
'doits un gros
tems, à là pro ■
fondeur de 12
à \ s pieds au-
dejfous de lu
furfaee.
Manière de
faire un bon
emploi des pierres
pour compo-
fer un enrochement
Jolide.
172 A rchitecture Hydrauliqu e , L ivre III.
elles ; la première efpece fera compofée des blocs de rocher
dont nous venons de faire mention , qui peuvent feuls
fervir par leur amas à former une contre-jettee, lorfqu’on peut
en avoir en quantité fuffifante ; la fécondé , de pierres qui feront
d’un volume beaucoup moindre; & enfin la troifieme de
celles qui vont immédiatement après ces dernieres. On jugera
de la pofition qui leur convient le mieux , dès qu’on fera prévenu
qu’à la profondeur de 12 à 15 pieds au-deffous de la fur-
face de la m er, elle n’y eft que peu agitée, même dans un gros
tems, fon calme allant toujours en augmentant jufqu’au fond ;
de forte qu’à vingt-quatre ou vingt-cinq pieds , l’expérience
montre que les plus petites pierres qu’on y a noyé ne changent
pas de fituation. Il réfulte de-là qu’à cette profondeur on
peut commencer l’enrochement avec les pierres de la derniere
efpece, & le continuer de même jufques environ à la hauteur de
douze pieds, enfuite employer les moyennes par gradation &
répandre les gros blocs fur lé talud expofé à la mer du large, en
les pofant fur la face qui peut leur donner le plus d’affiette, de
maniéré qu’ils s’engrainent & s’accrochent en liaifon le plus
qu’il eft poflïble, à quoi leur irrégularité fert merveilleufement
quand le travail eft fait avec attention. On employé s’il le faut
des plongeurs intelligens, & cela dans un tems calme, où l’on
diftingue fenfiblement les objets noyés à huit & dix pieds de
profondeur, qui eft celle fur laquelle la mer eft le plus agitée ,
par conféquent où il importe davantage de fe fortifier contre
fes effets.
8 2 3. Ceci bien entendu, l’on commence le travail par un premier
lit de pierres de médiocre groffeur j dont les plus fortes
doivent être mifes le long des bords,par où il faut débuter en les
rangeant près-à-près, enfuite on en jette d’autres dans toutl’ef-
pace renfermé par le cordon que formeront les précédentes,
rempliffant de recoupes, cailloux & gravier tous les vuides qui
feront reftés ; en forte que fur l’eftimation de la charge de trois
bateaux, on en emploiera une de cailloux & gros gravier fur
deux de pierre. On peut même, quand la côte eft abondante en
huîtres,en répandre le plus qu’on pourra dans le corps de la jettée,
parce qu’elles s’y multiplieront au point de ne plus laiffer aucun
vuide. On continuera de même de lit en lit , en obfervant 1 °. de
les rétrécir fucceflivement pour former les retraites qui doivent
donner lieu au talud ; 2°.de pofer toujours les plus groffes pierres
vers les bords, principalement po ur celui qui aura le plus
àfouffrir; 30. de difpofer ces mêmes pierres de maniéré quelles
préfentent en dehors leur plus petite face, comme font les bou-
tiffes dans la maçonnerie. Cette manoeuvre fera répétée jufqu’à
trois pieds au-deffous de la fuperficie du niveau des mortes
eaux; car s’il étoit queftion d’une contre-jettée, il ferait nuifible
de l’élever davantage, parce que les vagues venant du large en
frapperaient le fommet avec tant d’impétuofité quelles l’au-
roient bientôt détruite, au lieu qu’il faut quelles viennent feulement
febriferpar-delïùs, ce qui arrive quand 011 les flatte pour
ainfi dire fans s’y oppofer direâement ; pour cela il faut donner
un peu de talud au fommet de la jettée , afin de leur offrir un
plan incliné compofé des plus groffes pierres de la fécondé efpece,
toutes pofées en boutiffes, qui fe maintiendront d’autant
mieux que l’on aura eu plus d’attention à les garantir par la
bonnne difpofition des blocs de rocher placés en avant, qui empêcheront
que la lame ne puiffe fapper les derniers lits. Je
paffe fous filence une infinité d’autres fujettiôns également ef-‘
fentielles pour la folidité de l’ouvrage, parce qu’un peu d’expérience
en apprendra plus que tout ce que je pourrais ajouter
ici.
824. Comme à mefure qu’on forme les lits de pierre , la
mer les couvre de fon limon & d’une quantité innombrable de
petits coquillages qui s’y attachent volontiers, fans parler du
fable qu’elle, dépofe dans leurs interftices ; toutes ces chofes enr
femble donnent lieu à une concrétion qui fait qu’au bout de
quelque tems les pierres fe trouvent unies les unes aux autres,
de maniéré à ne plus former enfemble qu’un feul corps,comme
la maçonnerie; c’eft de quoi l’on a un nombre d’exemples. En
dernier lieu, à la barre de Bayonne , ori a eu toutes les peines,
du monde à détruire quelques bouts de digues faites anciennement
à pierres perdues ; on les trouva aulii indiffolubles que fi
elles avoient été liées avec le meilleur ciment. On remarqua,
en les détachant,que la principale caufe de leur union étoit
un limon noir & gluant, mêlé de petits coquillages & de goémon
, dont les fels s’accrochoient vraifemblablement à ceux de
la pierre , ce qui arrive fur-tout quand elle eft un peu fpon-
gieufe. 1
825. Lorfque l’enrochement doit fervir de bafe à un mote
elevé en maçonnerie, il faut, quand on fera à cinq ou fix pieds
au-deffous de la fuperficie de l’eau , avoir attention d’arranger
les pierres avec plus de foin que jamais, d’en bien rem-
Z/ lim o n &
les'^coquillages
que là mer dJ-
po/e dans Us
vuides que
laijfent les pierres
, font• que
dans la fu ite
des tems elles
f e lient de la
maniéré la plus
folide.
I l fa u t ,après
avoir forme' un
enrochement Je.
°r repofer
pendant un an3