
fl. XXXIV.
On peutquoique
le foffé de
la demi - lune
J oit inonde ,
mettre à fec le
fond de la ca-
poniere , pour
y placer des
troupes de ré-
ferve : les
flancs des réduits
font que
Vennemi fera
obligé de prendre
trois demi-
lune^ au lieu
d’une.
D e quelle ma-
. niere on peut
inonder telles
parties que
Von voudra du
grand foffé ,
en maint enent
les autres à
fcc.
168 A r c h it e c tu r e Hy d r a u l iq u e , L iv r e III.
qu’à la derniere extrémité, mais de revenir reprendre l’ouvrage
& en chaffer l’ennemi, comme on l’a fait en tant d’occafions
glorieufes, où les places fe font bien défendues. Ç ’eft afin de
procurer à la garnifon le même avantage, que je n’ai compofé
ce réduit que d’un fimple mur crénelé de fix pieds au fommet
fans parapet de terre, pour n’en point trop diminuer la capacité;
d’ailleurs comme il fe rencontre ici autant de difficulté à y faire
breche que s’il avoit plus d’épaiffeur & qu’on y eft bien à couvert
, je n’ai point héfité d’en ufer ainfi.
972. Pouvant arriver que le fond de la caponiere deviendrait
fort utile à placer du monde deftiné à foutenir ceux qui voudraient
fortir du réduit pour des coups de vigueur, on pourra,
quand on le voudra, la maintenir à fe c , quoique le folié de la
demi-lune relie inondé , en ménageant à l’entrée de la poterne
des couliffes pour former un batardeau dont l’exécution ne demandera
que trois ou quatre heures au plus ; alors ouvrant l’é-
clufe M , les eaux incommodes s’écouleront.
On remarquera que ce qu’ôn vient de dire de la demi-lune
1 7 , peut également s’appliquer aux deux autres 11 & 24, que
l’ennemi fera auffi dans la néceffité de prendre, s’il a fixé fes attaques
aux battions 12 & 20,ne le pouvant qu’après s’être mis
en poffeffion des réduits 10 ,16 & 23 ;laraifon eft que chacun
de leurs flancs fe trouve percé de deux embrafures pour placer
autant de pièces de canon deftinées à battre de revers les troupes
logées furies breches , fans que jamais l’affiégeant puilfe
éteindre le feu des quatre pièces dont l’accès de chacun de ces
battions fera défendu, parce que ces pièces ne peuvent être ap-
perçues de dehors.
973. Je n’entre point dans le détail des forties & de toutes
les chicanes que l’affiégé peut faire dans un folié fec, fous la
prote&ion du feu de la caponiere, pour s’oppofer aux étabüffe-
mens que l’ennemi voudra faire. Je répéterai feulement que c’eft
ici que la garnifon a plus d’intérêt que jamais de faire fauter les
batteries du chemin couvert, d’en attirer le canon dans les baf-
tions & de déblayer, par l’effet des fourneaux ménagés au pied
de leurs faces, les décombres des breches, pour ôter tout moyen
d’y monter.
Suppofant que l’ennemi a renverfé le revêtement de la con-
trefcarpe, afin de battre le rempart auffi bas qu’il le faut pour
n’avoir plus d’efcarpement qui l’arrête, & qu’il fe trouve en état
de monter à l’affaut; c’eft alors qu’il convient de faire ufage des
C h ap.XIII. d e l ’u sa g e de s e a u x a l a g u e r r e . 269
eaux pour reculer de nouveau fes progrès, mais avec tant d’économie,
qu’on foit toujoursàportéedeluioppoferunefource
inépuifable de difficultés. [
Si l’on fe rappelle que nous avons fuppofé des batardeaux à
éclufes placés aux endroits I , L , N , R , venant à les ouvrir
auffi bien que les autres F, K , P, il fuffira de tenir fermée celle
qui eft en X pour inonder les foffés / ,m ,n ,0 , p , q , & maintenir
à fec les autres adjacentes ï k & r f , félon qu’on le jugera
convenable ; enlùite on pourra , en fermant les mêmes éclufes
F, I , L , N , R , & en ouvrant les autres P, X , S , faire écouler
les eaux qui font aux gorges des tenailles, pour ne conferver
que celle qui eft en avant, afin d’avoir la liberté d’agir dans le
foffé précédent.
974. On pourra de même mettre à fec le grand foffé, par
une manoeuvre toute femblable, afin de pouvoir faire de nouvelles
forties , & donner après cela des chaffes d’eau dans le
même foffé par une voie différente de la précédente. Elle fe réduit
à remplir d’eau les efpaces ik & c r f , de même que l’intérieur
F, K , P, V , en tenant fermées les éclufes I, L , N, R , T ,
enfuite à faire pendant la nuit des coupures dans les parapets des
caponieres 9 , 15 & 2 2, par lefquelles les eaux venant à s’échapper
, formeront des torrens qui couleront à grands flots
de toutes parts vers les arrondiffements m & p pour y fubmer-
ger & entraîner tout ce que les eaux rencontreront ; ce que
l’on répétera autant de fois que l’on voudra, en faifant évacuer
les précédentes, pour recommencer le même effet.
O n obfervera que quoique l’ennemi ait du canon fur la con-
trefcarpe pour battre les flancs, il ne peut en faire ufage contre
les caponieres , parce qu’étant comprifes entre deux parapets
en glacis G C , G D , dont je fuppofe la pente imperceptible ju f
qu’à la rencontre de la ligne A B prolongée, les boulets n’y
pourront mordre, fur-tout étant tirés de haut en bas ; ils feront
un ricochet qui les releveraen l’air, de-là ils iront du côté oppofé
à la batterie, & feront moins de tort à l’affiégé qu’à l’affiégeant,
dont ils tourmenteront les ailes de l’attaque. Comme on peut
fermer le foffé de chaque demi-lùne par de femblables parapets
, qui tiendront lieu des batardeaux que nous avons fiip-
pofé répondre aux épaules, l’ennemi fera également privé de les
ruiner, par conféquent d’interrompre la manoeuvre des eaux :
fans compter qu’on épargnera la maçonnerie qu’il faudroit pour
ces batardeaux. L ’affiégé a d’autant plus d’intérêt de pouvoir
Comment on
peut évacûer'3
tes eaux des
parties qu’on
aura inondéesy
enfuite lâcher
des torrens capables
de retarder
plus
que tout le
refie Les progrès
de l’affiè-
géant.