Inconvénient
•à prévoir pour
■ n'être point -
■ trop incommodé
des crues-
d'eau f dans le
cours de la
conjlrufliop
d'un épi.
3 10 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e IV.
à découvert, parce qu’à cette profondeur il n’eft' plus poffible
de faire des tunes bien réglées. Il convient dans cettte occafion
de fe retirer un peu en arriéré du premier allignement, pour
prendre quelque retraite fur L’ancien travail ; car quoique ces
fortes d’ouvrages faits à plufieurs reprifes ne vaillent pas à beaucoup
près ceux que l’on fait de fuite, à caufe du peu de liai—
fon qu’ils prennent, cependant en leur donnant des retraites &
en les chargeant bien de gravier , ils ne laiffent pas de .devenir
allez folides.
Quand l’épi touche au fond fans avoir été affez 'élevé au-deffus
de l’eau, il arrive quelquefois qu’un débordement fait paffer
un courant derrière l’ouvrage, & mine le terrein peu-à-peu, tant
parles côtés que parle fond , ce qui met l’épi.en danger d’être
Jappé & renverfé tout-à-fait.
Pour prévenir cet-inconvénient,il faut, quand l’épi eft une fois
à fond., .le tenir toujours trois ou quatre pieds au-deffus de
l ’eau , alors il ne courera plus le même rifque ; il ne faut point
trop ie charger fans le pouffer en avant, parce que cela fatigue
beaucoup l’enracinement qu’on met par-là en danger
de fe rompre. J’ai dit ailleurs ce qu’il falloir obferver pour éviter
cet accident ; il n’eft pas moins dangereux de le pouffer
trop v ite , de crainte de l’expofer. à être emporté, ou fubmergé
par quelque-débordement. Il eft delà,prudence de celui qui gouverne
l’ouvrage de s’informer du tems auquel, ces fortes de crues
arrivent le plus communément, afin de s’y conformer, pour
■ commencer plutôt ou plus tard. Il faut auffine point -difçonti-
•nuer l’ouvrage qui eft commencé tâcherdele mettre à-fond
.quand on a à craindre le mauvais tems, en le pouffant en avant
le plus.vivement qu’il eft poffible, obfervant cependant les réglés
.générales qnon vient de prefcrire.
1046. Quand il y a apparence de mauvais .temsftuivi de crues,
<on doit planter de diftance à autre,fur toute la longueur du parement
de l’ouvrage, des piquets de repaire de-fept à huit pieds
de hauteur, fervant à montrer le premier allignement en cas
-que l’épi fe.fubmerge, & à faire connoître jufqu’où il avoit été
■ pouffé, afin d’être guidé pour faire-une nouvelle fondation s’il
en eft befoin.
Les tunes s’enfoncent quelquefois un peu dans beau avant
-qu’on ait eu le tems de les charger de gravier ; il faut en ce
ca s, pour éviter un plus grand fubmergement & ne pas mettre
d’épi en danger de s’enfoncer davantage, fe contenter de remplir
1 'C h a p . I I .d e l a c o n s t r u c . d e s E p is d e f a s c in a e . 3 1 1
plir de fafcines les intervalles des clayonnages , & refaire de
nouvelles tunes pardeffus , dont la tête de chaque fafcine appuiera
contre le clayonnage ; par ce moyen il ne reliera aucun
vuide, & l’épi fe foutenant fur l’eau , on continuera à l’ordinaire.
Enfin, il arrive quelquefois qu’on n’a pu charger de gravier les
deux ou trois premières tunes au-deffus de la fondation : c’eft un
défaut effentiel qu’on tâchera d’éviter. Cependant quandiln’aura
pas .été.poffible de faire autrement, on doit y remédier auffi-tôt
.que l’épi eft à fond , en chargeant les autres tunes confidérable-
;ment, pour ferrer davantage celles de deffous.
Voilà les réglés principales qu’on doit fuivre pour conftruire
les épis & leur donner la.folidité dont ils ont befoin ; c’eft à quoi
l’on parviendra,en joignant au difçours précédent la recherche
des rapports qu’ont .entr’eEes les figures que.je donne , pour
en faciliter l’intelligence., parce qu’enfuite un peu de pratique
fuppléera à ce que j’ai pu obmettre. Quant à plufieurs autres
moyens fimples, connus de tout le monde , de réparer & de
conferver les bords des petites rivières, je ne m’y arrête point,
ayant encore tant de fujets importans à traiter dans ce volume ,
.que je fuis dans la néceffité de paffer fous filençe ceux qui nié«
>rjt,ept moins d’attention.