
148 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
que celle d’oueft étoit devenue inacceffible, par les forts; dont
nous venons de parler. Ainfi pour faire régner 1 équilibré dans,
la défenfe, le roi-ordonna en 1701 la conftruclion du fort
blanc, qui fut auffi nommé le petit risban, fitué à l’e ft, à cent
toifes en-deçà de la laiffe de baffe mer, à fix cens cinquante
toifes de la place, & à-peu-près à la même diftance du fort vert.
En effet, la guerre qui fe déclara alors aufujet de lafucceflion d’Ef-
pagne rendoit Dunkerque plus important que jamais aux intérêts
de la France : c’eft ce qui porta Louis le Grand à ne rien épargner
pour achever de mettre cette place dans l’état le plus ref-
peftable, comme nous l’avons expliqué dans le fécond chapitre
du-volume précédent ( art. 5 5 & fuivans ),
Je paffe fous filence les précautions qui furent prifes pour
garantir le pied de ce nouveau fort des dommages que la
mer pouvoir lui caufer, puifqu’on a fuivi en tout point ce qui
avoit été pratiqué en fondant le risban ; ainfi je me bornerai a
une fimple defcription de ce fort. Son plan montre qu’on lui
avoit donné à-peu-près la forme de celui de bonne-efpérance,
pour qu’il pût préfenter fur un même front, du côte de larade ,
une batterie de 12 à 13 pièces de gros canon, fans parler de fix
autres qu’on pourroit placer à fa gorge pour en défendre l’accès
& prendre des revers fur le front de Nieuport , 1e long de
l’eilran.
D 'fc ip t ie n 7 9 7 . L a foubafe de ce fort ayant été élevée à trois pieds au-
de c i f o r t , , deffus des plus hautes marées , on pratiqua à 15 pieds au-def-
avec f s prïn- pus j e frjj retraite 3 la pQrte d’entrée A dans, le flanc gauche de la
p r ' U i c F . . gorge, parce que regardant la ville il étoit moins découvert que
l’autre. A cette hauteur, on fonda en même tems fur le remblai
qu’on avoit fait à mefure que le revêtement s’élevoit, des
fouterrainsàlepreuve de la bombe,confiftant, au paffage AB
de la porte pour joindre l’efcalier B CD par où l’on montoit fur
la plate-forme, en un grand corps-de-garde E , un entrepôt F
pour les munitions de guerre & de bouche, un magafin à poudre
G , une cafmate H répondant à une embrafure I pour loger
unepiece de canon, une citerne , dont l’entree etoit dans
un coinYdu rempart. Ces fouterreins étoient éclairés par quatre
£g. 1,3 crénaux Kfervantà découvrir ce qui fepaffoitfur l’eftran , qui
étoit le chemin qu’on fuivoit pour communiquer à la ville dans
le tems de la baffe mer , parce qu’ùn ne pouvoit, quand elle
étoit haute,s’y rendre par bateaux, qui fe fùffent brifés en arrivant
près. du. fort..
Au-deffus étoit le logement ordinaire du pofte, ayant un petit
magafin L , une chambre M pour les canoniers, une autre N
pour les officiers , un corps-de-garde O pour les foldats, où
étoit un poêle, enfin des latrines P ménagées au - deffus d’un
des égouts. Aux deux côtés de ce bâtiment étoit une plateforme
Q un peu fupérieure à celle du fort, répondant aux em-
brafures V & T qui défendoient la gorge, indépendamment de
trois autres X qù’on tenoit mafquées pour ne s’en fervir que
dans le cas d’une attaque au front de la place du côté de Nieuport.
Au furplus, il y avoit derrière le bâtiment un chemin de;
ronde ou belvedere S , où l’on montoit par les rampes R ,
A l’égard de la plate-forme Z , elle étoit compofée d’un nombre
fuffifant de gîtes ou lambourdes de 18 pieds de longueur fur fix
& huit pouces de groffeur, fervant à recevoir un bordage de 5-
pouces. attaché avec des clous de fept à huit pouces ; chaque
i embrafure accompagnée d’un heurtoir de dix & douze pouces
iréquariffage. Quant à la figure première de cette planche,
ainfi que celle quijeft défignée par Z , on fe rappellera qu’elles-
ont été expliquées en parlant des jettées de Dunkerque ,
( art. 738 ) , que par conféquent elles n’ont rien de commun-
avec ce que nous traitons préfentement.
79 8 .V e rs l’an 1710, environ 25 ans. après qu’on eut bâti les
forts de charpente qui étoient à la tête des jettées, ils étoient
devenus fujets à des réparations fi fréquentes & fi difpendieu-.
fes, que le roi avoit formé le deffein de les faire renouveller en
maçonnerie ; ce qui fut arrivé aufli-tôt après la paix, fi la démolition
du port rien étoit devenue la fatale fuite. Comme le projet
qui fut fait pour celui de bonne-efpérance nous fournit un-
nouvel exemple de ce que l’on peut fuivre de mieux en pareil
c a s , je l’ai rapporté fur la planche X V I I , dont voici l’explication.
Les figures relatives à ce projet ayant ici la mêmfe échelle,
il a fallu, pour les comprendre fur une feule planche, ne rapporter
qu’une partie du plan répondant aux bâtimens qui font à la'
gorge ; cependant on jugera aifément du tout en confidérant
celui du fort blanc, auquel il devoit être femblable, mais beaucoup
plus grand; car il auroit eu fur fa bafe cinquante toifes de
front, de l’eft à l’ôueft, & vingt.de largeur prife perpendiculairement
fur le milieu de la courtine de fa gorge, au lieu, que ce-*
lui de bonne-efpérance riavoit que vingt-huit toifes dans le;
premier fens, & douze dans le fécond-
PI. XVI.
% 4-
Defcription
d’un fort de
maçonnerie
qui avoit été-
projette pour
être c on f r u i t
en la place de
celui de charpente
qu'on'
nommoit de
bonne -• efpé»-
rance.. il, xvir.
fig. I-ft-fc 3,