
Or-jcrîni des
Qàrthaginois.
Leur accroif-
jentent & leur
pjliffanci.
36 A rchitecture. Hyd raul iq u e , l ivre Iîl..
vrages. auffi prodigieux & aufli bien entendus , ayant fervi da
modales, aux fiecles fuivans pour tout ce qui a été exécuté dei
propre à la marine , de forte qu’on peut les regarder comme
les créateurs de cette partie de l’architeâure hydraulique, qu’ils
paroiffenravoir poffédée parfaitement; c’eft pourquoi il étoit bien
jufte d’en faire une mention particulière, de même que des autres
ports anciens, qui.ont été conftruits à l’imitation du précédent
, ne pouvant douter que leur defcription ne foit très-propre
»fournir de grandes idées pour former des projets de conféquen-
ce. D ’ailleurs, il y a une forte d’érudition relative à chaque état,
qu’on ne peut ignorer fans une efpece de démérite ; ainfi je ne
crains point que ceux qui liront ce chapitre & le fuivant, dans
la vue. qui me les ont fait écrire, les regardent comme déplacés ,
puifqu’ils y trouverontune infinité de chofes inftruâives & inté-!
refilantes, qui n’ont pas laifle de coûter à réunir.dans une narra--
tjpn auffi courte.-.
6 1 -j. Carthage, fondée en-Afrique par une colonie Tyrienne,
environ cent ans avant que Rome fut bâtie, & huit cens qua-r
rante-fix ans avant J.efus-Chrifl, ne borna pas long-tems fes conquêtes
à celles qu’elle fit d’abord dans fon voifinage. Cette ville
ambitieufe, les étendit bientôt au dehors, parvint à s’emparer,
des ifles & d’une partie des côtes de la Méditerranée, pnncipa-?
lement de celles de.l’Efpagne, où. elle établit une fameufe colo- -
nie qui bâtit Carthage la neuve. Demeurée maîtreffe de la
mer pendant plus de fiXiCens ans, elle fe fit une domination >.
qui la mit en état de difputer Jong-tems à Rome, même l ’empire
du monde. Le commerce l’éleva à un fi haut, degré de puif-r
fance,.qu’il. fallut .à.fa fuperb,e rivale, deux guerres .cruell.es &
douteufes, l’une de 23 ans, & l’autre de 1 7 , pour que Rome
enfin triomphante, lui ôtât les reffources qu’elle tiroit du com? -
merce. qui l’avoit fi long-tems foutenu contre fes. fiers tnne-r
mis.
618. La fituatiom deCarthage étoit bien plus avantageufe en- -
cote pour le commerce que celle de T y r ; également diftante j
de toutes les .-parties,de la. Méditerranée, vers le. milieu de la 1
côte d’Afrique la plus avancée à la m er, au .fond d’une grande
b'aye en face du. Tibre &-.de Rome,; tout concourut à rendre a
fon port le .plus célébré du monde. Cette.baye, qu'iva en fergr
courbant vers l’oueft., comprend au, fond de ion nord-eft,,
une prefquifle qui s’étend d u fud au nord , & répond à la
îerre.ferme par un ifthme de peu d e largeur. Sur le rivage à .1
'chat. II. D es to r t s -établis par- les ancien«. 37-
L’eft de cet ifthme , fe- trouve une efpece d’arriere-petit golfe,
d’une-ouverture fort étroite, qu’on nomme aujourd’hui la gou-
lette, & a u fond duquel eft la ville de Tunis,.élevée après lamine
de Carthage ; & de l’autre côté à l’oueft, eft l’embouchure,
de-la riyiete de Bagrada; c’eft fur,cette prefquifle qu’étoit bâtie»
Carthage, qui en occupoit toute la capacité. -
Des deux anfraûuofités que cette péninfule formoit dans lau
baye, celle d’oueft avoit été choifiepourle grand port, àcaufe
d’une langue de terre, recourbée, partant de la péninfule, Sa
qui formoit avec elle un vafte baffin où les navires étoient parfaitement,
abriés. de tous-les, vents. Il fe rencontrait auffi du
même côté-une petite ifle de figureprefque ovale, nommée Co-
thon, qui Liftant entre elle & la ville un bras de mer, fut jugée
propre, à former un magnifique por t, uniquement deftine
aux vaiffeaux de guerre. Pour cela on en rétrécit les. deux extrémités
par-des moles, de maniéré àmelaiffer de part & d'autre*.,
qu’une entrée de largeur fuffifante au paflfage des.navires. Unà
haute muraille élevée fur les., moles à chaque bout duport ,.
dèroboit à la vue des marchands étrangers ce qui s’y paffoit, ne.
ppuvant pon plus.être apperçu de la ville, dont.il étoit féparê
par l’enceinte,en dehors de laquelle,on avoit ménagé le long :
du rivage un efgacê aflez grand pour y. bâtir dés magafins 8é
des logemens pour les foldats. deftinés à la garde du p o r t, ,8c.
auffi pour les nautoniers , afin qu’ils n’euffént rien de commun
avec l’intérieur de la v ille .,
6 19. L ’ifle .Cothon étoit occupée par l’arcenal de la marine ; • mfcnpùm
fon. circuit d’environ-4000 toiles , revêtu des plus, belles pier- * ¥&• Cires
, comprenoit de diftance en diftance du côté de l’eft, des
loges voûtées pour mettre à couvert des ardeurs du foleil deux
cens vingt des. plus forts vaiffeaux qui fe fiffent alors.. L ’entrée
die ces loges étoit décorée de riches Colonnes de marbre del’Or-
dre loniqu e , & au-deffus fe trou voient des. magafins pour y. ré-1
tirer les agrès de tout ce qui convenait, à l ’équipage de chaqua
vaiflfeau. Dëuxfuperbes portiques.terminoient cette ifle par les--
deux bouts; fon- pourtour bordé de magnifiques quais, compte- -
nott les bàtimens defhnes à loger les officiers de la' marine j-ÿ
les écoles où s’inftruifoient les pilotes & ,autres élèves.,- qui dévoient
commander la manoeuvre. On y voy.oit auffi des ca- -
relies & des chantiers .pour la conltruflion & le radoub dés vaifi •
féaux; en un mot, toutes.les commodités imaginables. Au m t-
lieu. de cette ifle étoit le palais de l’amiral, . allez élevé pour ;'