
fu r les avantages
que la
France retirerait
d*un port
bâti à la Hou-
gue.
Situation de
Grand v ille ,
avec la def-
cription des
travaux qu’on
y fa it actuellement
pour
en bonifier le
port.
PI. V.
68 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III..
riferoit beaucoup le commerce ; il ferait d’autant plus utile, que’
la rade du Havre n’étant pas sûre, 8c l’entrée de fou port étant
fouvent embarraffée par le gallet que la mer détache des fakifes
de la haute Normandie, on pourrait réferver ce dernier uniquement
pour le commerce , 6c transférer fa marine dans, le pré-
cèdent, où les vaiffeaux feraient plus eommodément-qtfen tout
autre endroit de la côte. Le port de Cherbourg 8c celui de Grand-
ville , peuvent encore fervir d’afyle au commerce, 8c arme»
beaucoup de corfaires qui protégeraient notre navigation,. &-
affoibliroient celle des ennemis , lorfque la guerre leur permet
de fe prévaloir de l’heureufe fituation- de leurs ports.-
872. Comme des exemples tels que les deux précédens font
proprés à fournir des idées dans le cas où il- s’agirait de fup-
pléer par l’art à ce que la nature aura refùfé, foit pour mettre
à couvert une rade qui ne l’eft po in t, ou pour former un-
port qu’il faut garantir des dommages que -les courans peuvent
caufer, en voici un troifieme tiré du projet qui. s’exécute
actuellement à- Grandville,
Cette ville, bâtie fur un rocher, formant une prefqu’ifle ef-
carpée, qui tient au continent par une illhme fort étroite entre
Coutance 8c le mont S. Michel, a fon port au midi. On doit
l’enfermer dans une nouvelle enceinte A B CD E FG ,, qui deviendra
dans la fuite une ville baffe au pied de l’efearpement
A H L , fans parler de l’aggrandiffement dont la haute eft fufeep-
tible, en occupant le relie de la prefqu’ifle. Les habitans de
Grandville nés laborieux, 8c fort portés pour le commerce
maritime , ont travaillé long-îems par eux-mêmes à couvrir
leur p o r t, 8c n’ont rien épargné pour le mettre en valeur par-
la fabrique d’un grand nombre de gros navires- ; mais ne pouvant
les y retenir fans être battus des vents de S. 8c de S.. O ,
le roi touché de leur émulation, a ordonné qu’on exécutât
le projet qu’on rapporte ici. Sa partie la plus effentielle ell le
mole détaché Q R , répondant à un rocher fur lequel fera élevé
le fort O P Q , l’un 8c l’autre pour couvrir l’entrée de ce p o r t,
8c le garantir des affablemens,comme àCivita-Vecehia. Comme
la mer y monte de 30 à 36 pieds au tems des vives-eaux, mais
feulement de 1 o à 11 dans les quadratures, on fe propofe
d’approfondir ce terrein depuis le mole jufqu’au fond au por t,
pour qu’alors il ait 16 à 17 pieds d’eau ; 8c afin de pouvoir tenir
toujours à flot une quantité de frégates, le deffein eft d’accompagner
ce port d’un baffin qui aura à fon entrée une éclufc S ,
C h a p .I I I .D e s p o r t s é t a b l i s p a r l e s m o d e r n e s . <>9
& en dehors une digue IK LM , pour former une retenue defti-
née à recevoir les eaux de la riviere du Bofq êc celle de la
mer afin de curer ce port 8c fon baffin, moyennant d’autres
éclufes ménagées dans le front G F E , comme à Cherbourg ,
article 5 27, .
673. Pour juger du mérite de ce projet, eu égard au cours
des marées, l’on faura qu’au commencement du flot il vient
le long de la côte dè l’oueft du côté du nord de la prefqu’ifle,
paflfe au-devant de fa tête,. 8c de-là donne directement dans le
fond de la baye du mont S. Michel , cfoù étant renvoyé il circule
autour du rivage , 8c fe rend au port de Grandville, en fe
choquant contre ceux qui continuent leur route vers la même
baye , ce qui fe paffe de la forte jufqu’à la pleine m er, tems
auquel les eaux relient dans une efpece d’équilibre ; mais dès que
l’ebe eft v enu , le courant reprend fa derniere détermination ,
paffe dans le p o r t, circule autour de la tête de l’ifthme, 8c retourne
d’où il étoit parti ; de forte qu’en fe retirant il facilite k
fortie du port par le paffage d’oueft S. O .
A l’égard de 1a maniéré de gagner ce por t, Fon peut y entrer
à mi-flot à 1a faveur du courant qui porte dans 1a b a y e , parce
que l’eau qui vient du large refferrant celle qui avoifine le rivage,
on n’a point de peine à gouverner pour arriver au paffage D R
de l’eft. Au furplus le remouX qui contourne aujourd’hui le
p o r t, fe trouvant arrêté par 1a digue LM qui ferme la retenue,
prendra indubitablement fa direffion entre le mole 8c les têtes
C D , 8c nettoyera ce paffage de tout embarras.-
Il n’eft pas douteux que ce port, étant perfeâionne, ne foit
fort commode 8c d’une extrême utilité ; mais fon- défaut fera
toujours de n’avoir point de rade à portée, 8c d’être obligé
d’aller mouiller à Cancale , ïorfqu’on y eft forcé par lés tempêtes
, à moins qu’on ne profite du flot pour entrer dans le port.-
. 674. Après les heureux empkcemens que les anciens ont ftï
choifir dans la Méditerranée- pour l’étâbliffemênt de leur marine,
il n’y a point de,côte en Europe' qui èrt préfente Un plus
grandnombre cFexcelIens , que Celle d’Angleterre pour contenir
des armées : navales. Les illes 8c caps qui s’y rencontrent les
abrient parfaitement; telles fontentr’autres les rades de Port-
land, Vaymout, T o rb a y e , PortfmOuth 8c Plimouth, où l’on
peut faire des arméniens confidérables, prêts à fortir & entrer en
tout tems, 1a mer y laiffant après fon reflux allez d’eau pour
Obfervation
fu r le , cour*
des marées qui
facilitent l ’ en-
trée 6* la fortie
Au port de
Grandville•
Heüreufe
difpofitibn des
cote st£ Angleterre
par rapport
à la ma—'
rine.