les ports de l’Océan, de même nous allons avoir «cours
à T o u lo n , par rapport à ceux qui font affeftes à la Mediterranée
en commençant par la machine dont on y tait u âge
pour approfondir dans la mer ; on la trouvera fi nettement
devéloppée fur les planches indiquées ic i, qu’aide de 1 explication
que nous en allons faire, non-feulement on jugera de Ion
effet, mais on pourra même la conftruire fans d autres fecours
que celui du devis que nous en donnons.
807. Cette machine confifte, i° . en un ponton de cinquante-
trois pieds de longueur de l’étrave à l’étambot, fur dix-huit
pieds & demi de largeur au milieu, & quatre & demi de creux;
20. en deux roues, dont la première a vingt-deux^ pieds oc
demi de diamètre, & la fécondé douze feulement; 3 . en deux
cuillieres A , B qui creufent le fond & fe remphffent alternativement
de vafe ou de Cible, à l’aide des roues precedentes
que des matelots font tourner tantôt d’un fens oc tantôt dun
autre oppofé, comme on le va voir. , „ ,
A leffieu de la grande roue font attachées deux chaînes de
fer C E , & F paffant fur les roues des bojfotrs ou grues C f ;
de-là elles vont aboutir aux cuillieres qu’elles font manoeuvrer,
obfervant que la chaîne C E palfe deffous l’effieu, & que 1 autre
F G palTe deffus, afin que quand l’une s’allonge & hie, 1 autre
fe raccourciffe; ainfi alternativement, félon le cote vers lequel
la grande roue tourne pour obliger une de ces cuillieres de
monter, tandis que l’autre defeend. C ’eft à quoi contribue
anffi la petite lo u e , moyennant deux cordes Z Y , M J , 110
Char.IX. des Machines poür les Ports de Mer. i 57
mées tire-arrieres, qui font fur fon effieu le même effet que les
chaînes fur le leur, mais d’une maniéré toute oppofée, comme
il eft aifé de le remarquer dans le plan à vue d’oifeau & dans
l’élévation,où l’on voit que chaque cuilliere eft attachée à un long
manche MN qui s’appuie tantôt contre le rouleau H , & tantôt
contre l’autre I , fans pouvoir s’écarter de cô té , parce qu’il
eft renfermé dans le chafîis K L , où il agit delà maniéréfuivante.
808. Les matelots faifant tourner les deux roues enfemble
du fens où l’on voit qu’ils agiffent dans la figure, la chaîne AF G
fe bande en fe roulant fur fon effieu, tandis que le tire-arriere
DS mollit en filant de deffus le fien. Alors un mouffe placé en
R faifit cette corde & l’entortille â un taquet répondant au poteau
qu’il embraffe, afin d’empêcher que la cuilliere, au lieu de
mordre fur le fond, ne faffe qu’y gliffer en fe renverfant: à quoi
s’oppofe auffi le patron Q , direfteur de la machine, qui tient en
main une corde OHP nommée carguiere, attachée au manche
NM; de-là elle paffe fur le rouleau H, au-deffous duquel ce patron
l’entortille à un taquet P pour la laiffer filer peu à peu en la
tirant à lui, afin d’obliger la cuilliere A de s’enfoncer, à mefure
qu’en labourant elle fe remplit par l’action que la grande roue
continue de lui donner ; de fon côté le mouffe R lâche la corde
qu’il tient, afin de laiffer cheminer la cuilliere, dont le manche
fe redreffe infenfiblement jufqu’à la verticale, après quoi il
tombe fur l’autre rouleau I. Auffi-tôt le patron lâche la carguiere
qu’il tenoit & paffe en T pour y attendre que la cuilliere A ait
pris la fituation où fe trouve repréfentée aftuellement l’autre
B , afin d’en ouvrir la porte, ce qu’il fait en prenant en main la
gaffe X , pour lever avec le croc le loquet qui la tenoit fermée;
alors les matières tombent dans un bateau nommé bitte ou fa -
loppe, que l’on a fait palier deffous ; enfuite il referme cette
porte, en la pouffant avec la pointe de la gaffe. Cette opération
faite, les matelots qui étoient placés en.T paffent en V , pour
faire tourner les roues d’un fens oppofé au précédent, ce qui
.ne peut arriver que la chaîne F G ne s’allonge pour laiffer def-
cendre la cuilliere qu’on a vuidé, & que la corde DS ne l’attire
à foi à mefure qu’elle file fur fon effieu; au contraire l’autre
Z Y fe déroule tandis que la chaîne C E fe raccourcit, afin
d’obliger la cuilliere B-de prendre la fituation où paroît la première
A ; ainfi elle fe remplit à fon tour par une manoeuvre
toute femblable à la précédente : ce que l’une & l’autre font
alternativement, en fuivant les deux mouv.emens contraires
qu’on donne aux roues.
Expofé de
la méchaniqut
de cette machine
lorfqu’ elle
travaille.
PL. XX.