
178 A rchitecture Hydraulique , L ivr e ni.
Idée générale
de la ma-
niere d’établir
dans la mer ,
avec de la maçonnerie
de béton
t les fon-
demens d'un
fort y d'un fanal
y ou d'une
jettée.
S E C T I O N I I .
D e la maniéré Remployer le beum pour les fondations faites au
fo n d de tenu fans batardeaux ni épuifemens.
812. Pour préparer Mûrit de ceux qui n’ont nulle connoif-
fance des travaux dont il va être queftion, nous commencerons
par leur en donner une légère idee, afin qu’ils Tentent mieux la
néceffité de toutes les chofes qui doivent y concourir, que nous
rapporterons .enfuite dans l’ordre qui leur conviendra le mieux.
<jn fuppofe qu’il s’agit d’établir dans la mer, a la profondeur
de quinze, vingt, & jufqu’à vingt-cinq pieds , les fondemens
d’un fort ou d’une jettée , en commençant parle pourtour de
l’ouvrage, fans fe mettre en peine de fon terre-plein, quel on t a -
mera enfuite àloifir en rempliffant de toutes fortes de matériaux
l’efpace qu’on aura embraffé; c’eft-a-dire que les fondemens
dont il s’agit ne doivent régner que fous le mur d enceinte
feulement, ne leur donnant qu’une épaiffeur proportionnée a la
profondeur de l’eau, le parement intérieur eleve a plomb , 1 extérieur
ayant un talud d’un cinquième ou dun fixieme de la
hauteur, comme pour les revêtemens ordinaires, afin de ne
point augmenter la dépenfe & le travail fans necelüte.
L’ouvrage ayant été tracé avec des bouees, comme il elt
dit (art. 819), & garanti des fureurs de la mer par une con-
trejettée que l’on aura fait provifionnellement,fi elle a ete jugee
néceffaire, on commence par faire un coffre avec des pilots ,
palplanches, ventrieres, &c. comme s’il s’agiffoit de former un
batardeau, dans le goût de celui que nous avons explique (article
2 1 9 ) , avec cette différence qu’on ne le confirait point en
entier, comme s’il falloit mettre à fec l’efpace quil renferme ,
parce qu’ilfuffit de ne l’entreprendre que par parties; & au beu
de le remplir avec de la terre glaife on le fait avec du mortier
de béton mêlé de pierres qui occupent fuccefllvement la place
de l’eau. Comme pour les batardeaux pareils a celui que nous
venons de citer, il faut que le maflif foit enracine de quelques
pieds au-deffous du fond de l’eau, l’on en ufe de meme à 1 egard
des fondemens que l’on veut élever,en creu-ant une tranchée; ce
qui fe fait par le moyen d’une machine à cuilliere P°lee lur le
fommet du coffre, & que l’on promenne le long de 1 ouvrage
»
C h a p . X . d e s F o n d a t io n s a p ie r r e s p e r d u e s . 179
à mefure quelle a enlevé la vafe jufqu’au bon fond, que l’on
rencontre ordinairement en mer à peu de profondeur; mais s’il
étoit fort bas , on prendrait les précautions dont on a coutume
d’ufer dans les circonftances ordinaires.
Cette préparation étant achevée, on éleve la maçonnerie, en
faifant fucceflivement des lits de mortier de béton femé de
pierres, pour en remplir le coffre jufqu a la hauteur des mortes
eaux ; cependant comme en plongeant ce mortier il perdrait
beaucoup de fa qualité, fi en tombant il avoit à traverfer une
grande hauteur a’eau qui en détacherait la meilleure partie de
la chaux, on a trouvé le moyen, à l’aide d’une autre machine,
de le defcendre jufqu’auprès du fon d , fans aucune altération'.
Ce font toutes ces chofes que nous allons détailler jufques dans
leur moindre circonftance, en commençant par ce qui appartient
aux coffres ; elles en méritent d'autant plus la peine
quelles font moins connues, & que nous fuppofons toujours
parler à des perfonnes peu inftruites.
833. Quoique le coffre pour contenir la maçonnerie dont il
s’agit foit des plus {impies, nous n’avons pas laiffé d’en rapporter
les pièces principales à l’occafion de la machine précédente,
en la repréfentant dans la pofition où elle fe trouve quand
on en fait ufage. Mais pour ne parler préfentement que de ce
coffre, on en jugera par fon profil compris dans la figure quatrième
de la planche X X II I , où l’on fuppofe que la ligne AB
marque la hauteur des vives eaux, & la ligne C D le fond de la
mer : que les pilots AB appartiennent aux rangées que l’on a
battu de droite & de gauche pour former l’eneaiffement fur une
longueur de dix ou douze toifes feulement, pour n’embraffer
d’ouvrage que celui qu’on peut faire dans un tems limité & p ra -
pre à une pareille entreprife; qu’ils ont été coëffês d’un chapeau
D , qu’on y a attaché-les ventrieres fupérieüres E , & fufpendu
les inférieures G à l’aide des étriers attachés en H , pourSoutenir
les palplanches F qui compofent le coffre,fui les bords duquel
font pofés deux madriers O fervant de plate-forme aux rouleaux
R> qui portent la machine pour plonger le béton; que la
ligne I-K marque le fond de la tranchée qu’on a creufe au-
deffous du lit CD de la mer ; & qu’enfin ILM K comprend le
béton mêlé de pierres noyées en commençant la fondation.
On peut, pour plus d’intelligence, confidérer la figure trùi-
fieme de la planche X X V I , qui montre à vue d’oifeau le coffre
Z ij
Détail fur
la conftruBion
du coffre fervant
à recevoir
& à former la
maçonnerie de
béton%
PI. XXIII.
Fîg.4.