
Des arroftiges.
qui fe font
en Italie, dans
le Dauphine »
Provenez >
>474 A rchitecture Hydraulique , L ivr e fV.
le fecours des canaux & réfervoirs dont elle ell toute remplie^,
parce que les faignées que l’on a foin d’y faire fougpiffent abon--
damment de l’eau pour arrofer les campagnes ; par-là on a
trouvé le moyen de faire d’un terrein naturellement fec & fa-
blonneux, celui du monde le-plus gras & le plus-fertile,'
1193. Les peuples d’Italie, à l’imitation des Egyptiens, ont
acquis beaucoup d’induftrie pour arrofer leurs campagnes, fur-
tout celles qui font voifînes des montagnes, parce qu’elles four-
niffent des fources abondantes,dont il ne s’agit plus que de ménager
le cours des eaux, en les foutenant à une hauteur convenable
au chemin qu’on veut quelles faffent. En France, les
habitans du Dauphiné, ceux,de Provence & du Rouffillon, ont
auffi acquis beaucoup de connoilfances pour les bien ménager ;
ce n’eft pas que prefque dans tous les pays du monde, il ne fe
rencontre des propriétaires-qui creufent des petits canaux pour
arrofer leurs prés fitués dans des lieux bas. Ce îfeft point de ces
canaux-là dont nous allons parler, mais de ceux qui fe font aux
frais des habitans d’une certaine étendue-de pays, parce qu’en
établilfant des maximes,générales, on en pourra déduire celles
qu’il faudra fuivre pour fintérêt des particuliers.-
Suppofant que l’on ait un fleuve, plus élevé que les- campagnes
que l’on veut arrofer, fans fe mettre en peine de la dilfance ,
pourvu quelle ne foit point exceflive, & qu’il ne fe rencontre
point en chemin d’obftacle infurmontable pouf la'conduite des
eaux que l’on veut dériver, on choifira, en remontant ce fleuve,
le point d’élévation le plus propre pour la naiffance du canal,
afin de conduire les eaux au terme le plus éloigné du précédent,
en donnant à ce canal une pente &. une largeur proportionnéea
fon ufage : ce que l’infpeftion des lieux peut feule déterminer,
moyennant des plans relatifs-à des nivellemens-exafts.
Comme'ce canal doit être accompagné dé plufiéurs branches
qui fourniront de l’eau àdes rigoles d arrofage, on lui fait fuivre
les coteaux par lefquels on peut en foutenir la hauteur, en lui
donnant une pente qui maintienne toujours les eaux à une élévation
plus grande que celle qu’aura le fleuve , à mefure qu’il
s’éloigne de l’endroit où fe fera fait la prife des eaux. Je veux
dire , par exemple, que fi le lit de ce fleuve avoit une ligne de
pente par toile courante,-n’en donnant que la moitié à celui du
canal, ce dernier fe trouvera à la diftanoe de deux cens toifes
plus élevé de huit pouces quatre lignes, que le niveau des eaux
du premier ,,pris à la même diffance ; fur quoi on obfervera que
C h a p . X IV . d e s C a n a u x d ’a r r o s a g e .' 473
les rivières les plus rapides n’ont guere dans leur cours uniforme
que deux lignes par toife de pente, ou feize pouces huit lignes
par cent toifes, & que quand elles en ont davantage elles font
regardées comme des torrens. On n’aura donc plus qu’à examiner
quel canton l’on peut arrofer le long du canal, obfervant
de l’élargir à proportion du chemin qu’on lui fera faire & de la
pente qu’on lui donnera, n’oubliant point que l’eau augmente
de volttme à proportion de la pente qu’on lui ôte ( articles 983
& 984 ) ; c’eft-à-dire , par exemple , que fi on la diminue de
moitié, l’eau en ira moins vite, mais elle augmentera fa hauteur
d’environ moitié ; c’eft à quoi l’on doit bien prendre garde, de
. crainte d’en attirer plus qu’on n’en voudroit, ou de n’en avoir
pas fuffifamment.
Pour en juger il fuffira de favoir la quantité de pays qui peut
en profiter, & faire convenir les particuliers de ce que chacun
d’eux doit contribuer pour le dédommagement des terres
qu’occupera le canal, à proportion de l’avantage, qu’ils en pourront
tirer : ce que l’on faura après avoir déterminé le prix de -
l’arrofage d’un arpent fur celui de la dépenfe totale-de l’entre-
prife,
' 1 1 9 4 . Il faut commencer par lever une carte du terrein, l’accompagner
des nivellemens " néceffaires , dont les principaux
points feront marqués- à demeure fur les lieux mêmes, par des
repaires que l’on puilfe retrouver dans le tems de l’exécution,
afin qu’ils fervent à régler la conduite de ceux qui feront chargés
de l’ouvrage ; on fe conformera d’ailleurs à ce qui a été en-
feigne dans le chapitre feptieme de ce quatrième livre , fur ce
qui pourra avoir rapport à l’exécution du projet d’arrofage.
On doit préparer la fiiperficie du terrein qu’on veut arrofer,
& s’accommoder à la figure du pays & aux finuofités où il faudra
affujettir le canal, de maniéré que les eaux puiffent fe répandre
par-tout dans les branches néceffaires aux héritages ; on ouvre
& l’on ferme ces branches ou canaux particuliers, par des petites
éclufes à vannes, qu’on place auffi d’efpace en efpace pour faciliter
les diftributions qu!on fait le plus fouvent par de petite?
bufes, où il ne peut paffer que la quantité d'eau qui doit appartenir
à chacun. Rien de mieux entendu que ce que j’ai, vu
exécuté à ce fujet dans les cantons Suiffes & en Provence. Il
faut fur toute chofe donner aux branches que l’on tirera du grand
canal, & aux rigoles qui partiront de ces branches,. des largeurs
& profondeurs proportionnées à la quantité d’eau qu’on y fera
O o o ij
Maximes
fu r la maniéré
de former les
projets qui appartiennent
aux canaux
d’arrofage.