
D e s aqueduc-
ponts , fur
lefquels pajfe
le canal j b des
autres aqueducs
àfiphon,
qvipajfent def-
fous le même
canal , pour
empêcher qu'il
ne. f e comble
par le limon
q iii charrient
leseauZtfran-
gérés.
364 A r c h it e c tu r e Hy d r a u l iq u e , L iv r e IV.
tain fur un article auffi effentiel, moyennant le réfervoir de S.
Fariol, le plus grand & le plus magnifique ouvrage qui ait été
exécuté parles modernes.
Ce réfervoir eft pratiqué dans un vallon où coule la riviere
de Laudot, entre deux montagnes que l’on a joint, du côté le
plus bas, par une forte digue de trois cent foix ante-quatorze toifes
de longueur, pour foutenir les eaux fur l’étendue d’environ
cent trente arpens de fuperficie & de cent pieds de hauteur
dans la partie la plus profonde, qui donne un million de toifes
cubes d’eau. Elles font raffemblées par une rigole de fix grandes
lieues de longueur, nommée rigole de la montagne, par ce qu’elle
reçoit ce que fourniffent plufieurs petites rivières & ruilfeaux
qui partent de la montagne Noire , & que d’ailleurs elle paffe
par un acqueduc de foixante toifes de longueur fous la mon-
tagne d’Efcama^e, qui a été percée à cette occafion.
Les eaux de ce réfervoir fe lâchent par de gros robinets de
cuivre placés au fond, c’eft-à-dire à cent pieds au-deffous de
leur fuperficie : on y communique par des galeries voûtées ,
pratiquées dans l’épailfeur de la digue. Ces eaux viennent fe
rendre dans l’ancien lit de la riviere de Laudot, qui les conduit
près de l’endroit nommé Pont de Crouffel, au-deffous de
Reve l, ou elles font reçues, ainfi que celles de la petite riviere
de S o n , dans la rigole nommée de la Plaine, ayant huit lieues
de longueur, qui les conduit jufques dans le baflin de No-
roufe, d’où elles fortent pardes épanchoirs pour fe rendre dans
le bout de canal qui fait aujourd’hui le point de partage, après
avoir parcouru plus de quatorze lieues de pays, depuis la montagne
Noire.
1089. Comme dans le tems de la conftruûion du canal
royal, il-’a fallu traverfer un grand nombre de rivières & de ruif-
feaux qui fe font rencontrés fur fon paffage, on ne trouva point
alors d’autre expédient que de les y faire entrer & de ménager
des déverfoirs de fuperficie pour leur écoulement, afin de
maintenir toujours les eaux à une profondeur convenable à la
navigation ; bien loin de regarder ces eaux étrangères comme
incommodes, elles furent confidérées au contraire propres à remplacer
celles qu’on devoit s’attendre de perdre par les évaporations.
Au bout de quelques années on reconnut l’erreur où l’on
étoit tombé à cet égard, parce que le limon qu’elles dépofoient
dans le canal, en élevoit le fond avec tant de progrès, qu’on.eut
lieu d’appréhender qu’il ne reliât pas long-tems navigable : ce
C h a t . V . d e s C a n a u x e x é c u t é s v a r l e s m o d e r n e s . 365
qui fut arrivé en effet, fi M. le maréchal de Vauban n’avoit trouvé
le moyen de féparer les eaux étrangères de celles qui étoient
propres au canal, afin de n’en laiffer entrer que la quantité
que l’on voudroit, & quand on le voudroit : c’ell à quoi il eft
parvenu par les contrefoffés qu’il fit ereufer , & les aqueducs
de maçonnerie dont il donna les deffeins. On en rencontre quarante
cinq qui font de deux efpeces ; la première en comprend
fix que l’on nomme aqueduc-ponts : ils font elevés par arcades
au-deffus defquelles paffe le canal, pour laiffer aux rivières qui
le trav.erfent .la liberté de couler par-deffous. Les plus beaux
font ceux de Repude, de C'effe , de Trebes ou de Treboul ; les
trente-neuf autres qui compofent la fécondé efpece, & qui font
faits en fiphon, paflent d’un contrefoffé à l’autre, fous le lit du
canal, pour l’écoulement des eaux : on a fait en même tems
des petites éclufes pour mettre â fec les parties du canal qui fe
trouveroient dans lecas d’avoir befoin d’être réparées.Enfin l’on
peut dire que M. le maréchal de Vauban a eu la gloire de
mettre ce fameux canal dans la perfeâion où il eft aujourd’hui;
canal que toutes les nations regardent comme au-deffus de ce
qu’a jamais préfenté l’architeâure hydraulique, & qui fait le
bonheur d’une des plus belles provinces de France, qui voit
paffer chez elle & tranfporterdes marchandifes de l’une à l’autré
mer, en évitant le grand circuit des côtes d’Efpagne par le détroit
de Gibraltar, fans parler de la traite des bleds & des vins
que le haut & bas Languedoc fe communiquent réciproquement
, ni de l’argent que les étrangers qui fe fervent de cette
v o ie , laiffent dans le pays.
1090. Outre ce canal il y en a encore divers autres en Languedoc
, qui communiquent aux villes voifines de la mer; celui
de Grave eft navigable jufqu’à Montpellier, & communique
aux étangs & àlamer parla riviere d eZ e j; celui deLunelaboutit
pareillement aux étangs ; ceux de la Radelle, de Bourgogne &
de Silvejlal, communiquent d'Aiguemorte au Rhône , aux
étangs & à la mer. Le canal de la Nouvelle traverfe les étangs
de Salces, de la Palme, de Sigeau , depuis le voifinage de Perpignan
j ufqu’à Narbonne, d’où il eft continué par la riviere d’Aur
de à une lieue du grand canal. Ainfi ces differens canaux faci;
litent la communication depuis l’embouchure du Rhône jufqu’à
Perpignan & à l’O céan, fans que les marchandifes courent les
rifques de la mer.
1091 .De tous les canaux de navigation qu’on voit en France,
Z z iij
Dénombrement
de plufieurs
autres
canaux faits
en Languedoc,
depuis la confi
truêlion de cer
lui de la jonction
des deux
mers.